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QUESTION D'ACTU

Entretien

Violences faites aux femmes : «le danger d’être excisée lors du retour au pays existe toujours»

Dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, rencontre avec le Docteur Xavier-Arnould, vice-présent de l’ONG Actions Santé Femmes, qui pratique notamment la réparation d’excision. Mutilation sexuelle traumatisante, l’excision est une pratique encore trop répandue à travers le monde. En dépit de son interdiction en France, notre pays est toujours concerné. 

Violences faites aux femmes : \ Doucefleur / istock.




Pourquoi docteur - Qu’est-ce que l’excision ?

Docteur Xavier-Arnould - L’excision est une mutilation génitale. Elle consiste en une ablation rituelle du clitoris, et parfois des petites lèvres, pratiquée chez certains peuples sur les petites filles et jeunes femmes. Cette mutilation sexuelle est susceptible d’entraîner de nombreuses conséquences sanitaires impactant négativement la vie des femmes mutilées. Les douleurs ressenties et les traumatismes provoqués affectent la santé sexuelle des femmes tout au long de leur vie : douleurs chroniques, risques d’infections vulvaires, urinaires, gynécologiques, complications obstétricales, risques accrus de mort du nouveau-né, répercussions psycho-traumatiques, etc.

L’excision n’est en rien comparable avec la circoncision. Dans le cas de la circoncision, on ne fait que retirer un morceau de peau. Avec l’excision, c’est un organe qu’on ampute.

Quel est le motif de cet acte ?

Cet acte n’a absolument rien à voir avec la religion, il est lié à une tradition ancestrale. Les motifs diffèrent en fonction des ethnies, des cultures (crainte de la masculinisation, négation du plaisir de la femme…).

Combien de femmes excisées dénombre-t-on aujourd’hui dans le monde ? La France est-elle concernée ?

Bien qu’officiellement interdite dans tous les pays, l’excision touche encore des millions de femmes à travers le monde (environ 200 millions en 2016) et des milliers en France (60 000 en 2019). Elle se pratique dans beaucoup de pays africains, souvent avant les cinq ans des petites filles.

En France, l’excision ne se pratique plus, la dernière condamnation date de 1989. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a plus de femmes excisées sur le territoire. En effet, le danger d’être excisée lors du retour au pays existe toujours…

Comment protéger ces femmes qui se font exciser lors du retour au pays ?

La loi française permet de protéger les petites filles qui vivent en France et qui peuvent être menacées d’excision lors du retour au pays, en condamnant l’auteur de l’acte à l’étranger.

Un effet dissuasif fort qui marche dans de nombreux cas. Le rôle du gynécologue consiste alors à examiner les patientes avant leur retour au pays (lors des vacances d’été par exemple), à fournir aux parents un certificat de non-excision qu’ils peuvent montrer à la famille sur place pour expliquer que la petite fille n’est pas excisée et que le médecin aura besoin de la revoir à son retour...

En quoi consiste l’opération de réparation d’excision ? Quels sont les effets secondaires ?

Une intervention chirurgicale est pratiquée puis associée à de la rééducation sexologique et à un suivi psychologique. L’opération consiste à faire remonter à la surface une partie du clitoris qui est situé en profondeur et à réparer la blessure. Il ne s’agit pas d’une intervention particulièrement complexe mais elle entraîne des douleurs post-opératoires (le clitoris étant un organe très innervé) et nécessite des soins avec une infirmière à domicile.

Les résultats sont-ils efficaces ? Comment réagissent les patientes ?

Certaines patientes ont le sentiment de ne plus être femme à cause de l’excision. L’opération leur permet de retrouver ce sentiment mais aussi, dans 70% des cas, de récupérer la fonction sexuelle. Les résultats sont donc assez satisfaisants; l’opération permet aux femmes de se sentir beaucoup mieux dans leur corps et dans leur tête.

Peut-on facilement bénéficier de cette opération en France ?

Bien qu’il ne s’agisse pas d’une intervention très complexe, cette chirurgie réparatrice reste encore assez méconnue et n’est pas pratiquée par tous les gynécologues. Il est cependant possible aujourd’hui de trouver des gynécologues au fait de cette technique dans toutes les grandes villes de France.

Quel est le rôle de l’ONG Actions Santé Femmes, que vous présidez ?

Cette ONG œuvre pour la santé des femmes en France et dans le monde pour permettre un accouchement de meilleure qualité et en limiter les complications via notamment des programmes de formation des sages-femmes et des gynécologues.

Pour aider à mieux faire face à la crise de la Covid-19 dans les DOM TOM, un programme a été spécialement mis au point pour parer à la grosse pénurie de sages-femmes (notamment en Guyane).

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