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QUESTION D'ACTU

Bonnes feuilles

Procès du Mediator : «Encore beaucoup d'autres médicaments sont détournés de leur fonction»

Ce lundi 29 mars, les laboratoires Servier viennent d'être reconnus coupables de "tromperie aggravée" dans le procès emblématique du Mediator. L'occasion de publier les bonnes feuilles de "10 000 morts sur ordonnance" (Cherche midi éditeur), où le Dr Sauveur Boukris rappelle qu'il existe encore sur le marché des médicaments prescrits par des médecins qui sont détournés de leur indication.

Procès du Mediator : \ art159 / istock.




L'ESSENTIEL
  • Les laboratoires Servier sont reconnus coupables de "tromperie aggravée" et condamnés à 2,7 millions d'euros d'amende.
  • L'agence du médicament (ANSM) est condamnée à 300 000 euros d'amende pour négligence dans la surveillance du Mediator.
  • Le Mediator est accusé d’avoir causé la mort de 1 500 à 2 100 personnes.

« L’usage détourné des médicaments est l’utilisation d’un médicament psychoactif à des fins d’automédication, de divertissement ou d’amélioration des performances, sur prescription médicale ou non, et en dehors des directives médicales généralement acceptées. Il peut s’inscrire dans le cadre d’une polyconsommation de drogues. »

Encore un sujet dont on parle peu et qui entraîne des décès. Dans le passé, il y a toujours eu des médicaments détournés de leur usage. L’exemple le plus spectaculaire est celui du MÉDIATOR, qui a été présenté comme antidiabétique et qui a été détourné de son indication pour en faire un « coupe-faim », provoquant des centaines de morts. Il a été prescrit pendant des années à plus de 5 millions de personnes. Le CYTOTEC par exemple, un antiulcéreux, était largement utilisé en gynécologie pour les avortements. De même la pilule DIANE 35 était utilisée contre l’acné. Elle a été retirée du marché en janvier 2013 après avoir été accusée d’être liée au décès de quatre patientes en 25 ans.

Les médicaments falsifiés ou le médicrime

Il existe encore sur le marché des médicaments prescrits par des médecins qui sont détournés de leur indication. C’est le cas des médicaments contre la douleur : les opiacés, la codéine et le tramadol, des médicaments préconisés dans les troubles du sommeil ou l’anxiété comme le STILNOX (zolpidem) ou la RITALINE. Les antidouleurs, les psychostimulants, les hypnotiques et sédatifs et les tranquillisants sont les médicaments les plus détournés de leur usage. Ils sont détournés à des fins de divertissement, ou d’amélioration des performances.

Le nomadisme médical

Ces médicaments sont obtenus normalement par l’intermédiaire du médecin qui les prescrit sur une ordonnance. Puis le patient va les chercher chez son pharmacien. Le « nomadisme médical » ou le « doctor shopping » consiste à recourir à plusieurs prescripteurs sur une période de temps déterminée. On connaît des patients qui ont plus de cinq médecins prescripteurs. Cette pratique concerne aussi bien les personnes qui ont besoin de grandes quantités de médicaments pour leur propre consommation que ceux dont l’objectif est de les revendre officieusement ou de les échanger contre d’autres substances.

Le trafic de ces médicaments est très lucratif. Entre les falsifications d’ordonnance et les détournements des prescriptions médicales, le phénomène est considérable. Selon la Drug Enforcement Administration (DEA7), le détournement des médicaments génère aux États-Unis plus de 25 milliards de dollars chaque année. En France, les enquêtes sur la population générale n’abordent pas ou peu le mésusage ou les abus des médicaments. On se base sur les données de l’Assurance maladie. Les analyses montrent que quel que soit le produit, la proportion de sujets à l’origine de détournement de médicaments par multiplication des prescripteurs est faible, mais que la quantité obtenue par cette minorité peut atteindre des niveaux très élevés. 

Pour en savoir plus, lisez "10 000 morts sur ordonnance" (Cherche midi éditeur), du Dr Sauveur Boukris.

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