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Royaume-Uni

Maladies cardiovasculaires et cancers en hausse après l'assouplissement des règles sur la teneur en sel

Au Royaume-Uni, après l'assouplissement des réglementations sur la teneur en sel dans les aliments manufacturés en 2011, les chercheurs ont observé une augmentation de 9 900 cas de maladies cardiovasculaires et de 1 500 cancers de l’estomac. 

Maladies cardiovasculaires et cancers en hausse après l'assouplissement des règles sur la teneur en sel artisteer/iStock




Depuis des années, les pouvoirs publics de nombreux pays occidentaux font la guerre au sel. Car sa consommation en excès est officiellement reconnue comme un facteur de risque d’hypertension artérielle, de maladies cardio-vasculaires et de cancer de l’estomac. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 2,5 millions de morts pourraient être évités chaque année si les adultes ramenaient tous leur consommation de sel à moins de 5 grammes par jour. Mais à échelle individuelle, force est de constater que nous contrôlons peu ce que nous mangeons vraiment. En effet, le sel que l’on ajoute nous-même dans notre alimentation compte pour seulement 1/5èmede nos apports quotidiens. Le reste provient de l’alimentation manufacturée. C’est donc la trop grande quantité de sel ajoutée dans les aliments ultra-transformés afin de leur donner plus de goût et d’augmenter leur durée de vie qui représente un risque.

En France, si les autorités sanitaires se fixent des objectifs de réduction de la consommation en sel, aucune législation ne contraint les industriels. Au Royaume-Uni, alors que le pays avait auparavant des mesures très strictes sur le sujet, depuis 2011 et l’assouplissement de la réglementation sur la teneur maximale en sel dans les aliments vendus en grande surface, les chercheurs ont observé une augmentation importante des maladies cardiovasculaires et des cancers de l’estomac. Les résultats de cette étude sont parus jeudi 18 juillet dans la revue Journal of Epidemiology and Community Health.

Des chercheurs du collège impérial de Londres et de l’Université de Liverpool se sont appuyés sur les données de l’Enquête nationale sur l'alimentation et la nutrition et d’enquêtes nationales sur le sel pour analyser l’évolution de la consommation quotidienne de la population anglaise sur 13 ans. Le but étant de comparer les effets sur la santé des changements de législation sur le sel dans l’industrie agroalimentaire.

Deux Britanniques sur trois consomment trop de sel 

Entre 2003 et 2010, l'Agence britannique des normes alimentaires (FSA) surveillait de près la teneur en sel des aliments et avait des accords d’objectifs de réduction avec les industriels (-10 à 20% dans 85% catégories). Ces réglementations étaient accompagnées de campagnes de santé publique expliquant comment réduire sa consommation de sel. Dans le même temps, le gouvernement menaçait régulièrement de prendre des mesures plus strictes, expliquent les chercheurs.

Toutefois, en 2011, cette politique a été remplacée par le Public Health Responsibility Deal. A partir de là, les industriels ont fixé leurs propres objectifs dans le cadre d'engagements volontaires et il leur était demandé de rendre compte de leurs progrès au ministère de la Santé. Mais ce nouveau système a manqué de suivi et de mesures solides, déplore le Dr Anthony Laverty, auteur principal de l’étude. Aussi, depuis 2011, la réduction annuelle de consommation de sel a ralenti à 0,11 g par jour pour les hommes et à 0,07 g par jour pour les femmes.

Aujourd’hui, si les pouvoirs publics britanniques conseillent aux adultes de ne pas manger plus de 6 g (l’équivalent d’une cuillère à thé) de sel par jour, ces derniers en consomment en moyenne 8 g quotidiennement. Ainsi, deux personnes sur trois consomment trop de sel. 

Ce changement de politique aurait généré une perte de 160 millions de pounds

Depuis 2011, les chercheurs ont découvert une augmentation de 9 900 cas de maladies cardiovasculaires et de 1 500 cancers de l’estomac. Et ces derniers pourraient être attribuables aux changements de politique, alertent-ils. Par ailleurs, les coûts de santé liés à l’augmentation des AVC, des infarctus et des cancers ainsi que la perte de productivité causée par l’absentéisme auraient fait perdre 160 millions de pounds au Royaume-Uni (l’équivalent de 178 millions d’euros) entre 2011 et 2017.

Si aucune mesure n’est prise rapidement, il y aura encore plus d’infarctus, d’AVC et de cas de cancers pourtant facilement évitables, mettent en garde les chercheurs. D’après leurs calculs, à ce rythme-là, 26 000 nouvelles maladies cardiovasculaires et 3 800 cas de cancers de l’estomac devraient être diagnostiqués entre 2019 et 2025. Soit un coût de 960 millions de pounds pour l’économie britannique.

"Il y a des preuves partout dans le monde que les approches obligatoires sont bien plus efficaces que la régulation autonome des industriels pour réduire le taux de sel et de sucre dans l’alimentation", insiste Laverty. "L’approche de la FSA était l’une des stratégies les plus solides à l’échelle internationale. Notre étude prouve que nous avons désormais besoin d’un programme tout aussi sérieux pour accélérer la baisse de la consommation de sel. Cela nécessitera des objectifs précis et des pénalités pour s’assurer que l’industrie agro-alimentaire réduise bien le taux de sel dans ses aliments. Des mesures plus souples pourraient entraîner des infarctus, des AVC et des cas de cancers", renchérit le Professeur Martin O'Flaherty, co-auteur de l’étude. 

La charcuterie, les plats cuisinés, les sauces et les condiments à éviter

En France, 35 000 décès sont imputables au sel chaque année. Alors que la consommation actuelle se situe aux environs de 10 grammes chez les hommes et 7 grammes chez les femmes, le Programme national nutrition santé vise une ingestion de sel inférieure à 8g/jour chez les hommes et à 6,5g/jour chez les femmes et les enfants.

D’après l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), les aliments qui apportent le plus de sel au quotidien sont : "le pain et les biscottes, la charcuterie (en particulier le saucisson et le jambon secs), les bouillons (légumes ou viandes), les produits de grignotage salés, les nouilles instantanées, les sauces et condiments, la morue et les anchois, les plats cuisinés, les fromages, les soupes et potages, ainsi que les quiches et pizzas".

"Compte tenu de l’impact insuffisant des démarches volontaires de réduction des teneurs en sel sur les apports en sel de la population, l’Agence a recommandé la mise en place d’actions complémentaires, le cas échéant réglementaires, afin d’augmenter à la fois le nombre de produits concernés et le niveau de réduction des teneurs en sel des aliments transformés", note l’Anses. En attendant, l'étiquetage nutritionnel Nutri-score, peut-être bientôt obligatoire sur tous les produits, fournit aux consommateurs une information utile sur leur teneur en sel et leur qualité globale.

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