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Égalité des soins

Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de décéder d’un accident cardiaque

Que ce soit à court ou à long terme, les femmes ont nettement moins de chances de survivre à un accident cardiaque que les hommes, révèle une étude.

Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de décéder d’un accident cardiaque dragana991/iStock




L'ESSENTIEL
  • 120 000 infarctus du myocarde surviennent chaque année en France.
  • Environ 10 % des victimes décèdent dans l'heure qui suit et le taux de mortalité à un an est de 15 %.
  • Près de la moitié des femmes de moins de 60 ans victimes d'un infarctus du myocarde ne ressentent pas les symptômes classiques.

Chaque jour, en France, 200 femmes décèderaient de maladies cardiovasculaires. Pourtant, le cœur des femmes continue à être moins bien pris en charge que celui des hommes.

C’est ce que démontre une nouvelle étude présentée samedi 19 mars à l'ESC Acute CardioVascular Care 2022, un congrès scientifique de la Société européenne de cardiologie.

"Les femmes et les hommes de notre étude avaient des caractéristiques cliniques similaires lorsqu'ils ont développé un choc cardiogénique après une crise cardiaque", a déclaré le Dr Sarah Holle, de l'hôpital universitaire de Copenhague, Rigshospitalet (Danemark), qui a dirigé les travaux. Soulignant que les cliniciens ne prennent pas les mêmes décisions de traitement selon que le patient est un homme ou une femme, elle plaide à une "plus grande sensibilisation des professionnels de la santé au fait que les femmes ont des crises cardiaques et peuvent développer un choc cardiogénique".

Des différences genrées dans la prise en charge du choc cardiogénique

Généralement causé par une crise cardiaque, le choc cardiogénique est un état potentiellement mortel dans lequel le cœur ne parvient soudainement plus à pomper suffisamment de sang pour alimenter les organes du corps en oxygène. Il toucherait jusqu’à 10 % des patients victimes d’une crise cardiaque, et seule la moitié d’entre eux y survivent.

Pour examiner les différences de traitement et de survie entre les femmes et les hommes ayant subi une crise cardiaque et un choc cardiogénique, les chercheurs ont étudié les données de 1 716 patients victimes d'une crise cardiaque et présentant un choc cardiogénique entre 2010 et 2017. 438 (26 %) étaient des femmes, dont l’âge moyen était de 71 ans, contre 66 ans pour les hommes.

En cas de choc cardiogénique, les femmes et les hommes présentaient des paramètres cliniques comparables tels que la pression artérielle, la fréquence cardiaque, le lactate plasmatique (un marqueur du niveau d'oxygène dans les organes) et la fraction d'éjection du ventricule gauche (fonction de la pompe cardiaque).

Pourtant, ils n’ont souvent pas reçu les mêmes traitements. Plus spécifiquement, seules 19 % de femmes contre 26 % d’hommes ont reçu une assistance circulatoire mécanique. Une proportion significativement plus femme de femmes a aussi subi des procédures mini-invasives ou chirurgicales pour rétablir le flux sanguin dans les artères obstruées (83 % de femmes contre 88 % d'hommes), et une ventilation mécanique (67 % de femmes contre 82 % d'hommes).

Un taux de survie à court et long terme inférieur à celui des hommes

Cette différence dans les soins reçus a de nettes conséquences sur le taux de survie des femmes. Ces dernières avaient nettement moins de chances que les hommes de survivre à court et à long terme : trente jours après l'accident cardiaque, seulement 38 % des femmes étaient en vie, contre 50 % des hommes. Après 8,5 ans, 27 % des femmes étaient en vie, contre 39 % des hommes.

Selon le Dr Holle, "il existe de plus en plus de preuves que les femmes souffrant de problèmes cardiaques aigus sont plus susceptibles que les hommes de présenter des symptômes non spécifiques tels que l'essoufflement, les nausées, les vomissements, la toux, la fatigue et les douleurs dans le dos, la mâchoire ou le cou". C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles plus de femmes que d'hommes ont été initialement admises dans un hôpital local, plutôt que dans un hôpital spécialisé, avance la chercheuse.

"Une meilleure reconnaissance du fait que les femmes peuvent présenter des symptômes autres que des douleurs thoraciques pourrait minimiser les retards dans le diagnostic et le traitement et potentiellement améliorer le pronostic", estime-t-elle.

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