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QUESTION D'ACTU

Plus de 25 pays touchés dans le monde

Peste : le serial killer refait surface

Considérée comme une maladie du passé, la peste inquiète toujours les chercheurs. L’Afrique est le pays le plus touché, mais un décès a encore eu lieu ce week-end aux Etats Unis. 

Peste : le serial killer refait surface DURAND FLORENCE/SIPA




Le Ministère de la Santé de l’état du Nouveau Mexique aux Etats-Unis l’a annoncé le 1er novembre :  un homme de 80 ans est décédé de la peste. Il s'agit du 4ème cas humain recensé cette année dans cet Etat américain, les 3 autres victimes désormais guéries, étant un garçon de 15 ans, une fillette de 11 ans et un homme de 52 ans.
Un bilan qui tranche avec la croyance populaire qui veut que la peste serait une maladie du passé enfouie dans les grandes épidémies historiques.
Pourtant, d’après une étude scientifique publiée dans la revue The American Journal of Tropical Medecine and Hygiene, contrairement à la variole qui a été éradiquée, la peste continue à tuer à travers le monde. Alors que les auteurs de cette analyse font état de 21725 cas de peste et 1612 décès répertoriés entre 2000 et 2009, certains spécialistes estiment que le bilan réel serait plus important. Pour preuve, les dernières données déclarées par l’OMS font état de 40 000 cas entre 1991 et 2006 dans 25 pays.
Depuis une décennie environ, le continent africain est le plus grand pourvoyeur de cette maladie. Et Madagascar détient le triste record du pays le plus touché. Par ailleurs, plusieurs pays développés comme les Etats-Unis ou la Russie, rapportent régulièrement de nouveaux foyers de peste.

 

Ecoutez le Pr Elisabeth Carniel, Institut Pasteur : « Depuis les années 90, la peste réapparait dans des pays où elle avait disparu depuis parfois 80 ans. Cela veut dire que potentiellement des foyers peuvent reprendre et réexplosent. »

 

La France pourrait être touchée par une épidémie de peste 

Même si le dernier cas français date de 1945 en Corse, ce risque n’est absolument pas exclu dans l'Hexagone, selon les scientifiques. « On ne peut pas éliminer cette possibilité, même s'il y a quand même une histoire de rongeurs appropriés, explique Elisabeth Carniel. Aux Etats Unis par exemple, il y a tout ce qu’il faut dans les parcs pour permettre aux réservoirs animaux et à la maladie de se maintenir. En France, si la peste revient, personne ne peut dire si elle pourrait retrouver un réservoir animal approprié, tant que cela ne s’est pas produit ».


En effet, la peste est une infection causée par une bactérie (Yersinia pestis) qui circule essentiellement parmi les rongeurs. L’homme est généralement infecté lorsqu’il est piqué par une puce provenant d’un rongeur porteur de la bactérie. D’ailleurs les spécialistes rappellent que même si l’on a tendance à n’évoquer que les cas humains de peste, l’absence de patients infectés, ne signifie pas que la maladie est éradiquée du pays.

 

Ecoutez le Pr Elisabeth Carniel : « Actuellement l’Europe est épargnée, la Russie qui n’avait pas eu de cas depuis très longtemps, a déclaré cette année un foyer animal, donc certains pays européens pourraient être affectés à un moment ou à un autre. »

 

Pour expliquer cette augmentation du nombre de pays touchés par la peste, les infectiologues ont plusieurs hypothèses. L’une des explications pourrait être la baisse de la vigilance au cours des années. Tant qu’un pays se savait infecter par la peste, de nombreuses mesures de surveillance étaient mises en place, comme cela a été le cas en l’Inde par exemple. « Pendant 30 ans, aucun cas de peste n’a été notifié en Inde, elle croyait être débarrassée de cette maladie. Tous les systèmes de surveillance ont complètement été stoppés, jusqu’à ce qu’elle ressurgisse sous sa forme pulmonaire en 1994 et ça a été la panique », précise Elisabeth Carniel.
Enfin, un autre phénomène qui expliquerait cette ré-émergence de la peste, pourrait être le réchauffement climatique. Plusieurs études ont montré que les changements de températures pourraient favoriser le développement du réservoir animal et son expansion.

 

Un vaccin très prometteur en manque d’industriel

Par ailleurs, les scientifiques ne cessent de s’intéresser à cette maladie, à son traitement, comme aux moyens de la prévenir. Bien que l’utilisation d’antibiotiques et la mise en place de meilleures mesures de santé publique aient permis de faire disparaître les terribles vagues de peste comme celle du XIVème siècle qui décima le tiers de la population, cela n’a cependant pas permis de l’éradiquer.
La mise au point d’un vaccin préventif représenterait par exemple une avancée majeure. « La mortalité de la peste est souvent causée par un problème d’accès au traitement antibiotique dans certains pays. Si un vaccin protègeant pour plusieurs années était disponible, par exemple à Madagascar, ils seraient très demandeurs », conclut Elisabeth Carniel.
Le problème, c’est que la peste, comme certaines autres maladies négligées, intéresse les chercheurs, mais pas assez les industriels. Alors qu’une équipe de l’Institut pasteur a déjà obtenu des résultats très prometteurs sur un vaccin potentiel, faute de financement, il est pour le moment impossible de le tester chez l’homme. Une partie de ces travaux a d’ailleurs été publiée en 2012, sur un vaccin qui protègerait dans 100% des cas contre la peste pulmonaire.

 

Ecoutez le Pr Elisabeth Carniel : « Nous travaillons sur un vaccin qui donne des résultats excellents. Mais le nombre de cas humain n’est pas suffisant pour intéresser les industriels au développement. Les phases cliniques chez l’homme notamment coûtent très cher. »

 

Mais la recherche sur la peste ne se limite pas au traitement de cette maladie. Plusieurs équipes dans le monde tentent de mieux comprendre pourquoi la bactérie responsable de la peste est capable de tuer avec une efficacité aussi redoutable. Enfin, d’autres travaux en cours analysent certains déterminismes de résistance naturelle. En effet, plusieurs animaux, mais probablement certains hommes également, seraient capables de survivre à cette maladie grâce à certaines prédispositions génétiques. Identifier les gènes responsables de cette capacité de résistance à la peste, permettrait notamment de mettre au point de nouveaux moyens de se protéger contre « Yersinia pestis ». 

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