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Réalité augmentée

Pokémon Go : la chasse aux Pokémons bénéfique pour le psychisme

L’application qui connaît un succès planétaire pourrait avoir des bénéfices psycho-sociaux. Il ne faut cependant pas en attendre des effets thérapeutiques.

Pokémon Go : la chasse aux Pokémons bénéfique pour le psychisme Technophile82/epictura




Tout juste sorti en France, le jeu sur Smartphone Pokémon Go connaît un succès fulgurant. Un engouement dont les spécialistes soulignent déjà les effets positifs, sur la lutte contre la sédentarité notamment.

Le jeu consiste à chasser des Pokémons dans les rues d’une ville ou en milieu naturel. Grâce à la réalité augmentée, les petites créatures apparaissent sur l’écran des joueurs, qui peuvent alors les « attraper » virtuellement. Depuis quelques jours, on observe ainsi de plus en plus de joueurs déambuler dans les rues à leur recherche. Une activité de détente qui améliore notre santé physique, mais qui pourrait aussi avoir des effets bénéfiques au niveau psychologique.

 

Quand la réalité virtuelle revient au réel

« Le jeu Pokémon Go est avant tout un loisir, une activité ludique qui participe à un bon équilibre de vie », explique Bruno Falissard, pédopsychiatre à l’hôpital Paul Brousse. Il s’agit avant tout de passer un bon moment, de se changer les idées, de décompresser. Loisir rime donc avec plaisir, et d’autres activités peuvent remplir cette fonction, depuis les premiers jeux de rôle, jusqu’aux jeux vidéo.

Mais la nouveauté, c’est que l’application Pokémon Go intègre le système de réalité augmentée. Dans ce jeu, impossible de rester chez soi devant son écran : la quête a lieu dans la rue. Bruno Falissard parle ainsi d’une « articulation du réel et du virtuel ». Le joueur évolue dans l’espace public, qu’il visualise sur son écran de téléphone, et auquel s’ajoutent les Pokémons, totalement virtuels, eux. Le jeu n’a ainsi de sens qu’en relation avec la réalité. Il faut non seulement marcher, mais aussi prêter attention à son environnement, ce qui amène à (re)découvrir les alentours des lieux que l’on fréquente habituellement.

Les inconditionnels rapportent également de nouveaux contacts sociaux qui se nouent avec d’autres joueurs, des inconnus qui supportent la même équipe par exemple. « Ces jeux peuvent aider les gens, notamment les adolescents, à s’intégrer dans un groupe social, à se créer une communauté », remarque Bruno Falissard.

 

Antidépresseur naturel

Pokémon Go peut être utile à tout un chacun, pour contrer un « coup de mou », ou se rebooster dans une mauvaise passe. « Les jeux vidéos ont naturellement une vocation antidépressive : ils mobilisent la capacité à affronter, à faire des choix, indique Michaël Stora, psychologue et dirigeant d’une entreprise de serious games. Ils favorisent les pulsions agressives qui jouent un rôle antidépressif ». L’occasion de reprendre un élan dans la vie, et de faire appel à des fonctions cérébrales qui mènent à l’action. « Pokémon Go fait voir la réalité comme stimulante, alors qu’elle est souvent perçue comme triste et ennuyeuse », décrypte Michaël Stora. Lorsque le joueur réussit à attraper un Pokémon, une décharge d’adrénaline envahit son corps, c’est tout le circuit de la récompense qui s’active dans son cerveau. Et ces décharges sont bonnes pour la santé : l’impression positive se renforce.

Toutefois, tous ces aspects positifs ne peuvent prendre une portée thérapeutique pour des personnes atteintes de troubles psychologiques. « On ne soignera jamais une dépression sévère en jouant à Pokémon Go » souligne Xavier Pommereau, pédopsychiatre au CHU de Bordeaux.

 

Un risque d’addiction faible

Le jeu continue à vivre même pendant l’absence du joueur. Il n’est donc pas rare de croiser des aficionados en plein milieu de la nuit essayer de conserver une arène (lieu des combats entre équipes) ou d’attraper un Pokémon rare. Se lever un peu plus tôt, ou faire un détour sur le trajet pour aller au travail sont aussi monnaie courante chez les joueurs les plus zélés. De quoi s’interroger sur un potentiel risque d’addiction.

Ce risque existe, concluent unanimement les experts interrogés, mais il n’est pas plus élevé que pour toute activité à laquelle on consacre du temps. Il pourrait même être plus faible que pour les jeux vidéo « traditionnels ». « On détermine une addiction à partir du moment où il y a enfermement dans une activité, au détriment des autres », précise Xavier Pommereau. Le risque des jeux vidéo est en général de finir cloîtré chez soi et de perdre le contact avec son environnement proche. Or, encore une fois, toute l’originalité du jeu est de sortir de chez soi, il incite à décloisonner son esprit, à rencontrer d’autres personnes. « Ici, le joueur est dehors, il ne peut pas se retrancher sur son canapé, ce qui limite le risque d’évitement du réel », développe Michaël Stora.

 

Intelligence sociale

Si la socialisation est importante dans ce jeu, elle peut néanmoins être à double tranchant. « Aujourd’hui, les possibilités de contact sont démultipliées avec le numérique. C’est une chance, mais le danger est celui d’une injonction à l’ « intelligence sociale » », alerte Bruno Falissard. Le jeu cible en priorité les jeunes adultes. Or, c’est un âge où les différences sont mal tolérées, alors que c’est aussi celui où l’on a le plus besoin des autres, de la reconnaissance des pairs. Pour être bien accepté dans cette société de plus en plus sociale, il faudrait maîtriser ses codes, savoir nouer des relations - réelles ou virtuelles - et peut-être maintenant s'adonner à la chasse aux Pokémons, sous peine d'isolement social.

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