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QUESTION D'ACTU

Covid-19

«On est sur une médecine de guerre, on va à l'essentiel» (Dr Boutin, généraliste)

Le nombre de personnes infectées par le Covid-19 ne cesse d’augmenter. Pour aider les hôpitaux, dont certains services de réanimation sont déjà saturés, les médecins généralistes sont au cœur du dispositif. Philippe Boutin, médecin généraliste à Poitiers, raconte comme il s’organise dans ce contexte inédit.

\ Philippe Boutin




L'ESSENTIEL
  • Tout est organisé dans le cabinet pour éviter les contacts
  • Forte hausse du nombre de téléconsultations
  • La nécessité de rassurer

Les médecins généralistes sont au cœur du dispositif de prise en charge des patients potentiellement infectés. Ils sont en première ligne pour orienter les potentiels patients infectés sur les démarches à suivre, tout en veillant à se protéger eux et les patients. Philippe Boutin, médecin généraliste à Poitiers, détaille son quotidien contre le virus.

Comment vous organisez-vous face à la vague de coronavirus ?

Je travaille dans une grosse structure qui regroupe 35 professionnels, donc il faut arriver à se coordonner. La première chose c’est la protection du personnel. Cela passe par l’utilisation de solutions hydrolacooliques, des blouses, des masques, un plexiglas de protection pour éviter les contacts. Pour les patients, nous mettons également à disposition du gel hydroalcoolique, l’attente se fait à l’extérieur de la structure et les autorisations de rentrer se font un par un. Les salles d’attente sont régulièrement désinfectées, idem pour les sièges des patients, les tables d’examen et les bureaux. Dès qu’il y a un doute d’infection au Covid-19 chez un patient, il doit impérativement porter un masque. Nous avons également mis en route les téléconsultations pour alléger la présence physique des patients.

Quels sont les patients qui vous rendent visite ?

La vie continue. Nous avons des patients qui viennent pour renouveler leur traitement, il y a également de la pédiatrie. En revanche, là où il y a de l’inquiétude, ce sont sur les problèmes infectieux, en asthme et en diabète. Cela représente entre 1/5e et 1/4e des patients mais au maximum de l’épidémie, cela devrait concerner une personne sur deux, voire plus.

Quelles instructions avez-vous reçu des autorités de santé pour faire face à la vague coronavirus ?

Elles sont en perpétuelle évolution et pas toujours facile à intégrer. Les informations ne sont pas toujours recoupées entre les différentes autorités. Cela manque de fluidité, d’aide sur certaines choses. Toutefois, nous n’en sommes qu’au début, nous allons nous améliorer. Les grands schémas de choix sont désormais bien calés et, là-dessus, les informations concordent. Pour le reste, on apprend sur le tas.

Quelle place occupe la téléconsultation pour éviter les risques d’infection ?

Pour l’instant, les chiffres restent modestes. En 3 jours, j’en ai fait une dizaine. Ça correspond à une demande, les gens préfèrent éviter les déplacements. A mon avis, le chiffre augmentera dans les jours qui viennent. Je vois déjà pas mal de patients qui ont modifié leur rendez-vous pour le passer en téléconsultation. Avant l’arrivée du coronavirus, nous n’en faisions pas même si nous l’envisagions. La demande est récente, là on est sur une médecine de guerre. Le chef de l’État l’a dit et c’est le cas. On va à l’essentiel. D’habitude, on augmente toujours le temps d’auscultation pour étayer le diagnostic. Maintenant, on va au plus pressé et ça colle bien à l’esprit de la téléconsultation.

Que répondez-vous aux patients qui craignent d’être infectés ?

Actuellement nous sommes dans la phase 3 de l’épidémie, ce qui signifie que le virus circule. Quand un patient vient nous voir avec la fièvre et des difficultés respiratoires sans faire le test, on a un doute suffisant pour suspecter un Covid-19. On le dit franchement et on dédramatise : 80% des cas se passent très bien, 10 à 15% un peu moins bien et 2% pas bien du tout. Dans l’immense majorité des cas, le règlement sera assez simple dans les 15 jours. Si les tests avaient été faits directement, les chiffres ne seraient pas montés aussi vite. Il faut redonner un sens à ces statistiques avec une juste proportion.

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