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Contre le sentiment d’impuissance... faites ce que vous pouvez !

Comment surmonter ce sentiment désagréable d’être incapable d'agir, de faire face à une situation, une épreuve ? Catherine Aimelet-Périssol, psychothérapeute et spécialiste des émotions, nous aide à retrouver un peu d’énergie contre le désespoir.

Contre le sentiment d’impuissance... faites ce que vous pouvez ! fizkes / iStock

  • Publié le 30.03.2022 à 15h00
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Pandémie, guerre, inflation record... Confrontés à des événements sur lesquels nous n’avons aucune prise, nous sommes nombreux à être tenaillés par un sentiment d’impuissance. Si la puissance désigne la capacité à agir, à peser sur le réel, à modifier notre environnement, l’impuissance, elle, nous fait vivre et éprouver l’inverse : nous nous sentons incapables d’accomplir quoi que ce soit ou d’obtenir quelque chose, d’influer sur ce qui nous entoure et ce qui nous tient à cœur. On voudrait, mais on ne peut pas.

Ce sentiment peut nous envahir de manière anodine, face à des tâches simples du quotidien, comme calmer un nourrisson qui ne cesse de pleurer, avancer dans des embouteillages interminables, ou même monter un meuble suédois et se retrouver avec une pièce en trop. D’autres situations sont beaucoup plus éprouvantes : vivre une séparation difficile, faire face à la souffrance d’un proche sans pouvoir le soulager, assister à des injustices de la vie, constater la misère du monde ou la corruption des puissants... « L’expérience de l’impuissance est douloureuse car elle entrave notre désir d’aider les autres et de rendre le monde plus juste », précisait le psychiatre Christophe André, sur France Culture, en 2017. Pire : ce sentiment est « dangereux », car il « débouche volontiers sur une résignation face à tous les obstacles de la vie, petits ou grand [...] La menace de l’impuissance, c’est le désespoir ». Et toutes les émotions pénibles qui vont avec : colère (contre la situation et soi-même), angoisse, inhibition, dépression... Voici quelques pistes pour faire place à un peu d’espérance.

Accepter son « désir de toute-puissance »

Pour retrouver de la puissance, il convient d’abord de se demander en quoi nous sommes impuissants. « Le sentiment d’impuissance est le miroir d’un désir de toute-puissance. C’est parce que nous avons ce désir de pouvoir, de contrôle absolu sur les choses que nous développons un sentiment d’impuissance », explique Catherine Aimelet-Périssol, psychothérapeute et auteure de nombreux ouvrages sur le processus émotionnel. Quand un proche est gravement malade, on veut à tout prix trouver « le » moyen de le guérir (un médicament, un médecin...) et, à force de chercher une solution idéale, on finit par se sentir impuissant. Le premier pas vers la sérénité serait donc « d’accepter son désir de toute-puissance, selon la psy. En prenant conscience qu’on se sent impuissant parce qu’on a ce fantasme de toute-puissance, on acceptera alors mieux son impuissance. »

Accepter notre impuissance, d’accord, mais qu’en est-il des autres, des puissants, des politiques, de ceux qui peuvent justement ? Comment ne pas avoir de colère ou d'aigreur à leur égard ? « En se mettant à leur place, selon la psy. Imaginez, visualisez vraiment que vous êtes quelqu’un avec du pouvoir. Elu, maire, député, chef des armées, président ou même chef du monde : vous feriez quoi ? Comment changez-vous les choses concrètement ? La réponse est rarement simple et souvent fantasmée... Accepter cela, c'est regarder en face toute la complexité du monde, mais c'est aussi s’auto-questionner, tester ses limites, se recentrer sur soi – et pas sur le ressentiment, qui est d’une simplicité illusoire. »

Agir à son échelle

Tout le monde a cette tendance à vouloir être omnipotent pour altérer la réalité à sa guise. Rassurez-vous, c’est naturel et plutôt sain : « Il faut être bienveillant envers soi, vouloir être tout-puissant, cela dit quelque chose de nous de généreux. Il y a un élan, une énergie dans la colère ou la frustration de ne rien pouvoir faire ou pas assez. » L’idée, c’est de « prendre appui sur cet élan, cette énergie pour commencer à entreprendre ».

Pour sortir de l’apathie causée par ce sentiment d’impuissance, c’est logique : il faut agir, agir malgré tout, même de manière infime. Il y a toujours quelque chose à faire, même quand c’est une guerre qui nous empêche de dormir. « On peut agir sur ses pensées, en essayant de moins broyer du noir, mais surtout dans les actes, en devenant bénévole pour une ONG, en faisant un don, en s’informant sur le conflit et l’histoire du pays, n'importe quel acte qui fait écho à votre sensibilité. » Alors, certes, vous ne changerez pas forcément le monde dans l’immédiat, ni même jamais, mais « l’action à petite échelle va nous soulager de ne pas pouvoir agir à plus grande échelle : c’est la fameuse part du colibri », explique la psy, citant Pierre Rabhi et son histoire de monde en feu, avec l'oiseau qui va et vient, une goutte dans son bec, pour éteindre les flammes. Et s’il vous plaît, « pas de culpabilité » : d’une part, nous ne sommes que des êtres humains, et d’autre part, « nous devons accorder de la valeur à nos actes, car plus on leur en accorde, plus nous sommes poussés à agir ».

Identifier ce sur quoi on peut concrètement agir, c’est cela, l’enjeu. Ce qu'on sait faire, ce qu'on peut faire (soi et avec l'aide des autres), plutôt qu’identifier ce que on ne sait ou peut pas. On ne peut pas guérir un proche de la maladie, ni même soulager sa douleur, mais on peut lui tenir la main, lui parler, l’écouter, lui faire écouter de la musique, lui lire un livre... « La bienveillance, la compassion, la présence, la bienveillance sont déjà un réconfort en soi. » Quant au sentiment d’impuissance, « il s’effacera si vous êtes présent à la situation, avec la personne, si vous participez avec les moyens qui sont les vôtres », assure la psy. Faites ce que vous voulez, mais faites surtout ce que vous pouvez !
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