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QUESTION D'ACTU

Maladies neurodégénératives

Comment les bactéries intestinales peuvent avoir un impact sur la sclérose en plaques ?

Des échantillons de liquide céphalo-rachidien prélevés chez des personnes atteintes de sclérose en plaques montrent des niveaux élevés de différentes substances toxiques, produites par des bactéries intestinales. 

 Comment les bactéries intestinales peuvent avoir un impact sur la sclérose en plaques ? Marcin Klapczynski/istock




L'ESSENTIEL
  • La sclérose en plaques touche le système nerveux central : le système immunitaire s’attaque à la myéline, qui compose la gaine des fibres nerveuses.
  • Le microbiote intestinal est impliqué dans des maladies inflammatoires et auto-immunes.
  • Les bactéries présentes dans les intestins peuvent produire des composés toxiques pour les cellules nerveuses.

L’intestin est parfois qualifié de deuxième cerveau. De fait, il a une grande influence sur notre organisme : il a un impact sur le système immunitaire, cardio-vasculaire mais aussi osseux. Des travaux parus dans la revue Brain montrent qu’il serait également impliqué dans l’apparition de certaines maladies neurodégénératives. Ses auteurs ont constaté que des bactéries intestinales étaient liées à la sclérose en plaques (SEP). 

Qu’est-ce qui a motivé cette recherche ? 

Des études scientifiques précédemment publiées ont démontré qu’un déséquilibre dans le microbiote intestinal, soit l’ensemble des micro-organismes présents dans les intestins humains, pouvait être à l'origine d'une série de troubles neurologiques. Dans le cas de la sclérose en plaques, certaines bactéries intestinales sont en quantité supérieure ou  inférieure chez les patients atteints de SEP par rapport aux individus en bonne santé. Mais jusqu’ici les liens précis entre ces bactéries et l’apparition de la maladie neurodégénérative étaient inconnus. 

Trois substances anormalement présentes 

Dans ces travaux, l'équipe de recherche a analysé des échantillons de sang et de liquide céphalo-rachidien de patients volontaires, suivis au Multiple Sclerosis Center of Northeastern, à New York. Les prélèvements ont été effectués avant et après l’administration de fumarate de diméthyle (DMF), un traitement préventif contre les poussées de sclérose en plaques, qui aurait un effet profond sur le microbiote intestinal des personnes atteintes de SEP. Les données ont permis aux chercheurs d'identifier une sur-représentation de trois métabolites toxiques, soit des composés organiques, chez les patients atteints de SEP non-traités par le DMF par rapport à l’échantillon test, c’est-à-dire un groupe de personnes non-atteintes par la maladie. Ces substances sont produites par des bactéries intestinales. "Nos résultats suggèrent que les bactéries intestinales des patients atteints de SEP produisent et libèrent de grandes quantités de sulfate de p-crésol, de sulfate d'indoxyle et de N-phénylacétylglutamine dans la circulation sanguine, explique Hye-Jin Park, l'un des auteurs principaux de l’étude, et elles finissent par atteindre le liquide céphalo-rachidien" Grâce à ce liquide, les métabolites toxiques sont présents tout autour du cerveau et de la moelle épinière. Selon ce chercheur, cela leur permet de "jouer potentiellement un rôle dans le destruction de la gaine de myéline qui protège les nerfs", la destruction de cette gaine est l’un des principaux mécanismes de la SEP.

De futurs traitements ? 

La recherche a également permis aux auteurs de constater que le traitement avec le DMF avait un effet sur le phénomène : le taux de métabolites a baissé après l’administration du médicament. "C'est une découverte passionnante et importante, affirme Patrizia Casaccia, co-autrice de l'étude. Ce travail améliore non seulement notre compréhension du rôle de la communication intestin-cerveau dans la progression de la maladie neurodégénérative, mais fournit également une cible métabolique potentielle pour le développement de nouvelles thérapies contre la SEP."

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