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QUESTION D'ACTU

Série "les mots de la crise"

Anosmie : «Pour beaucoup ce n'est pas grave, alors que c'est en fait un vrai handicap»

L'épidémie de Covid-19 a fait découvrir que l'anosmie -la perte de l'odorat- est un trouble dont les conséquences peuvent être plus graves que ce que l'on imagine couramment.

Anosmie : \ Nenad Cavoski/iStock




L'ESSENTIEL
  • L'anosmie, ou perte de l'odorat, toucherait une majorité de patients de la Covid-19
  • Cette perte d'odorat ne touchait jusque-là que 5% de la population et n'était pas considérée par le grand public comme une maladie grave
  • L'anosmie est pourtant un réel handicap qui perturbe la prise alimentaire et représente un gène importante dans la vie quotidienne

C'est un des symptômes les plus courants de la Covid-19 : l'anosmie toucherait de façon transitoire entre 60 et 80% des personnes contaminées par le coronavirus. Et pourtant, cette perte d'odorat que recouvre ce nom "savant" d'anosmie n'était pas jusque-là un trouble dont on se souciait beaucoup. "L'olfaction est un sens qui est mal considéré, les gens ont l'impression que leur odorat n'est pas quelque chose de très important, pour le grand public, l'anosmie ce n'est pas très grave, ce n'est pas comme si on était aveugle", remarque le Dr Claire Martin, neurobiologiste, qui note ce que ce désintérêt a de paradoxal dans un pays comme la France, championne de la parfumerie et ... de la grande cuisine !

La perte de l'odorat est très handicapante

Tous ceux qui en ont souffert ou qui continuent d'en souffrir après avoir été contaminés par le SARS-CoV-2 ont à coup sûr changé d'avis. "Quand on discute avec des gens qui ont connu cette perte d'odorat, et il y en a de plus en plus depuis le début de l'épidémie, on voit bien que c'est quelque chose qui est très handicapant", souligne Claire Martin. La perte, même temporaire, de ce sens impacte notamment la prise alimentaire puisque l'odorat contribue largement au goût avec lequel il est étroitement lié. Mais elle perturbe également la communication non verbale et, surtout, peut être à l'origine d'accidents domestiques en empêchant de reconnaître des odeurs signalant un danger, le feu ou la présence de produits toxiques, par exemple.

Si les cas d'anosmie se sont multipliés avec l'épidémie de Covid-19, ce trouble ne concernait jusque-là que 5% environ de la population. Parmi les causes les plus classiques, la génétique -l'absence d'odorat peut être héréditaire-, certaines rhinites infectieuses, la polypose nasale, des traumatismes crâniens mineurs mais surtout les maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson.

L'odorat peut être rééduqué

Heureusement, même si une certaine proportion de malades de la Covid-19 risquent de souffrir de cette perte d'odorat durant de longs mois, l'anosmie due à l'épidémie ne dure pour la plupart des patients que deux ou trois semaines. "On pense que 90% des personnes touchées récupèrent de toute façon leur odorat au bout de 6 ou 8 mois au plus", précise Claire Martin.

La bonne nouvelle, c'est que s'il n'existe aucun traitement médicamenteux pour "guérir" l'anosmie, l'odorat est un sens qui peut être rééduqué. "L'avantage du système olfactif, c'est que les neurones qui sont dans le nez et qui détectent les odeurs peuvent repousser", explique la neurobiologiste en rappelant qu'il existe un protocole de rééducation qui dure 12 semaines et qui est basé sur des exercices utilisant des huiles essentielles pour stimuler ces neurones et la mémoire olfactive. "Des études montrent que cette technique apporte des bénéfices pour environ 30% de ceux qui la pratiquent", assure Claire Martin.

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