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Fêtes de fin d'année : pourquoi la règle des «six à table» a du sens, selon l'infectiologue Jean-Paul Stahl

Bien que selon un récent sondage Odéro, plus d’un tiers (38%) des Français ne voient pas le bien-fondé de cette restriction, pour l’infectiologue Jean-Paul Stahl, la règle des "six à table" est une mesure de bon sens pour limiter au maximum la transmission du virus.

Fêtes de fin d'année : pourquoi la règle des \ iStockphoto.com/SeventyFour




Un Noël pas comme les autres. Jeudi 3 décembre, le premier ministre Jean Castex a fait part dans son allocution de son souhait de voir les repas de Noël et du réveillon limités à six personnes maximum, sans compter les enfants. Dans un sondage Odero paru mercredi, près d’un quart des Français (23%) annonçait qu’ils ne respecteraient pas cette limitation même si elle devenait obligatoire. Si 38% des sondés sont contre cette mesure, Jean-Paul Stahl, infectiologue au centre hospitalier de Grenoble, nous explique pourquoi il croit à l’utilité de cette mesure.

- Quel est selon vous le bien-fondé de cette recommandation? 

Le bien-fondé, c’est d’éviter d’avoir des repas à trente personnes. Plus vous agglomérez de personnes dans un endroit clos, plus les chances de transmissions augmentent. On le sait, 60% des cas de contamination surviennent au cours d’un repas — qu’il soit privé ou au restaurant — parce que c’est un moment où vous n’avez pas de masques. Après, si vous avez la chance que parmi les trente convives, il n’y ait aucun porteur du virus, il n’y aura aucune contamination, c’est logique. Mais le nombre de personnes autour de la table augmente les risques. En somme, c’est juste un problème statistique. 

- Sachant que dans les six personnes, les enfants ne sont pas compris et qu’ils peuvent être des porteurs asymptomatiques, pensez-vous que cela puisse être un problème?

Les enfants peuvent être des porteurs asymptomatiques mais la transmission dans le sens enfant/adulte n’est pas fréquente, c’est plutôt les adultes qui contaminent les enfants. C’est ce que nous voyons sur des études pédiatriques françaises mais également aux Etats-Unis, donc je ne crois pas que les enfants soient un problème. Après, on ne peut pas demander aux gens de séparer les enfants, il faut être réaliste.

- En parlant du principe de réalité, le professeur Rémi Salomon évoquait il y a quelques semaines la possibilité de faire manger les grands-parents dans la cuisine. C’est une question de bon sens selon vous?

Ce n’est pas réaliste, personne ne fera ça. Soit on considère que les personnes âgées sont trop fragiles, auquel cas ces personnes restent chez elles par mesure de précaution, soit si elles viennent chez vous, ce n’est pas pour être dans la pièce d’à-côté. Le mieux pour les protéger, c’est à dire essayer de se tenir à distance et porter un masque lorsque vous n’êtes pas en train de manger. 

- Pour les fêtes, nous serons avec des personnes qui ne vivent pas sous le même toit que nous. Cela ne risque-t-il pas d’accroître le phénomène de transmission du coronavirus? 

C’est bien sûr un risque, c’est pour cela que les Italiens et les Espagnols ont limité les réunions à deux foyers différents. Les Allemands sont à dix personnes pour les fêtes, ce qui revient sensiblement à la même chose. En France, six personnes, cela représente en moyenne deux foyers, ce qui limite les risques. A quelques variantes près, tous les Européens font pareil: il ne faut pas qu’il y ait beaucoup de monde autour de la table, c’est tout.

- Contrairement à Noël qui se fête en famille, le réveillon mélange la sphère familiale avec la sphère amicale. Comment peut-on envisager un réveillon restreint? 

Il faut honnêtement que les gens aient un minimum de responsabilité. Il faut qu’ils aient enfin compris — je dis enfin parce que ça nous met en colère d’un point de vue sanitaire — que s’ils avaient écouté ce que nous leur avions dit au printemps, nous n’en serions pas là. Rien n’a été écouté, ils ont fait la fête, rempli les plages et voilà où nous en sommes. Si les gens n’ont toujours pas compris qu’en se réunissant à plusieurs dans un endroit confiné, on fabrique immanquablement de la transmission, des malades, et des morts par extension, alors nous n’y pouvons plus rien.

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