En 2018, 228 millions de cas de paludisme et 405 000 décès ont été comptabilisés dans le monde, dont 67% concernaient des enfants de moins de 5 ans, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Si 94% des décès imputables à cette maladie se produisent en Afrique, le paludisme sévit dans 89 pays du monde, exposant les populations et les touristes à un risque accru d'infection. Quelles solutions thérapeutiques existent pour se prémunir ou traiter le paludisme ? Où en est la recherche dans sa compréhension de cette maladie ?
Nous savons que le paludisme (ou malaria) est une maladie infectieuse causée par des parasites du genre Plasmodium transmis à l'Homme lors d'une piqûre de moustique appartenant au genre Anopheles. Les symptômes sont divers, mais débutent généralement par une fièvre élevée s'accompagnant de maux de tête, de douleurs musculaires, d'une grande fatigue, d'une toux, de diarrhées et vomissements.
Un vaccin difficile à trouver
“Dans les régions où le paludisme est hautement endémique, une partie de la population est porteuse asymptomatique, explique l'Institut Pasteur. Suite à de nombreuses années d’infection chronique par le parasite, certains individus tolèrent sa présence et développent une immunité naturelle.” Cependant, pour beaucoup d'autres, les symptômes sont lourds, voire fatals.
Néanmoins, il n'existe à ce jour aucun vaccin contre le paludisme, notamment parce qu'au “cours de sa vie, le parasite passe successivement par plusieurs stades avec des phases d’intense multiplication asexuée chez l’homme (dans les cellules du foie — phase hépatique — puis dans les globules rouges du sang — phase érythrocytaire) et une phase de reproduction sexuée suivie de multiplication, chez l’insecte, détaille l'Institut Pasteur, où plusieurs études sont menées sur le sujet. Chaque stade se termine par la libération d’un parasite d’une forme différente, donc porteur d’antigènes différents et induisant des réponses immunitaires différentes, ce qui complique d’autant la recherche d’un vaccin.”
Plusieurs programmes de recherche en cours
La résistance des parasites à l'origine de la maladie est donc un obstacle pour les chercheurs, mais de nombreuses études continuent d'être menées partout dans le monde. En 2018, Microsoft avait annoncé son intention d'investir 4 millions de dollars pour réduire la propagation de la maladie en une génération. L'idée était de créer une armée de moustiques mâles génétiquement modifiés — sans danger pour les êtres humains — pour s'accoupler avec les moustiques femelles (qui sont les seules à piquer).
Une fois nées, leurs progénitures mouraient avant l'âge adulte grâce au gène modifié transmis par le moustique mâle. Il n'y aurait donc plus de femelles suceuses de sang et la recrudescence de la maladie diminuerait. Une expérience qui pose tout de même un problème d'éthique, notamment pour la protection de l'environnement et des espèces.
L’Institut Pasteur de son côté, fait partie du programme européen EVIMalaR, qui regroupe 17 instituts de recherche ou universités de 7 pays d’Europe et des partenaires dans 3 pays d’Afrique (Mali, Soudan, Ouganda). L’objectif est “d’approfondir les connaissances de base sur le parasite responsable du paludisme, les moustiques vecteurs, ainsi que sur la biologie des interactions entre différents hôtes (vecteurs et mammifères) et le parasite.”
“De nouveaux médicaments antiparasitaires sont en développement pour contrer les résistances qui pourraient apparaître, avance de son côté l'Inserm. Les chercheurs étudient en outre l’intérêt d’autres molécules qui, en association au traitement antipaludique proprement dit, pourraient aussi réduire la transmission du parasite à d’autres personnes par le biais des piqûres de moustique.”
Des traitements préventifs disponibles
Pour le moment, seules différentes molécules anti-paludiques peuvent être utilisées de façon préventive lors d’un voyage en zone endémique, comme la chloroquine (que le professeur Didier Raoult recommande dans le traitement du Covid-19) ou encore la quinine. “Le traitement préventif, toujours sur prescription médicale, est adapté aux zones visitées (risque, existence ou non de résistance), à la durée du voyage et bien sûr à la personne qui voyage (âge, antécédents médicaux, intolérance aux antipaludiques, possible interaction médicamenteuse, grossesse…)”, indique le gouvernement.
Toutefois, les médicaments anti-paludiques ne garantissent pas une protection absolue contre l'infection. En l'absence d'un vaccin, il est donc fortement recommandé de se protéger des piqûres de moustiques (moustiquaire, répulsif…).