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Santé mentale

Les hommes passant du temps en famille ont un risque plus faible de suicide

En passant davantage de temps à s’occuper de leurs enfants ou de leurs proches, et donc en passant moins de temps au travail, les hommes pourraient significativement réduire leur risque de suicide, estime une étude.

Les hommes passant du temps en famille ont un risque plus faible de suicide petrunjela/iStock




L'ESSENTIEL
  • En France, comme dans d'autres pays, les trois quarts des morts par suicide concernent des hommes. Un lien entre la pression ressentie au travail a été établi par de précédentes études.
  • Selon ces nouveaux travaux menés dans 20 pays, les taux de suicide sont plus faibles lorsque les homme consacrent plus de temps aux soins familiaux.
  • Passer du temps en famille permettrait aux hommes de diversifier leurs sources de sens et d'objectifs, ainsi que leur capital social et leurs réseaux.

Selon le dernier rapport de l’Observatoire national du suicide, 8 580 décès par suicide ont été enregistrés sur l’ensemble du territoire français en 2016. 75 % des morts par suicide sont des hommes, soit 6 750 hommes qui se sont ôtés la vie en 2016. Cette surmortalité masculine n’est pas un phénomène typiquement français : elle a été constatée dans la plupart des pays.

Comment l’expliquer ? De nombreuses recherches ont tenté d’expliquer pourquoi les hommes étaient trois fois plus nombreux que les femmes à se suicider. La plupart établissent ainsi un lien entre la mortalité par suicide des hommes et le stress et les exigences que génèrent leur emploi, ainsi que leur rôle de "pourvoyeur économique".

C’est sur les bases de cette théorie que la chercheuse Silvia Sara Canetto, professeure de psychologie à l'université d'État du Colorado, a tenté d’expliquer les taux élevés de suicide chez les hommes. Elle en a conclu que la mortalité par suicide chez les hommes est liée à leurs comportements dans la vie privée. Ceux qui surinvestissent leur vie professionnelle mais délaissent le domaine familial seraient plus vulnérables lorsque leur travail est menacé ou perdu, ce qui accroît leur risque de suicide. Les résultats de l’étude viennent de paraître dans la revue Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology.

Le temps passé en famille protège les hommes du suicide

Pour parvenir à la conclusion selon laquelle le travail des soins familiaux prévenait le risque de suicide chez les hommes, les chercheurs ont examiné les taux de suicide, de prise en charge familiale des hommes et de chômage dans 20 pays, dont les États-Unis, l'Autriche, la Belgique, le Canada et le Japon. Ils ont constaté que les taux de suicide étaient plus faibles dans les pays où les hommes déclaraient davantage de travail de soins familiaux.

Dans les pays où les hommes déclarent davantage de tâches familiales, les taux de chômage plus élevés ne sont pas associés à des taux de suicide plus élevés chez les hommes. En revanche, dans les pays où les hommes déclarent moins de temps à éduquer ou apporter des soins aux enfants et aux adultes dépendants, des taux de chômage plus élevés sont associés à des taux de suicide masculins plus élevés. Par ailleurs, les allocations de chômage n'ont pas réduit les taux de suicide chez les hommes.

Pour la Pre Canetto, ces résultats montrent que passer plus de temps à s’occuper de ses proches peut protéger les hommes contre le suicide, en particulier en cas de contexte économique difficile.

L'urgence de revoir les programmes de prévention

Comment expliquer ce lien entre travail des soins familiaux et protection contre le suicide ? Pour l’autrice de l’étude, s’occuper de ses enfants ou de ses parents dépendants "serait un moyen pour les hommes de diversifier leurs sources de sens et d'objectifs, ainsi que leur capital social et leurs réseaux". Une plus grande implication des hommes dans le travail à la maison profiterait aussi aux femmes, qui seraient en partie délestées de leur charge disproportionnée de soins, et donnerait aux enfants plus de ressources, estime la Pr Canetto, qui souligne que les programmes de prévention contre le suicide masculin devraient intégrer le soutien à l’engagement dans le travail de soins familiaux. "Cela signifie qu'il faut dépasser les cadres dominants de la prévention du suicide chez les hommes en mettant l'accent sur l'aide à l'emploi." Mais aussi "aller au-delà du traitement du suicide comme un simple problème de santé mentale à résoudre avec des ‘traitements’", conclut la chercheuse.

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