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QUESTION D'ACTU

Aide médicale d'Etat

Les médecins appellent à faire barrage contre Marine Le Pen

A titre individuel ou réunis en syndicats, les médecins ont appelé à voter contre le FN qui veut supprimer l’Aide Médicale d’Etat.

Les médecins appellent à faire barrage contre Marine Le Pen stockasso/epictura




Des syndicats professionnels, des généralistes libéraux, des hospitaliers, des doyens de faculté, des sociétés savantes… Les appels à faire barrage au Front National au second tour de la présidentielle se multiplient chez les médecins. Habituellement discrète sur ses choix de candidats, la profession a multiplié les communiqués et les tribunes appelant à voter pour Emmanuel Macron afin d’éviter une politique jugée contraire aux valeurs fondamentales de la médecine. Il n’y a que le Conseil National de l'Ordre des Médecins qui ne prendra pas position, « pour ne pas nuire à sa mission de service public », a-t-il fait savoir à Pourquoi Docteur. 

Parmi ces valeurs fondamentales de la médecine, on retrouve l’Aide Médicale d’Etat (AME), dispositif de prise en charge des soins aux « sans-papiers » qui se trouvent sur le sol français depuis au moins trois mois. Le Front National souhaite supprimer ce marqueur fort de la solidarité française, auquel les médecins restent profondément attachés pour plusieurs raisons. Jacques Battistoni, généraliste à Ifs (Calvados) et vice-président du syndicat MG France, les détaille.


Pourquoi les médecins tiennent-ils tant à l’AME ?

Jacques Battistoni : Parce que nous savons bien, en tant que soignant, que la suppression de l’AME laisserait des milliers de personnes sans prise en charge de leurs soins. Cela aurait deux conséquences, différentes mais qui iraient dans le même sens. Pour les médecins de ville, ils seraient confrontés à un choix : soit soigner gratuitement, soit ne plus soigner du tout les réfugiés. Pour un certain nombre de patients, cela poserait de très gros soucis.

Pour les médecins hospitaliers, la suppression de l’AME aurait également de lourdes conséquences. Ils verraient arriver ces patients-là, soit parce qu'ils n’auraient pas pu avoir accès aux soins et donc seraient obligés de les consulter, soit parce qu’ils auraient attendu longtemps et ils se retrouveraient alors avec des pathologies graves, qui auraient pu être moins sévères si elles avaient été soignées avant. Je pense en particulier à la tuberculose, qui est assez courante.

Est-ce l’AME qui a incité cette profession habituellement discrète sur les questions électorales à prendre position ?

Jacques Battistoni : Effectivement, l’AME est une des façons concrètes d’appréhender le problème. De façon plus générale, toute politique de santé qui va à l’encontre du principe de soigner les personnes sans distinction de race, de genre, de provenance, est contraire au serment d’Hippocrate, et à notre manière de travailler depuis toujours. On ne va pas commencer à demander aux gens avant de les soigner de quoi ils bénéficient comme prise en charge sanitaire…

Il y a une contradiction forte là dedans. C’est donc assez logique que les médecins, hospitaliers comme libéraux, se réveillent à ce moment-là pour prendre position, alors qu’habituellement, ils n’ont pas à soutenir tel ou tel candidat, ils n’ont d'ailleurs pas la légitimité pour.


 

Pourquoi ne pas s’être engagés avant le 1er tour, quand François Fillon proposait aussi de supprimer l’AME ?

Jacques Battistoni : Parce qu’à ce moment-là, le jeu était ouvert et les électeurs pouvaient se déterminer en fonction de nombreux éléments. Nous avions en revanche pris position en 2002 contre le Front National, nous avions appelé à faire barrage à une politique de santé contraire à nos valeurs, qui sont celles de tout médecin.

Cette idée selon laquelle supprimer l’AME permettrait de faire des économies parce que le dispositif serait un aspirateur à ressources est fausse, c’est une idée reçue. Quand on cherche un peu désespérément le moyen de faire des économies, on entend souvent : « il n’y a qu’à… »… mais c’est une erreur. A partir du moment où un étranger est réfugié sur le territoire français, il doit être soigné et pris en charge, et d’autant plus s’il n’a pas de moyens. C’est presque une évidence…

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