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Développement cognitif

Cerveau : pourquoi la visio ne serait pas bonne pour les enfants et les adultes

Que cela soit dans nos vies personnelles ou professionnelles, les conversations en visio sont de plus en plus fréquentes. Toutefois, une étude internationale montre qu’elles auraient des conséquences néfastes sur le développement des capacités cognitives et sociales.

Cerveau : pourquoi la visio ne serait pas bonne pour les enfants et les adultes Doble-d/istock




L'ESSENTIEL
  • La zoom fatigue peut apparaître après plusieurs réunions et échanges en visioconférence au cours de la journée. Elle est susceptible de se traduire par de la fatigue, des maux de tête, une difficulté à se concentrer, une irritabilité ou encore des troubles musculosquelettiques.
  • Lors de cette étude, l'activité cérébrale des mamans et des enfants a été mesurée grâce à une technique appelée hyperscanning. Elle permet d'enregistrer l’activité cérébrale de différentes personnes en même temps.

FaceTime, WhatsApp, Skype, Zoom, Messenger… Il n’y a pas de doute, les services de visioconférence ont grandement facilité nos échanges, surtout depuis la pandémie de la Covid-19. Cependant, une équipe réunissant des scientifiques israéliens, finlandais, canadiens et américains a voulu déterminer si les visios pouvaient interférer avec le développement des compétences sociales et cognitives.

Développement cognitif : moins de synchronisation lors des visios

Pour répondre à cette question, les scientifiques ont comparé l’activité électrique des cerveaux de 62 mères et de leur enfant (âgé de 10 à 14 ans) pendant un échange en face-à-face par rapport à une communication à distance. Ils se sont particulièrement intéressés à leur synchronisation intercérébrale durant cette expérience. 

Il s’agit de la capacité des cerveaux humains à adopter des rythmes électriques de la même fréquence lorsqu’ils sont engagés dans une même interaction. "On associe la synchronisation intercérébrale au développement de la cognition sociale. Chez l’enfant, cette résonance entre les cerveaux permet d’apprendre à faire la distinction entre soi et autrui, d’apprendre le lien social", explique Guillaume Dumas de l’Université de Montréal et chercheur principal du Laboratoire de psychiatrie de précision et de physiologie sociale du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine. 

L’analyse des données des volontaires montre que les conversations en personne ont suscité neuf synchronisations intercérébrales significatives entre les zones frontale et temporale des cerveaux, alors que l’interaction à distance n’en a entraîné qu’une seule. "Si la synchronisation intercérébrale est perturbée, on peut s’attendre à des conséquences sur le développement cognitif de l’enfant, notamment pour ce qui est des mécanismes soutenant les interactions sociales. Et ces effets dureront toute la vie", conclut le chercheur dont les travaux sont parus dans la revue Neurolmage.

Des interrogations sur la numérisation des cours à l’école

Pour l’expert canadien, cette découverte soulève des questions sur le recours de plus en plus fréquent aux nouvelles technologies à l’école, en particulier pour les adolescents. "Je m’interroge sur la numérisation de l’éducation et les effets de la pandémie sur le développement de la cognition sociale des jeunes, dans un contexte où les rapports humains ont été fragmentés. C’est une question importante, mais aussi difficile à évaluer, sachant que ces effets se mesureront dans 10, 15 ou 20 ans", reconnaît le neuroscientifique Guillaume Dumas.

Et les adultes ne semblent pas protégés des effets néfastes des visioconférences. Les travaux pourraient aussi expliquer la "Zoom fatigue" ressentie par de nombreux salariés. "Comme les interactions en ligne produisent moins de synchronisation intercérébrale, il serait normal de sentir qu’il faut déployer plus d’efforts et d’énergie pour interagir, que ces interactions semblent plus laborieuses et moins naturelles", avance le scientifique.

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