Il est essentiel qu’un climat de confiance s’installe entre l’enfant, les parents et le médecin pour que l’enfant soit rassuré et partie prenante de la prise en charge qui va être mise en œuvre : l’implication de l’enfant est un élément essentiel pour la réussite du traitement.
La prise en charge de l’énurésie passe en premier par une démarche d’information et d’éducation avec des mesures hygiéno-diététiques qui suffisent bien souvent à résoudre le problème :
• Il faut mieux répartir les apports en liquides et choisir les boissons. Les apports liquidiens recommandés chez l’enfant énurétique restent normaux (soit 45 à 60 millilitres par kilo et par jour) mais il faut veiller à les faire absorber entre sept heures le matin et 18 heures le soir. Il faut donc prévoir un petit déjeuner avec un apport liquidien représentant un tiers des besoins quotidiens. Il faut diminuer le plus possible les apports hydriques après 18 heures.
• L’apport liquidien tout au long de la journée doit privilégier les eaux de boisson peu minéralisées et il faut supprimer en fin de journée les boissons sucrées et les boissons gazeuses, ainsi que les aliments très salés et les boissons contenant de la caféine (coca, thé...).
• Il faut limiter le soir les apports calciques en modérant les apports en laitage.
• Il est très important de promouvoir des mictions à intervalles réguliers dans la journée. On recommandera à l’enfant d’aller aux toilettes cinq à six fois par jour (sans oublier au coucher), d’aller aux toilettes dès qu’il en ressent le besoin et, lorsqu’il urine, d’être détendu autant que possible et de laisser couler le jet librement sans pousser. Il faut lui expliquer qu'il doit se lever la nuit s'il a envie d'uriner et lui faciliter l’accès aux toilettes, mais il ne faut pas le réveiller.
Il faut toujours suivre ces conseils pendant au moins deux semaines et remplir un calendrier des accidents nocturnes où sont notées les nuits « sèches » (représentées par un soleil) ou « mouillées » (représentées par un parapluie), ceci afin de l’encourager.
• Il est aussi possible de supprimer peu à peu les couches et de les remplacer par des alèses étanches, sauf si l’enfant continue à mouiller très fréquemment son lit, et que le port de couches est plus agréable pour lui et plus facile pour la famille. S’il porte une couche jetable, il faut lui laisser le choix de l’utiliser ou non mais ce sera à lui de la mettre le soir et de la jeter le matin.
• Il ne faut jamais le gronder s'il fait pipi au lit, mais l’encourager à faire mieux la prochaine fois.
• Il n’est pas utile de changer un enfant endormi qui a fait pipi au lit. Il est plus important pour tout le monde de bien dormir. Il vaut mieux lui laisser une serviette et un pyjama de rechange près du lit au cas où il se réveillerait.
• Lorsque l’enfant fait pipi au lit, il faut l’aider à bien se laver le matin, pour éviter qu’il ne sente mauvais. Il peut participer au change des draps sans que cela ne soit vécu comme une punition.
Le but est que l’enfant devienne autonome et actif et qu’il comprenne qu’une aide peut lui être apportée mais que c’est sur lui que repose la réussite. Ces mesures permettent d'éliminer l'énurésie nocturne primaire isolée dans environ 30 % des cas. Si elles ne suffisent pas, le médecin pourra proposer d’utiliser divers moyens adaptés (alarme, médicament, accompagnement psychologique).
La prise en charge d’une énurésie nocturne chez l’enfant de 5 ans et plus comporte une base commune (information, évaluation de la motivation, calendrier mictionnel, conseils hygiéno-diététiques), puis éventuellement un traitement spécifique de la cause dominante (desmopressine pour la forme polyurique, conditionnement et alarme pour la forme à petite capacité vésicale). Les formes réfractaires peuvent justifier des associations thérapeutiques.
Dans l’énurésie avec urines abondantes (forme polyurique), le médecin peut proposer la prise d’un médicament, la desmopressine, qui imite l'action de l'hormone antidiurétique et retient donc l'eau dans l'organisme. Son principal effet secondaire possible est la baisse du sodium dans le sang, il est donc recommandé de ne pas boire entre la prise du comprimé et le sommeil. Elle stoppe l'émission d'urine pendant 8 à 10 heures. Ce médicament est réservé aux enfants de plus de 6 ans et prescrit en général pour une durée de 3 à 6 mois. Il permet de diminuer de moitié le nombre de nuits mouillées dans 60 à 70 % des cas au bout de 6 mois.
L’oxybutynine est parfois prescrite en deuxième intention chez les enfants qui ont une vessie de petite capacité. Son mode d’action est différent puisque cette molécule relâche les muscles de la vessie et permet donc d’augmenter son volume.
Le traitement médicamenteux n’est pas systématique. Il sera discuté en cas d’échec des mesures éducatives et hygiéniques, et lorsque l’énurésie est mal tolérée par l’enfant ou l’adolescent.
Dans les formes à petite capacité vésicale, l’utilisation d’une alarme (appelée aussi « pipi stop ») peut être proposée. Il s’agit d’une technique de conditionnement, qui utilise une sonnerie déclenchée par la fuite urinaire et qui réveille l’enfant pour qu’il reprenne le contrôle de sa miction. Ce traitement peut être difficilement accepté par l'enfant et sa famille. Il est souvent prescrit pour une durée de cinq à huit semaines et n'est pas remboursé par l'Assurance Maladie.
La psychothérapie est essentiellement utilisée si l’enfant souffre des conséquences du pipi au lit au quotidien, s’il présente une perte d'estime de soi ou une hyperactivité.
L’acupuncture, l’hypnose, l’homéopathie ou la rééducation vésico-sphinctérienne ont aussi montré des résultats encourageants.
Si les causes de l’énurésie sont psychologiques (choc affectif, mal-être généralisé), l’aide d’un pédopsychiatre ou d’un psychologue peut être nécessaire. En parlant avec l’enfant, en présence ou non des parents, le thérapeute va chercher les causes possibles de l’énurésie, mais aussi s’intéresser à la personnalité de l’enfant, à ses relations avec les autres, à ses antécédents familiaux. Des jeux, des dessins sont parfois utilisés pour aider l’enfant à mettre des mots sur ce qu’il ressent. Ce travail de fond s’accompagne également de conseils et d’exercices pratiques, pour que l’enfant soit réellement impliqué dans son traitement.
Une thérapie basée sur la récompense peut être proposée pour les enfants de plus de 6 ans. Sur un calendrier, l'enfant note ses progrès en indiquant quelles nuits ont été « sèches » ou « mouillées ». Pour chaque nuit où il ne mouille pas son lit, il peut coller ou dessiner un symbole (étoiles, soleil/pluie). Lorsqu'il a complété un tableau, il peut se choisir une petite récompense en fonction de ses progrès.