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Santé sexuelle

Gonorrhée : une combinaison d’antibiotiques pour éliminer les souches résistantes

Alors que les cas de gonorrhées génitales "ultra-résistantes" se multiplient dans le monde, des chercheurs ont découvert qu’une combinaison de deux antibiotiques pourrait être une alternative efficace pour les patients qui ne répondent pas au traitement actuel.

Gonorrhée : une combinaison d’antibiotiques pour éliminer les souches résistantes Voyagerix/iStock




Une équipe de recherche des hôpitaux universitaires de Birmingham, en Angleterre, a peut-être trouvé une solution pour lutter contre les souches résistantes de la gonorrhée, une infection sexuellement transmissible dont la ceftriaxone, qui est actuellement le principal traitement antibiotique, s’avère de moins en moins efficace.

Dans un article publié dans The Lancet, les chercheurs affirment avoir découvert que la combinaison de deux antibiotiques, le gentamicine et l'azithromycine, s’avérait particulièrement efficace chez les patients qui ne répondent plus à la ceftriaxone, traitement actuellement donné en première intention.

Une infection de plus en plus résistante aux traitements

Aussi appelée blennorragie ou "gonococcie", la gonorrhée est une infection sexuellement transmissible (IST), liée à une infection bactérienne à Neisseria gonorrhea ou "gonocoque". S’attrapant uniquement par contact direct, cette infection peut, si elle est non traitée, provoquer des lésions cicatricielles de l’urètre ou "urétrite". Elle peut aussi toucher le col utérin, l’utérus, les trompes de Fallope, le petit-bassin et l’œil.

Si les antibiotiques sont encore efficaces contre la gonorrhée dans la majorité des cas, les scientifiques s’inquiètent de la multiplication des souches résistantes à la ceftriaxone. Des cas de gonorrhée résistante ont ainsi été constatés en Asie du Sud-Est et disséminés jusqu’en Europe, principalement à cause du tourisme sexuel.

Pour le professeur Jonathan Ross, investigateur en chef de l'essai de Birmingham, il était donc urgent de trouver un traitement antibiotique auquel la bactérie responsable de la gonorrhée n’a pas encore développé de résistance. "Notre essai a révélé que la gentamicine combinée à l'azithromycine fonctionne presque aussi bien que la ceftriaxone et l'azithromycine pour la gonorrhée génitale." Toutefois, précise-t-il, cette combinaison d’antibiotiques s’est avérée moins efficace contre les infections de la gorge et du rectum.

Un taux de guérison de 91%

Réalisé dans 14 cliniques de santé sexuelle en Angleterre, l’essai clinique a été réalisé auprès de 720 participants répartis au hasard pour recevoir soit des injections de gentamicine, soit le traitement actuel de la ceftriaxone par voie intraveineuse. Les deux groupes ont aussi reçu une dose unique d'azithromycine par voie orale.

Dans l'ensemble, 98 % des participants ayant reçu de la ceftriaxone ont vu leur gonorrhée guérie, contre 91% de ceux ayant reçu de la gentamicine, soit une différence de 7%.

Aussi, il est probable que les médecins continuent d’utiliser la ceftriaxone (plus l'azithromycine) en première intention. Toutefois, avec un taux de guérison de 94% sur la gonorrhée génitale, la gentamicine pourrait être utile lorsque le traitement à base de ceftriaxone n'est pas disponible ou efficace.

"Il est très inquiétant que des cas de gonorrhée résistante au traitement apparaissent maintenant dans le monde entier. Cette recherche fournit de nouvelles données importantes qui suggèrent que la gentamicine avec l'azithromycine pourrait devenir un traitement de deuxième intention pour les patients qui sont résistants à la ceftriaxone avec cette maladie infectieuse", explique le professeur Hywel Williams, directeur du Programme d'évaluation des technologies de la santé des INDH, qui a financé l'étude.

Un point de vue partagé par le Pr Jonathan Ross. "Nous croyons que la ceftriaxone devrait demeurer le traitement de première intention de la gonorrhée, la gentamicine étant une solution de rechange, en particulier pour les patients atteints d'infection génitale et ceux qui sont allergiques ou intolérants à la ceftriaxone". Mais, précise-t-il, "d'autres recherches sont nécessaires pour identifier et tester de nouvelles alternatives à la ceftriaxone pour le traitement de la gonorrhée".

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