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Cancer de la peau

Crème solaire en hiver : “cela dépend surtout de la situation et de la personne”

Une médecin assure sur son compte Instagram que la crème solaire n’est que du “pur marketing” et qu’elle est inutile contre le cancer de la peau et les mélanomes... un avis loin d'être partagé par ses confrères.

Crème solaire en hiver : “cela dépend surtout de la situation et de la personne” ADragan/istock




L'ESSENTIEL
  • En moins de 30 ans, on estime que le nombre de cas de mélanomes a presque été multiplié par 5 en France.
  • Environ 80.000 cancers de la peau sont diagnostiqués chaque année en France. 7 sur 10 sont des carcinomes basocellulaires.
  • On comptait 15.500 cas de mélanomes cutanés et 1.980 décès liés à ce type de cancer de la peau en 2018.

Les réseaux sociaux recèlent d’astuces et de conseils santé. Certains sont bons, certains inoffensifs et d’autres problématiques. Une vidéo publiée fin janvier sur le compte du Docteur Sina Gombert, environ 35.000 followers, pose justement question.

La praticienne de Rennes qui indique privilégier la médecine fonctionnelle, assure à ses abonnés qu’il ne faut pas mettre de protection solaire en hiver car "c’est du pur marketing et il n’y a aucun bénéfice, voire le contraire". Un message dangereux selon les professionnels de santé alors que 80.000 cancers de la peau sont diagnostiqués en France chaque année.

Crème solaire en hiver : cela dépend de la situation

Interrogé par 20 minutes, le porte-parole de la Ligue contre le cancer Emmanuel Ricard met en garde : "Sur la vidéo, il y a du vrai et du faux qui cohabitent. Il y a beaucoup d’éléments vrais, mais des éléments laissent à interprétation."

La Dr Caroline Pombourcq le confirme à Pourquoi Docteur : "Il est nécessaire d’être prudent quant à la diffusion de ce type d'informations. Même s'il n’est en effet pas nécessaire de mettre de la crème solaire quotidiennement, cela dépend surtout de la situation et de la personne."

"Par exemple, en hiver, s’il y a un peu de soleil lors d’une balade en ville, il n’y en a pas vraiment besoin (sauf cas particulier propre à chacun). Par contre, lors d’un bain de soleil en terrasse toute une après-midi, même en hiver, c’est oui. Et à la montagne bien sûr, que le temps soit couvert ou ensoleillé, la crème solaire est une nécessité", ajoute la médecin. 

Exposition au soleil : attention à l’indice UV

Alors que la Dr Sina Gombert assure qu'une "exposition intelligente au soleil est protectrice des cancers", les rayonnements ultraviolets (UV) ont bien été identifiés comme l'un des principaux facteurs des cancers de la peau par le monde médical. "En atteignant la peau, les doses excessives d’UV agressent les cellules cutanées et peuvent provoquer des lésions de l'ADN des cellules exposées et entraîner des cancers de la peau", explique l’Institut national du cancer. D’ailleurs, plus de 80 % des cas sont liés à une exposition excessive et non protégée au soleil.

Et si la lumière naturelle a bien des effets bénéfiques sur la santé - que cela soit sur le sommeil, le moral ou la production de vitamine C - la prudence reste de mise. Ce n’est finalement pas la saison qui doit conduire à décider si on doit se protéger, mais plutôt l’indice UV. À partir de 3, une protection est nécessaire. 

"Plus l'indice est élevé, plus il est important de se protéger du soleil, même quand il y a des nuages et du brouillard. En Europe, l’indice UV atteint généralement des niveaux de l'ordre de 7 ou 8 en été, ce qui correspond à un indice très fort, mais il peut dépasser 10 en haute montagne ou sous les tropiques, ce qui correspond à un indice extrême. De plus, la réverbération due aux surfaces claires (sable, eau, neige) augmente l'intensité du rayonnement", rappelle l’Institut national contre le cancer sur son site.

