"Un sommeil perturbé impliquant un éveil nocturne important entraîne un dérèglement cognitif et comportemental. Jusqu'à présent, la plupart des recherches ont uniquement examiné comment un sommeil fragmenté ou insuffisant affecte le fonctionnement du cerveau le lendemain", ont indiqué des chercheurs de l’université de l'Arizona. Dans une récente étude, parue dans la revue Frontiers in Network Psychology, les scientifiques ont mis en évidence les changements de cognition et de comportement qui se produisent lorsqu'une personne est éveillée après minuit.

Une "dysrégulation comportementale"

"Pendant la journée, les niveaux moléculaires, les activités neuronales et/ou la réactivité sont adaptés à notre comportement habituel, l'éveil, qui comprend l'activité locomotrice, l'alimentation, les interactions avec notre environnement et les personnes. Durant la nuit, ces paramètres sont adaptés à notre comportement habituel, à savoir le sommeil. Ainsi, si nous sommes éveillés à ces moments-là, la neurophysiologie est susceptible de favoriser une dysrégulation comportementale", ont expliqué les chercheurs.

Des comportements et des décisions à haut risque

En clair, lorsque les êtres humains sont éveillés pendant la nuit, des changements neurophysiologiques se produisent dans le cerveau. Ces modifications peuvent nous rendre plus susceptibles de voir le monde de façon négative, d'adopter des comportements impulsifs et de prendre des décisions à haut risque, tels qu’un suicide, une forte consommation d'alcool ou de dogues, une dépendance aux jeux d’argent ou encore des crimes violents.

Le fait de rester éveillé après minuit a également un impact sur nos choix alimentaires. Pendant la nuit, on recherche davantage de glucides, de lipides et d'aliments transformés et on ingère souvent plus de calories que nécessaire. D’après les auteurs, le corps produit également naturellement plus de dopamine la nuit, ce qui peut modifier le système de récompense et de motivation et augmenter la probabilité d'adopter un comportement à risque.

Le "cerveau ne fonctionne pas aussi bien que pendant la journée"

"Il y a des millions de personnes qui restent éveillés au milieu de la nuit, et il y a des preuves assez solides que leur cerveau ne fonctionne pas aussi bien que pendant la journée", a déclaré Elizabeth B. Klerman, auteure de l’étude, dans un communiqué. Elle a ajouté que ces résultats pouvaient avoir des répercussions importantes sur la qualité de vie et la santé des personnes qui doivent rester éveillées la nuit dans le cadre de leur travail, notamment les soignants, les pilotes, les policiers ou les pompiers. "Je plaide pour que davantage de recherches se penchent sur cette question, car leur santé et leur sécurité, ainsi que celles des autres, sont affectées."