5 couleurs, du vert au rouge, pour guider le consommateur. La ministre de la Santé a finalement tranché dans le dossier de l’étiquetage nutritionnel simplifié. Après plus d’un an de débats, négociations et expérimentations, Marisol Touraine a choisi le logo Nutri-Score – aussi connu sous le nom de 5-C pour 5 couleurs. L’annonce, faite dans les colonnes du Parisien, signe la fin d’un processus de plus d’un an.
Ce 15 mars, la conclusion de Marisol Touraine est claire. Le logo Nutri-Score, qui évalue les aliments sur une échelle nutritionnelle allant du vert au rouge, se distingue nettement. Il s’appuie sur le score FSA, qui fait le bilan entre les « bons » nutriments et ceux plus néfastes. Le choix sera confirmé par arrêté au courant du mois d’avril.
Trois systèmes efficaces
Depuis l’adoption de la loi de modernisation du système de santé, le choix d’un étiquetage nutritionnel simplifié s’est apparenté à un véritable parcours d’obstacles. Après un intense lobbying des représentants de l’industrie agro-alimentaire, le ministère a accepté de comparer les différents logos (voir encadré).
La décision de la ministre de la Santé s’appuie sur deux études. La première a été réalisée « en conditions réelles d’achat » entre septembre et décembre 2016. L’expérimentation, menée dans 60 supermarchés, a comparé 4 systèmes d'étiquetage, dans différents rayons. Durant 10 semaines, les clients de plusieurs supermarchés ont fait leurs emplettes sous l’œil attentif de chercheurs.
Le bilan est positif. Trois systèmes (Nutri-Couleurs, Nutri-Score, SENS) ont « sans ambiguïté un effet positif » sur les comportements des clients. Nutri-Score se distingue par une discrimination plus suivie sur les produits les moins chers. Un point fort, puisque les autorités sanitaires souhaitent toucher les populations les plus concernées par la surcharge pondérale, celles aux plus faibles revenus. Les inégalités sont flagrantes : 15 % des enfants d'ouvriers sont en surpoids contre 7 % des enfants de cadre, selon la Drees.
Des résultats concluants
Une seconde étude a été menée en laboratoire pendant deux mois, auprès 809 participants. Une équipe de l’université de Grenoble (Isère) a simulé un environnement d’achat. Tous les participants ont dû constituer des paniers de courses pour 48 heures avec ou sans étiquetage simplifié.
Là encore, Nutri-Score modifie les décisions, particulièrement sur le tiers de consommateurs les plus défavorisés. A l’inverse, SENS et Nutri-Repère n’ont pas d’impact sur cette catégorie.
Ces résultats ont visiblement convaincu la ministre de la Santé. Mais Marisol Touraine le rappelle dans Le Parisien : le but n’est pas de « bannir le plaisir de manger » mais bien d’orienter les clients vers les produits les plus sains. « L’idée n’est pas de dire aux gens de choisir entre un yaourt et une pizza mais de leur dire laquelle des pizzas (…) est la moins grasse et salée », illustre Marisol Touraine. N’en déplaise à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui pointait récemment le manque d’effet des logos sur les comportements alimentaires globaux.
Reste maintenant une interrogation majeure : l'industrie agro-alimentaire appliquera-t-elle ce logo facultatif à ses emballages ? Rien n'est moins sûr, vu l'énergie qu'elle a développée contre le ministère de la Santé. Marisol Touraine, elle, parie sur la pression des consommateurs.
Cinq logos aux approches différentes
Cinq systèmes d’étiquetage nutritionnel simplifié ont été comparés en conditions réelles d’achat et en laboratoire. Deux expriment le bilan global du produit préparé : Nutriscore, élaborée par l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Inserm), et SENS, soumis par la Fédération du Commerce et de la Distribution. Deux autres portent sur l’impact des principaux nutriments sur la santé (Nutricouleurs et Nutrirepère). Ils sont dérivés de systèmes déjà en place, au Royaume-Uni par exemple. S’y ajoute un cinquième score, appliqué en Australie : Health Star Rating.