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Acide urique

La goutte : encore vivante et toujours dangereuse

600 000 Français souffrent de la goutte, une maladie pas spécialement glamour, et qui ne touche pas que les gros. Mal traitée, elle reste une menace bien réelle, en particulier pour le cœur.

La goutte : encore vivante et toujours dangereuse Valentyn_Volkov/epictura




C’est le retour sournois d’une maladie que l’on croyait oubliée. Un des meilleurs spécialistes mondiaux est français. Le professeur Thomas Bardin, chef du service de rhumatologie de l’hôpital Lariboisière à Paris, se veut alarmiste. Selon lui, certes, la goutte se traite bien depuis que l’on dispose de plusieurs médicaments diminuant l’acide urique dans le sang. Elle est guérissable et ne devrait plus être qu’un mauvais souvenir. Mais elle n’a pas disparu, bien au contraire, elle fait même recette ! Car nos nouvelles habitudes alimentaires la rendent plus fréquente.

Un risque cardiovasculaire

La goutte devient une maladie d’autant plus grave qu’elle favorise l’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires. Selon le professeur Bardin, elle « pose un véritable problème de santé publique qui s’intègre dans les maladies liées à une mauvaise alimentation au même titre que l’obésité et le diabète ». La « reine des maladies » et le « mal des rois » ! Des surnoms donnés à l’époque où le peuple avait faim et où seuls les riches et les puissants pouvaient soi-disant en être victimes. La goutte a gardé cette image désuète de maladie causée par la bonne chère. Les fêtes de Noël ont sans doute rappelé cette triste vérité à bon nombre d’hommes mûrs, un peu enveloppés mais, si elle est aggravée par une mauvaise alimentation, elle touche en réalité toutes les catégories sociales.

Un dépôt d’acide urique

La goutte frappe lorsque l’on a dans le sang un excès d’acide urique depuis longtemps et cet excès d’acide urique va provoquer des dépôts dans les différents tissus du corps. Se forment alors des cristaux dans les principaux organes, et en particulier les articulations. Si les cristaux se forment dans les articulation, ils sont à l’origine de crises extrêmement douloureuses : la douleur est brutale et intolérable. L’orteil, qui devient rouge, gonflé, intouchable, est la principale victime. Pour une raison que la science n’a toujours pas bien expliquée (température plus basse aux extrémités ?), même si les chevilles, les doigts ou les genoux peuvent être touchés, c’est majoritairement la base du gros orteil qui est le site privilégié des crises douloureuses chez l’homme. Autrefois, lorsque l’on ne disposait pas de traitement, il fallait prendre son mal en patience, attendre que la crise se termine, ce qui était toujours le cas. Mais la répétition de ces crises aboutissait, au bout de quelques années, à la destruction des articulations.

Un défaut de dégradation ou d’élimination

Cet acide urique provient de la dégradation de la partie la plus noble de notre corps, l’ADN. Lorsqu’une cellule meurt, le noyau qui contient notre code barre génétique, constitué d’ADN, s’élimine sous forme d’acide urique. Le nombre de cellules qui trépassent chaque jour étant important – rien que pour le cerveau, on perd 70 millions de neurones par an ! –, la production d’acide urique n’est donc pas négligeable. Tout le monde devrait souffrir de goutte mais, heureusement, chez les gens en bonne santé, le rein veille au grain et rejette parfaitement cet acide dans les urines. Toutefois, une alimentation riche en calories, en bière, sodas sucrés, en charcuterie et abats, en fruits de mer, un excès d’apéritifs ou de digestifs, et l’acide urique va s’accumuler dans le sang puis cristalliser dans les articulations.

Une vieille histoire qui continue

On connaît la goutte depuis le Moyen Age mais on ne sait que depuis peu que, pour la développer, il ne suffit pas de trop manger, mais qu’il est possible d’en hériter : c’est la découverte de la mutation d’un gène impliqué dans l’élimination de l’acide urique dans les urines qui peut se transmettre de parents à enfants. La goutte est majoritairement une maladie familiale et pas uniquement une maladie méritée. Elle touche surtout l’homme, car les femmes sont partiellement protégées avant la ménopause par leurs hormones, et particulièrement l’homme d’âge mûr, car il faut plusieurs décennies d’excès d’acide urique dans le sang pour que les dépôts et les cristaux se forment.

On peut traiter la goutte

On peut abaisser l’acide urique dans le sang et, en dessous d’un certain seuil, l’acide urique en excès dans les tissus va repasser dans le sang, pour y être dégradé et éliminé. De nouveaux médicaments utilisés à bonne dose savent ainsi parfaitement éliminer les stocks excessifs des goutteux. Mais selon Thomas Bardin, le malade, comme son médecin, utilise des doses trop faibles et se contente trop souvent de la disparition des symptômes, laissant alors l’excès d’acide urique vivre sa vie en toute tranquillité et provoquer, en plus de la survenue de nouvelles crises douloureuses, des problèmes dans les autres organes et en particulier des complications cardiaques. Selon une étude américaine, parue en 2008, chez 9 105 hommes suivis 17 ans de suite, la présence d´une goutte élève de 35 % la mortalité par infarctus du myocarde et majore de 21 % la mortalité cardiovasculaire…

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