- Mieux Vivre Santé : Alors que de plus en plus de personnes souffrent de problèmes de digestion, nombreux sont les nutritionnistes qui leur conseillent de suivre le régime FODMAPS. Qu’entend-t-on par FODMAPS ?

Arnaud Cocaul : Les FODMAPS sont des sucres qui sont naturellement présents dans certains aliments ou parfois ajoutés à des plats industriels (sirop de glucose, fructose..). On les retrouve par exemple dans la famille des choux (brocoli, fenouil, céleri…), dans les artichauts, dans l'ail et l’oignon, dans certains fruits (pommes, poires...), dans les produits laitiers et dans les boissons sucrées. 

Ces sucres fermentent dans les intestins et produisent des acides gras à chaîne courte, c’est-à-dire des gaz qui peuvent mettre en tension le tube digestif. Plus précisément, lorsqu’ils parviennent dans l’intestin grêle, ils peuvent peut faire un appel d’eau qui déclenche une diarrhée et lorsqu’ils arrivent dans le côlon, ils peuvent occasionner des gaz qui mettent en tension le colon et donnent lieu à des douleurs et à des ballonnements. 

- Si les FODMAPS sont présents dans notre alimentation, en quoi consiste le régime FODMAPS ?

Le régime FODMAPS est un régime d’éviction temporaire. Ainsi, si le patient à des problèmes digestifs, on pourra lui conseiller d’éviter certains aliments compris dans la liste des FODMAPS.

Attention, cela ne veut pas forcément dire qu'il faut arrêter de manger tous les FODMAPS, mais plutôt qu’il faut être à l’écoute de son corps, et de ce qui ne va pas. Les FODMAPS, c’est très personnel : avant tout, il faut que le patient arrive à distinguer les aliments qui lui posent problème. C’est donc un régime personnalisé : donner la liste des aliments concernés ne suffit pas, il faut que le professionnel soit à l’écoute.

Ensuite, il n’est pas question de supprimer ces aliments sur le long terme mais bien d’arrêter d’en consommer sur une courte période et de les réintroduire progressivement à son alimentation pour prendre conscience du seuil de tolérance maximale. 

Par ailleurs, certains aliments faisant partie de la liste sont très bons pour la santé et parfois bons pour le système digestif, c’est pour cette raison qu’il ne faut pas s’en priver trop longtemps. Par exemple, l’artichaut est un FODMAPS, mais il est bourré de prébiotiques, lesquels sont essentiels au bien-être digestif. 

- En quoi l’éviction temporaire permet-elle un plus grand confort digestif ?

L’éviction temporaire est un moyen de donner un temps de repos aux intestins. Il faut déshabituer son corps à ces aliments qu’il peine à digérer pendant quelque temps, le mettre au repos en quelque sorte, pour qu'il puisse, par la suite, mieux travailler. 

C’est là toute la différence avec une allergie. Or, ici, il n’est pas question d’allergie mais d’un problème de tolérance, supprimer ces produits de son alimentation quotidienne pour les réinsérer ensuite permet d’y remédier.

- A qui s’adresse un régime pauvre en FODMAPS ?

Bien qu’à la mode ces derniers temps, il est évident que tout le monde n’est pas concerné par ce régime. En outre, il s’adresse spécifiquement aux personnes qui sont atteintes du syndrome de l’intestin irritable. 

Cela étant dit, le mode de vie moderne, la pollution par exemple, et le fait que les aliments sont aujourd’hui très souvent transformés a contribué à la très grande augmentation de ce syndrome. Aujourd’hui, on estime que 20% à 40% de la population française est concernée. Ce n’est pas la totalité de la population mais une bonne partie. 

Par ailleurs, les symptômes peuvent également être décuplés par de mauvaises habitudes tel que le fait de manger trop vite, manger devant des écrans ou encore mal mâcher.

- Ce régime est-il véritablement aussi efficace qu’on le prétend ? Permet-il seul d’améliorer les symptômes de l’intestin irritable ?

Il est efficace, mais il ne fonctionne pas forcément pour tout le monde. En plus, faire le tri entre les aliments et découvrir quels sont ceux qui nous posent problème est loin d’être évident. Certains ignorent donc totalement qu’ils sont intolérants aux FODMAPS, quand d’autres pensent l’être mais, en réalité, ne le sont pas. C’est pourquoi il peut être intéressant de soutenir ce régime par une prise d’enzymes digestives ou de probiotiques qui peuvent, eux aussi, améliorer la digestion.

Par ailleurs, on est encore au début des études sur le microbiote. Au fur et à mesure qu’elles progressent et que la compréhension de notre système digestif sera plus fine, les traitements évolueront. A terme, on va vers une médecine bien plus personnalisée.