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Enquête Que Choisir santé

Thyroïde : Les ablations sont inutiles dans 20 % des cas

L'UFC publie les chiffres du surtraitement des cancers de la thyroïde en France. Son ablation est aujourd’hui encore trop systématique, faisant courir inutilement des risques aux patients.

Thyroïde : Les ablations sont inutiles dans 20 % des cas Virginia Mayo/AP/SIPA




En France, on compte environ 40 000 ablations de la thyroïde tous les ans. « C'est trop ! », dénonce le Pr Martin Schlumberger, cancérologue à l'Institut Gustave-Roussy (94) dans les colonnes de Que Choisir Santé. En effet, dans son dernier numéro d'octobre, les enquêteurs de l'UFC publient les chiffres du surtraitement des cancers de la thyroïde en France. Et en appellent aux pouvoirs publics pour mettre fin à « ces excès de bistouris », qui font courir des risques inutiles aux patients.

1 opération sur 5 serait inutile
Si la mortalité liée aux cancers de la thyroïde est en baisse en France depuis 10 ans, le nombre de cas, lui, a été multiplié par 3 depuis 1990 (8 211 en 2012 contre 2 531 en 1990). Une recrudescence liée à la détection, nouvelle, de petits, voire d’infimes nodules (moins de 1 cm, voire 2 mm).
Or, ces petits nodules, même cancéreux, bien souvent n’évoluent pas. Ils ne devraient donc pas être retirés mais faire seulement l’objet d’une surveillance régulière.
Pourtant, aujourd'hui encore, les médecins opèrent trop souvent pour des nodules qui ne sont même pas cancéreux. Selon un rapport de l’Assurance maladie (1) mentionné par les enquêteurs de l'UFC, 21 % des ablations sont pratiquées pour des nodules en fait bénins.
De plus, parmi les nodules cancéreux, environ 40 % sont si petits et peu graves que l'on ne devrait pas les enlever tout de suite.
Conclusion de Que Choisir, « une ablation de la thyroïde sur cinq est inutile. »


Comment expliquer ce surtraitement ?

La principale explication du surtraitement français tient au fait que les examens préalables ne sont pas assez pratiqués, comme le déplorent d’éminents membres de la Société française d’endocrinologie dans le mensuel.
Une échographie de qualité alliée à une cytoponction (analyse des cellules prélevées) permettent d’estimer la nature du nodule : dans 65 % des cas, ils s’avèrent bénins. Or, une personne opérée sur 5 n’a pas eu d’échographie et 7 sur 10 n’ont pas eu de cytoponction.

Les risques du surtraitement sont loin d’être bénins
Opérer pour rien peut faire encourir des risques inutiles aux patients. Si les complications sont rares (moins de 1 %), elles existent : décès (19 cas en 2010), hématomes ou abcès pouvant nécessiter une nouvelle intervention, troubles de la voix, manque de calcium, cicatrice...
Mais surtout, après une ablation totale de la thyroïde, les malades doivent prendre un traitement de substitution (hormone thyroïdienne) dont ils ont besoin pour rester en vie.

L'UFC demande la bonne application des recommandations officielles
Au vu des surtraitements dénoncés en France, et des études scientifiques qui s’accumulent pour dénoncer la pratique excessive d’ablation de la thyroïde, « l’UFC-Que Choisir refuse la passivité des pouvoirs publics français » et propose de revoir le modèle existant. L'association de consommateurs demande d'une part à l’Assurance maladie, de porter publiquement ce problème de santé publique, notamment à travers une campagne de sensibilisation à destination de tous les patients. 
D'autre part, l'Union fédérale des consommateurs souhaite alerter la Haute Autorité de Santé sur l’urgence d’élaborer des recommandations étayées et actualisées à destination des médecins, et de mener une campagne de rappel des bonnes pratiques médicales concernant la prise en charge d’un nodule thyroïdien.

(1) Rapport Charges et produits de l'Assurance maladie de juillet 2013




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