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Dyslexie

Enfants dyslexiques : une sensibilité émotionnelle à double tranchant

Cette hypersensibilité aux émotions des dyslexiques va de pair avec l’intelligence sociale, ce qui aide les enfants à nouer des relations avec les autres, mais elle est aussi un risque accru d’anxiété et de dépression. 

Enfants dyslexiques : une sensibilité émotionnelle à double tranchant iStockphoto.com/Sneksy




L'ESSENTIEL
  • Les enfants dyslexiques possèdent une émotivité supérieure aux autres.
  • Cette hypersensibilité aux émotions est un point positif car il traduit une forte intelligence sociale, ce qui leur permet de nouer facilement des liens en société.
  • A l'inverse, cette émotivité exacerbée leur fait courir le risque d'être plus facilement sujet à la dépression et à l'anxiété.

La dyslexie est une maladie assez mal comprise, surtout chez les enfants. Des chercheurs en neurosciences de l’université de Californie à San Francisco (Etats-Unis) ont découvert que les enfants dyslexiques avaient une plus grande sensibilité et réactivité émotionnelle que les autres, ce qui améliore leur sens social tout en les exposant à l’anxiété et à la dépression. L’étude a été publiée le 20 novembre 2020 dans la revue Cortex.

Une maladie relativement méconnue

La dyslexie est un trouble durable du langage affectant aussi bien la lecture que l’écriture ou l’apprentissage de l’orthographe. En France, la dyslexie affecterait entre 8 et 10% de la population. Maladie connue de nom mais méconnue dans les faits, elle peut être une source de handicap pour les personnes touchées, notamment dans le milieu scolaire. 

Pour se rendre compte du potentiel émotionnel de ces enfants, les chercheurs ont demandé à 32 participants âgés de 8 à 12 ans de regarder des vidéos qui avaient pour but de leur faire ressentir des émotions. Les 32 enfants de cette expérience étaient atteints de dyslexie phonologique, c’est-à-dire que les enfants étaient incapables d’analyser les mots, de les lire ou de les orthographier correctement; c’est la forme la plus répandue de dyslexie. Un groupe témoin de 22 enfants, non atteints de dyslexie, a également été soumis aux mêmes vidéos.

Les visages des enfants ont été enregistrés lorsqu’ils regardaient les vidéos afin de déceler leurs émotions. D’autres paramètres, tels que leur respiration, la conductivité de leur peau, l’activité cérébrale et leur rythme cardiaque ont également été consignés. 

Grâce à leur étude, les chercheuses se sont ainsi aperçues que certains enfants dyslexiques possédaient des réactions physiologiques et comportementales accrues par rapport aux enfants non dyslexiques, avec des expressions du visage beaucoup plus marquées. 

Une hypersensibilité émotionnelle à double tranchant

De plus, les examens de l'activité cérébrale révèlent que les enfants les plus expressifs présentent une connectivité plus forte entre l'insula antérieure droit et le cortex cingulaire antérieur droit, soit les structures clés du réseau qui favorisent la création d'émotions et la conscience de soi. Les enfants dyslexiques avec les expressions faciales les plus fortes sont également ceux qui présentent les aptitudes sociales les plus importantes selon les parents, ainsi que de gros symptômes d'anxiété et de dépression.

La sensibilité démontrée par les enfants dyslexiques va de pair avec leur intelligence sociale, car les réponses émotionnelles fortes peuvent être un élément-clé pour avoir de bonnes relations sociales. Toutefois, cette hypersensibilité émotionnelle est à double tranchant, puisque c’est également un facteur de risque pour développer de l’anxiété et être sujet à la dépression. 

Le message pour les familles est que cette condition peut être définie par ses effets négatifs sur la lecture, mais nous devons examiner plus profondément et plus largement toutes les fonctions cérébrales dans la dyslexie afin de mieux comprendre les forces associées et d'identifier des stratégies de remédiation efficaces”, indique Maria Luisa Gorno-Tempini, professeure en neurodéveloppement à l’université de Californie à San Francisco.

Sa collègue, la chercheuse en neuroscience Virginia Sturm, abonde dans son sens. Nous devons fonder l'enseignement sur les points forts comme sur les points faibles. Par exemple, les enfants atteints de dyslexie peuvent mieux réussir dans des scénarios d'enseignement individuel ou en groupe selon la façon dont ils se connectent émotionnellement avec leurs enseignants ou leurs pairs. Mais nous devons également être conscients de leur vulnérabilité à l'anxiété et à la dépression et nous assurer qu'ils bénéficient d'un soutien adéquat pour gérer leurs émotions potentiellement fortes. 

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