Cancer de la peau : les bons gestes de prévention solaire 

La crème solaire n’est pas la seule arme contre les effets nocifs des UV. D’autres précautions sont à prendre : 

  • Ne pas s'exposer ou alors rechercher l'ombre au maximum lorsque l’indice UV est important.
  • Éviter le soleil l’été durant les heures où les rayons solaires sont les plus intenses : entre 10h et 14h en Outre-mer et entre 12h et 16h en métropole.
  • En cas d'exposition, porter des vêtements couvrants et si possible anti-UV : privilégiez les vêtements longs et amples et n'oubliez pas le chapeau à bords larges ainsi qu’une paire de lunettes de soleil avec filtre anti-UV (norme CE, catégorie 3 ou 4).
  • Appliquer une crème solaire indice 50 anti-UV lors d’une exposition au soleil : toutes les 2h et après la baignade ou le sport sur les parties découvertes du corps.

Droit de réponse de Sina Gombert :

Cet article me met en cause, mais omet de m’interroger comme cela se pratique dans ce cas. Il se base sur une partie de mes posts sur les réseaux sociaux qui comprend une vidéo et des commentaires, mais sans tenir compte des nuances que j’apporte et des différentes sources scientifiques que je cite.
En aucun cas je n’évoque l’inutilité en général des produits solaires et, dans mes commentaires, j’apporte les mêmes précisions que Emmanuel Ricard, porte-parole de l’association de la Ligue contre le cancer, y compris sur les précautions à prendre pour les vacances au ski !
Le Dr Caroline Pombourcq, seule personne a priori réellement interrogée pour construire cet article, confirme d’ailleurs mes propos : "Par exemple, en hiver, s’il y a un peu de soleil lors d’une balade en ville, il n’y en a pas vraiment besoin (sauf cas particulier propre à chacun)"
Il s’agit bien des recommandations de l'OMS : une protection SPF est nécessaire à partir d'indice UV>3. Et en France métropolitaine l’hiver (hors cas particuliers comme la montagne ou parfois le sud de la France), l'indice UV en plein midi est rarement supérieur à 2 du fait de l’angle des rayons solaires à cette époque.
Lorsque j’assure qu'une "exposition intelligente au soleil est protectrice des cancers", je cite une partie de nombreuses sources scientifiques existantes à ce sujet, et j’apporte aussi des nuances quant à la durée et la période d’exposition. En aucun cas, je n'incite à une exposition excessive au soleil - au contraire je met en garde contre elle.
Enfin, mon propos sur le pur marketing des marques concerne leurs arguments qui poussent à utiliser des protections solaires tous les jours de l’année, y compris en hiver hors situations particulières à risque. De nombreuses crèmes solaires contenant des substances cancérigènes et perturbateurs endocriniens, il est nécessaire de toujours mesurer le bénéfice/risque et d’éviter les fameuses routines préconisées par ces marques.


Réponse de la rédaction Pourquoi docteur :

Nous rappelons que nous n’avons aucune obligation à interroger une personne qui met en ligne publiquement une vidéo sur les réseaux sociaux pour pouvoir en discuter. Notre journaliste a fait son travail avec sérieux et rigueur. La vidéo a été visionnée pour retranscrire les propos exacts tenus par Mme Gombert. En tant que média santé sérieux, il était de notre responsabilité de donner des nuances concernant de tels propos tenus sur la crème solaire, et d’expliquer clairement en quoi cette protection reste importante pour protéger sa peau, et ce, même en hiver dans certaines situations (ce qui n’était absolument pas précisé dans la vidéo visionnée par des milliers de personnes). À ce sujet, nous rappelons à nos lecteurs que, compte tenu de la situation mondiale concernant le dérèglement climatique, parler uniquement de saison pour justifier le port de crème solaire ou non commence à être dépassé. En effet, l’indice UV en hiver peut être supérieur à 2, notamment dans le Sud de la France, ce qui était le cas au moment de l’écriture de notre article où nous avons relevé un indice UV de 4 dans la région de Biarritz, pour ne donner que cet exemple.

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