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L'avis de l'experte

Envie d'écrire un livre ? Des conseils pour mener à bien ce projet

Depuis le début de la crise sanitaire, nombre de Français se sont mis à l'écriture… À tel point que plusieurs maisons d'édition, submergées, ont demandé aux écrivains en herbe de reporter l'envoi de leur manuscrit. En somme, c'est l'occasion de prendre le temps de mener à bien son projet. Laurence Luyé-Tanet, mastercoach, animatrice d'ateliers d'écriture, autrice et écrivaine, nous livre ses conseils pour se lancer.

Envie d'écrire un livre ? Des conseils pour mener à bien ce projet Jacob Ammentorp Lund/iStock

  • Publié le 04.09.2021 à 10h00
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- Mieux Vivre Santé : Si l'on a envie d'écrire un livre, comment franchir le pas ?

Laurence Luyé-Tanet : En se munissant d'un stylo et d'un papier, ou de son ordinateur, et en écrivant ! En somme, en n'intellectualisant pas trop la chose. C'est simple, quand on veut faire une soupe, on prend ses légumes, on les coupe et on les met à cuire ; le principe est le même. Plus précisément, lorsque l'on a envie d'écrire un livre, il faut se demander quel sera son genre : s'agit-il de poésie, d'un roman, d'un ouvrage pour enfants, d'un livre sur sa pratique professionnelle ? Il faut être clair sur ce que l'on écrit. Par exemple, je suis à la fois auteure, pour les ouvrages qui concernent mon expertise professionnelle, et écrivaine, pour ce qui relève de la littérature. Par ailleurs, on doit garder en tête que l'on n'écrit pas pour soi, mais pour le lecteur, pour lui apporter quelque chose. Sinon, il s'agit d'un journal – ce qui est très bien, au demeurant. 

Ainsi, même si l'envie de se sentir mieux peut être une motivation pour les personnes qui veulent raconter leur histoire, je leur conseille de se demander ce qu'elles veulent en faire, quel est le message derrière. Parfois, c'est l'inverse : on peut avoir envie d'écrire plutôt que de rêver de faire un livre. Dans ce cas, il faut écrire, puis aviser. C'est comme la peinture. Quand on peint, quelque chose s'exprime, on ne sait pas ce que l'on fera ensuite de ses toiles : les exposer, les vendre… Ça vient au fur et à mesure. C'est pareil pour l'écriture : peut-être que l'on aura assez de matière avec ce que l'on a écrit pour faire un livre. Pour moi, il peut s'agir d'un bon point de départ.

- Quel processus d'écriture adopter ? 

Cela dépend des personnes. Certaines écrivent chaque jour de telle heure à telle heure, d'autres ont en permanence un carnet sur elles, prennent des notes et s'en servent plus tard. Par exemple, il m'arrive d'écrire des idées ou des titres dans un journal. Il y a des périodes où j'y écris tous les jours, d'autres non. C'est comme un travail de retour à moi-même, comme une méditation. Progressivement, je me suis aperçue qu'énormément de matière était apparue. Maintenant, j'ai plusieurs journaux que je numérote et garde, même si les textes n'ont parfois aucun intérêt – comme l'humeur du jour – car ils m'ont permis d'avancer sur certains sujets, et je sais que je les utiliserai.

Puis, le processus peut varier selon le genre. Ainsi, en tant qu'auteure, j'ai un thème auquel je me tiens, et j'écris directement à l'ordinateur, alors que je préfère le stylo et le papier en tant qu'écrivaine. Plus largement, quel que soit le type d'ouvrage, je pense qu'il faut le "sentir". Je ne suis pas favorable à l'idée de devoir s'y mettre parce qu'il le faut, mais plutôt si on en a envie. En revanche, si au bout de dix ans on se dit que l'on a commencé quelque chose et que l'on aimerait bien en faire un livre mais que l'on ne prend pas le temps, c'est sûr qu'il serait préférable de se donner un rythme. On peut très bien se fixer une heure par jour, comme une plage d'une demi-journée : quoiqu'il en soit, il n'y a pas de règle. Le tout réside dans la persévérance, notamment si l'on est bloqué à un moment, avec l'angoisse de la page blanche. 

- Comment la surmonter ?

On ne doit pas s'affoler. On peut relire ce que l'on a déjà écrit, quitte à écrire ce qui nous vient, même s'il n'y a pas forcément de lien : cela consiste à faire confiance au processus d'écriture. Au-delà de ça, on peut parler de processus créatif. Par exemple, quand je suis dans un livre, quel que soit son genre, il y a des moments où il ne faut pas trop venir me parler, même lorsque je mange en famille, car je suis dans mon "truc" et que je ne veux pas le perdre. Il m'arrive aussi d'avoir des idées en marchant, en faisant de la natation. Puis, quand on écrit, on est seul, dans son univers. On se met dans une bulle. C'est un petit peu comme un temps à part, où l'on est en tête-à-tête avec soi ou avec ses personnages.

- Vaut-il mieux faire lire son manuscrit à ses proches avant de l'envoyer aux maisons d'édition ? 

Cela peut permettre d'avoir une première idée, mais cela dépend des proches. Par exemple, j'ai fait lire mon roman à mon mari car j'ai confiance en lui, et parce que je savais qu'il avait la capacité de me faire un retour objectif et constructif, de me dire quels passages il trouvait bons et lesquels il ne comprenait pas vraiment. On doit être prudent lorsque l'on partage son manuscrit à son entourage, car il arrive que les critiques plombent plus qu'elles n'aident. Puis, si untel dit ceci et unetelle cela, ce n'est pas évident de s'y retrouver. En somme, il ne faut peut-être pas trop le faire lire. 

C'est pour cela qu'il peut être intéressant de suivre un atelier d'écriture. Quand ils sont correctement menés, par des personnes formées, ils permettent d'obtenir un retour sur son écriture et son processus. Jamais les animateurs ne qualifieront un texte de "bien" ou pas, ils diront plutôt : "Ce point amène ceci, cet autre amène cela", ce qui est constructif et permet de comprendre son écriture. Il y a aussi des temps d'écriture, de 15 à 45 minutes, en fonction d'un thème donné ; on n'apprend pas à écrire, mais on nous aide à connaître notre singularité. Dans les ateliers d'écriture de roman, en particulier, on est vraiment suivi : on travaille à partir d'auteurs pour voir d'autres procédés. C'est très enrichissant, parce que l'on peut avoir envie d'écrire des choses intéressantes, mais passer à côté dans la manière de le faire. 

- Dans quel état d'esprit faut-il contacter les maisons d'édition ?

Si l'on veut que son livre soit publié, on doit y aller, n'avoir aucun doute. Et, même si on a déjà été publié, lorsqu'on envoie son manuscrit, on peut avoir un, dix, vingt refus… Il ne faut pas se décourager, et garder en tête que ce n'est pas parce que ce que l'on a fait est nul, mais que cela dépend des sensibilités de nos interlocuteurs. Regardez J.K. Rowling et Harry Potter ! De fait, il est important de bien vérifier la ligne éditoriale des maisons que l'on contacte. Ensuite, un contrat se négocie, d'autant que l'on ne débourse pas un centime pour son livre. L'éditeur se charge de tout, sauf si l'on est en auto-édition.

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