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Pénurie de médicaments : alerte de l'UFC-Que Choisir et réplique de l'industrie

L'association UFC-Que Choisir publie une étude sur la pénurie de médicaments, notamment des produits pour lesquels une interruption de traitement est préjudiciable. Elle réclame des mesures à l'Etat. Le LEEM (Industrie pharmaceutique) réfute l'"explosion" des ruptures d'approvisionnement et conteste l'abandon des médicaments les plus anciens.

Pénurie de médicaments : alerte de l'UFC-Que Choisir et réplique de l'industrie MJ_Prototype / istock.




L'ESSENTIEL
  • L’Agence nationale du médicament prévoit qu’en 2020, ce sont 2400 ruptures qui seront constatées, soit six fois plus qu’en 2016.
  • Le portrait-robot d’un médicament en pénurie est celui d’un produit ancien (75% sont commercialisés depuis plus de 20 ans) et vendu peu cher (3/4 coûtent moins de 25 euros, et même 1/4 moins de 4 euros).
  • Le LEEM, syndicat de l'industrie pharmaceutique, conteste plusieurs points de l'étude de l'UFC-Que Choisir

Encore marginales au cours des années 2000, le nombre de pénuries de médicaments ne cesse d’augmenter depuis. Alors qu’en 2016, on recensait déjà 405 pénuries, ce chiffre aurait quasiment triplé en l’espace de 3 ans pour atteindre 1200 l’année dernière. Pire : l’Agence nationale du médicament prévoit qu’en 2020, notamment en conséquence de la crise sanitaire, ce sont 2400 ruptures qui pourraient être constatées, soit six fois plus qu’en 2016.

Mettre en jeu le pronostic vital des patients

"Cette situation est d’autant plus alarmante que ces médicaments déclarés en pénurie par les laboratoires partagent tous une caractéristique primordiale : il s’agit de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM), pour lesquels une interruption de traitement peut être susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients", commente l’UFC-Que Choisir, qui publie une étude sur le sujet.

Le portrait-robot d’un médicament en pénurie est celui d’un produit ancien (75% sont commercialisés depuis plus de 20 ans) et vendu peu cher (3/4 coûtent moins de 25 euros, et même 1/4 moins de 4 euros), donc peu rentable pour les laboratoires pharmaceutiques.

L’étude montre que dans 30% des situations, les industriels renvoient vers un autre médicament, et que 12% des producteurs orientent les professionnels de santé vers des solutions de derniers recours, comme la diminution de la posologie. "Enfin, et c’est le plus grave, dans près d’un cas sur cinq (18%), les laboratoires ne proposent tout simplement aucune solution de substitution", souligne l’association.

Les médicaments concernés sont des produits comme les antibiotiques, des anti-hypertenseurs, des bêta-bloquants ou, encore plus grave, des anticancéreux.

Les demandes de l’UFC-Que Choisir

Forte de ces chiffres, l’UFC-Que Choisir demande :
- L’obligation pour les laboratoires de constituer des stocks suffisants pour répondre aux besoins des usagers du système de santé pour l’ensemble des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ;
- Le renforcement, dans la loi et dans les faits, des sanctions envers les laboratoires négligents dans leur gestion de l’approvisionnement du marché français ;
- Que, si des relocalisations devaient être entreprises grâce à des financements publics, celles-ci ne concernent que des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM), et prioritairement les plus anciens et concernés par des pénuries récurrentes ;
- Le développement d’une production publique de médicaments, à même d’assurer la fabrication continue de ceux délaissés par les laboratoires.

"Un nombre limité de véritables ruptures de stock"

Face à ces informations, le LEEM (syndicat de l'industrie pharmaceutique) a publié un communiqué dans lequel il réfute "l'explosion" des ruptures d'approvisionnement en France: "Le système français a instauré un signalement plus précoce des situations à risque à l'ANSM (Agence de sécurité du médicament) à partir de 2016, ce qui se traduit par un gonflement statistique par rapport à la période antérieure. Sur les 1504 signalements recensés en 2019, un tiers ont conduit à des mesures de gestion des situations de tension (...) conduisant finalement à un nombre limité de véritables ruptures de stock", précise-t-il.
Par ailleurs, le LEEM conteste le fait que les entreprises du médicaments délaisseraient la production des produits les plus anciens pour privilégier les médicaments les plus récents. "Les entreprises qui fabriquent les produits les plus anciens ne sont souvent pas les mêmes que celles qui découvrent et fabriquent les médicaments les plus innovants", souligne le syndicat qui affirme que celles qui assurent la production des anciens médicaments "sont souvent des PME ou des entreprises de médicaments génériques qui se sont spécialisés dans la production de ce type de médicaments après la tombée de leurs brevets".

"La diffusion d'informations incomplètes sur une problématique aussi sensible renforce la défiance des Français vis à vis des entreprises du médicament mais aussi des pouvoirs publics, des agences de santé et de l'ensemble des acteurs de la chaîne du médicament mobilisés quotidiennement pour garantir la continuité d'approvisionnement de médicaments indispensables pour les patients français", déplore Philippe Lamoureux, directeur général du LEEM.

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