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L'avis de l'experte

Crise de la quarantaine : "c'est l'occasion d'une prise de conscience du temps qui passe"

Bien que le terme puisse sembler fort, la "crise de la quarantaine", ou "crise du milieu de vie" existe bel et bien. Ampleur, durée, manifestations… Psychologue et autrice du livre "Tout va bien mais…", Agnès Bonnet-Suard répond à nos questions en s'appuyant sur son expérience clinique.

Crise de la quarantaine : \ charnsitr/iStock

  • Publié le 19.07.2021 à 18h00
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- Mieux Vivre Santé : La crise de la quarantaine existe-t-elle réellement ?

Agnès Bonnet-Suard : Oui, on l'appelle "la crise du milieu de vie". Il s'agit d'un état de désorganisation psychologique qui revêt une dimension symbolique car il marque le passage de la jeunesse à l'entrée de la maturité. C'est une réalité clinique, dans le sens où l'on se pose des questions à un certain âge. En fait, ces 40 ans sont l'occasion d'une prise de conscience du temps qui passe. On fait un bilan de sa vie passée et on le met en perspective avec ce qui nous attend : ainsi, notre regard sur notre parcours et la suite peut évoluer. 

En revanche, une crise est normalement liée à un évènement qui fait rupture dans l'organisation : c'est une déstabilisation, comme la crise d'adolescence, où ce qui fait "trauma" est la puberté. Pour la crise de la quarantaine, il n'y a rien de biologique, ni d'événement particulier : on peut en faire sans que quelque chose se produise, si ce n'est l'apparition d'un questionnement. De fait, on pourrait davantage la qualifier d'un état de prise de conscience de ce qu'est notre vie.

- Comment se manifeste-t-elle ?

Ses formes varient en fonction des personnes, de ce qu'elles vivent, de si elles ont des enfants ou non. Le grand public l'envisage comme étant forcément quelque chose qui prend de l'ampleur, avec, par exemple, la remise en question de sa carrière ou de son couple. Mais, pour nous, psychologues, la crise de quarantaine n'est pas nécessairement alarmante : il ne s'agit pas d'un indice de gravité. On peut très bien en faire une sans qu'il y ait un débordement important des manifestations de changement ou de désorganisation.

Par contre, la crise de la quarantaine est très importante quand celle d'adolescence ne l'a pas été. Comme on mature grâce à cette dernière, les personnes qui n'en ont pas faite, pour qui le temps s'est déroulé de manière complètement linéaire, sont les plus susceptibles de faire une crise de la quarantaine très désorganisante. C'est là que l'on voit apparaître des comportements que l'on n'avait pas, tels qu'aller en boîte, commettre des adultères… En somme, "vivre sa jeunesse", celle que l'on n'a pas eu. Dans ce cas, c'est peut-être plus inquiétant car il est un petit peu tard pour se structurer à 40 ans.

- La crise de la quarantaine s'exprime-t-elle de la même manière chez les hommes et les femmes ?

Non, elle est souvent plus forte chez les hommes. Leurs symptômes sont plus radicaux : il s'agit davantage de gros changements, tels qu'une séparation. Néanmoins, ils n'établissent pas forcément le lien avec un questionnement sur l'âge, sur le sens de la vie. À l'inverse, les femmes verbalisent plus le rapport avec le fait d'avoir 40 ans. Puis, certaines quittent aussi leur mari, bien sûr, mais leurs décisions sont souvent moins définitives, et se traduisent peut-être davantage par l'achat d'une nouvelle voiture ou par la notion de "faire des folies".

- Combien de temps dure-t-elle en moyenne ?

D'après ce que je constate chez mes patients, je dirais entre deux et quatre ans. Elle peut être progressive, et, surtout, toute crise est désorganisante : il faut du temps pour se re-stabiliser. C'est comme pour chaque changement, on ne s'y adapte pas du jour au lendemain. La durée peut faire peur, mais il faut bien garder en tête que l'on ne reste pas sur le même tempo tout au long de cette période. Par ailleurs, elle peut avoir lieu à 38 ans, 44 ans… C'est variable, il n'y a pas vraiment de règles.

- Comment gérer la crise de la quarantaine ?

Je pense que c'est l'occasion d'opérer des changements, de se transformer, mais pas n'importe comment. Cela peut passer par se questionner sur la position que l'on adopte dans sa vie : est-on acteur, passif ? Je pense qu'il faut saisir cette opportunité pour s'interroger et s'approprier au mieux son avenir. J'ai déjà vu des personnes qui ne se sont posé aucune questions de leur parcours : elles ont fait des études relativement par "facilité", et conformes au choix de leurs parents, sans s'interroger. Puis, à 40 ans, malgré un bon travail et une situation familiale stable, elles réalisent qu'elles ne sont "pas bien" et que l'origine du problème tient à l'absence de prise de décisions : c'est l'occasion de s'approprier les choix à venir.

La dimension de la maturité me semble également centrale. La crise de la quarantaine est l'entrée dans une forme de regard plus mature sur la vie, qui, d'un certain coté, peut être apaisant, une fois l'angoisse du temps qui défile dépassée. Tout changer radicalement, faire un petit peu n'importe quoi, est justement une manière de ne pas s'arrêter sur cette question, de lutter contre elle.

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