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Un vaccin expérimental contre le VIH réussit à produire des anticorps qui neutralisent le virus

Un vaccin expérimental contre le VIH a produit des anticorps qui peuvent neutraliser une grande variété de souches du VIH.

Un vaccin expérimental contre le VIH réussit à produire des anticorps qui neutralisent le virus Artem_Egorov/iStock




Le VIH pose un énorme défi à l’humanité. Alors que nous fêtions le 1er décembre la 31e édition de la journée mondiale de lutte contre le Sida, l’espoir de faire disparaître cette maladie qui a tué 770 000 personnes en 2018 est au plus haut. Une équipe de scientifiques du Scripps Research (Etats-Unis) a mis au point un vaccin expérimental contre le VIH. L’IAVI, une association à but non-lucratif visant à accélérer la mise au point d’un vaccin contre le Sida, a également participé à cette recherche. Les résultats de leurs tests ont été publiés dans la revue Immunity.  

Jeu de dupes avec le virus

Les tests ont été effectués sur des lapins, et les résultats sont prometteurs. Ils ont aidé à développer des anticorps largement neutralisants, appelés bnAbs, qui peuvent cibler au moins deux sites critiques sur le virus. Les chercheurs pensent que ce vaccin peut offrir une protection robuste contre ce virus en constante évolution.

Pour s’infiltrer dans la cellule, le VIH possède la protéine Env, qui recouvre l’intégralité du virus. Ces protéines fonctionnent comme des “clés” pour rentrer dans une cellule et l’infecter. Grâce à l’Env, le VIH peut s’attaquer à un type particulier de globules blancs, appelés lymphocytes CD4. A l’instar de l'Env, le CD4 recouvre tout le lymphocyte et représente la “serrure” des globules blancs. Lorsque l’Env rencontre le CD4, la “clé” du virus ouvre la “serrure” du globule blanc pour l’infecter.  

Connaissant cette technique d'approche, les chercheurs ont tenté de duper les globules blancs afin qu'ils soient prêt lorsqu'ils rencontreront le VIH. Ils ont alors créé du liposome de synthèse (des molécules apparentés à la graisse qui recouvrent les protéines d'Env) de la taille d'un virus, qui servira de base pour le vaccin. Lorsque ces faux virus entreront en contact avec les lymphocytes, ces derniers seront en capacité de se défendre. “L’idée était de mieux exposer ce site et de stimuler ainsi une large réaction des anticorps contre lui dès le début”, explique Richard Wyatt, auteur principal de l’étude et professeur au département d'immunologie et de microbiologie au Scripps Research.

Des résultats prometteurs 

L'équipe a administré le vaccin à 12 lapins et a découvert que cinq d’entre eux avaient développé des anticorps qui neutralisaient plusieurs isolats du VIH. Par la suite, les anticorps ont été analysés pour déterminer quels lapins y répondaient fortement, et aussi pour identifier deux types distincts de bnAb. Le premier, appelé E70, bloque comme prévu le site de liaison des CD4 en saisissant en partie des glycanes (un composant de la membrane cellulaire), ce qui, selon les chercheurs, est inhabituel. Le second, appelé 1C2, a attaqué un point vulnérable différent mais bien connu sur Env, qui est l'interface entre deux segments clés de la protéine complexe.

La liaison de l'anticorps 1C2 déstabilise Env, qui n’est donc plus en mesure d'assurer l'entrée du VIH dans les cellules hôtes. Cette réaction a eu une ampleur inhabituelle de neutralisation puisqu'elle a bloqué 87 % d'un panel de 208 isolats distincts du VIH. “Cette découverte est une preuve importante que la vaccination contre le VIH, si elle est faite de la bonne façon, peut atteindre l'objectif d'induire des bnAbs à de multiples sites sur le virus”, s’enthousiasme Richard Wyatt.

Réaliser un traitement à grande échelle et peu coûteux

Cela signifie que les chercheurs sont maintenant un peu plus près de mettre au point un vaccin efficace contre le VIH, ce qui serait certainement un objectif majeur de la science médicale depuis 1983, année où le virus a été découvert pour la première fois. “C’est une première preuve de principe, mais elle est importante, et nous travaillons maintenant à optimiser cette conception de vaccin”, insiste Richard Wyatt.  

Selon les données d'ONUSIDA, plus de 38 millions d'autres personnes vivent actuellement avec le VIH et environ 35 millions de personnes sont mortes du syndrome d’immunodéficience. Les médicaments antiviraux existants ne font que maintenir les personnes infectées par le VIH en vie plus longtemps tout en réduisant leur capacité à transmettre le virus à autrui. Cependant, ils n’éliminent pas l'infection et doivent être pris indéfiniment. Avec un vaccin efficace, il serait possible de prévenir l'acquisition du virus. Un tel médicament pourrait également éliminer le VIH en tant que menace majeure pour la santé publique si une dose peu coûteuse est administrée aux personnes non-infectées. 

Jusqu'à présent, cibler le VIH était extrêmement difficile pour les concepteurs de vaccins, en raison de sa mutation rapide et d'autres mécanismes permettant d'éviter les attaques immunitaires. Le test effectué par Richard Wyatt et son équipe confirme que la vaccination peut déclencher les types d'anticorps nécessaires pour assurer une protection générale contre le VIH, comme le bnAbs, qui se lie à des sites critiques du virus qui ne varient pas beaucoup d'une souche à l’autre. 

Les chercheurs affirment que si le vaccin peut stimuler le système immunitaire — chez la plupart ou la totalité des individus — pour produire des bnAbs qui frappent plusieurs sites vulnérables du virus, il peut offrir une protection efficace contre le VIH.

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