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VIH, hépatite C : les «salles de shoot» réduisent les risques de transmission des virus

Les salles de consommation à moindre risque, où les usagers peuvent s'injecter des drogues dans un cadre surveillé, sont efficaces pour limiter les pratiques à risque d’infection au VIH et à l’hépatite C.

VIH, hépatite C : les \ diego_cervo/iStock




L'ESSENTIEL
  • Un des principaux facteurs de risque de transmission des virus du VIH et de l’hépatite C est le partage de matériel comme les aiguilles ou les seringues.
  • Une réduction de 90 % du risque de partage de matériel est observée dans les "salles de shoot", où les consommateurs de drogues peuvent s’en injecter dans de meilleures conditions d’hygiène.
  • Aucune différence significative entre les patients ayant accès aux "salles de shoot" et ceux bénéficiant d’autres programmes de réduction des risques n’était visible sur le dépistage de l’hépatite C ni sur le suivi d’un traitement par agoniste opioïde.

En Suisse, au Canada ou encore aux États-Unis, les "salles de shoot" font partie du paysage. Ces salles de consommation à moindre risque (SCMR) sont des espaces où les personnes qui consomment des substances par voie intraveineuse peuvent pratiquer leur injection dans de bonnes conditions. L'objectif de ces structures ? Réduire les risques de transmission des virus du VIH et de l'hépatite C en offrant un accès facilité à du matériel d’injection stérile à usage unique sous la supervision d’un personnel formé. Pour rappel, "le partage de matériel comme les aiguilles ou les seringues est un des principaux facteurs de risque de transmission des virus", selon des chercheurs de l’Inserm, du CNRS, de l’EHESS, des universités de Strasbourg, d’Aix-Marseille et de Bordeaux.

Une diminution de 90 % du risque de partage de matériel dans les "salles de shoot"

En France, les salles de consommation à moindre risque sont actuellement expérimentées à Paris et à Strasbourg. D'autres villes, comme Nancy, travaillent également sur des projets d'ouverture de telles structures. Dans le cadre d’une nouvelle étude, l’équipe de scientifiques a voulu examiner l’impact des salles de consommation à moindre risque sur le partage de matériel d'injection et l'accès au dépistage de l'hépatite C et aux traitements dits "par agoniste opioïde" (TAO). Pour cela, ils ont suivi 665 usagers de substances par injection dans quatre grandes villes françaises, Bordeaux, Marseille, Paris et Strasbourg. Les auteurs ont utilisé les données provenant d'entretiens en face-à-face au moment de l'inscription et lors des visites à 6 et 12 mois. Ensuite, une comparaison a été faite entre les informations des volontaires ayant accès à une SCMR et celles des adultes bénéficiant d’autres types de structures ou programmes de réduction des risques.

Les recherches, publiées dans la revue Addiction, ont montré une réduction significative de 90 % du risque de partage de matériel chez les personnes ayant accès à une SCMR par rapport à celles qui avaient accès à d'autres structures de réduction des risques. "Alors que plus de 25 % des participants déclaraient être infectés par l’hépatite C, les résultats de cette étude montrent que 1 % des participants ayant accès aux salles de consommation déclaraient être susceptibles de partager leur équipement d’injection contre 11 % de ceux n’ayant pas accès à ces lieux. (…) Dans le contexte de soin français, ces lieux auraient un impact positif sur les pratiques à risque infectieux de VIH et d’hépatite C", a déclaré Marie Jauffret-Roustide, chercheuse Inserm et co-auteure de ces travaux, dans un communiqué.

"Salles de shoot" : aucun impact sur le dépistage de l’hépatite C

Cependant, aucune différence significative n’a été observée entre les adultes ayant accès aux salles de consommation à moindre risque et ceux ayant accès à d'autres structures en ce qui concerne le dépistage de l'hépatite C et le suivi d'un traitement par agoniste opioïde. "Cela peut s’expliquer par le fait que le modèle de soin français permet de proposer désormais systématiquement un dépistage de l’hépatite C dans les lieux de réduction des risques. De plus, s’il existe un large accès aux TAO dans notre pays, selon notre étude, les personnes qui accèdent aux salles de consommation à Paris sont très nombreuses à utiliser des sulfates de morphine sans prescription, ce qui n’est pas encore considéré officiellement comme un TAO : cela pourrait donner un résultat sous-évalué pour les salles de consommation", ont précisé Perrine Roux, Marc Auriacombe et Laurence Lalanne, co-auteurs de l’étude.

Face à ces résultats, les chercheurs insistent sur la nécessité de mettre en place des "actions complémentaires à celles déjà existantes", afin de mieux lutter contre les transmissions virales chez les personnes qui consomment des substances par injection. "En particulier, développer les haltes soins addictions mais également faciliter l’accès à des traitements par agonistes opioïdes plus diversifiés et proposer des prises en charge globales."

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