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Pesticides : l'efficacité des protections des agriculteurs remise en question

Des chercheurs de différentes disciplines se sont réunis pour évaluer l'efficacité des équipements de protection des agriculteurs contre les pesticides. Leur constat est alarmant. 

Pesticides : l'efficacité des protections des agriculteurs remise en question StoykoSabotanov/iStock




Les équipements de protection individuelle portés par les agriculteurs pour vaporiser des pesticides sur leurs cultures sont-ils efficaces? C'est la question que s'est posée un groupe de chercheurs issus de différentes disciplines, dont les travaux ont été publiés dans la revue Safety Science. “L'étude se concentre sur l'évaluation de l'efficacité des combinaisons utilisées pour se protéger des produits phytopharmaceutiques dans les pays de l'OCDE”, précisent-ils.

Les tests réalisés en laboratoire ne suffisent pas

Pour évaluer leur efficacité, les chercheurs ont rediscuté de ce qui a favorisé leur mise sur le marché, testé les équipements en laboratoire, sur le terrain et revu les instructions préventives liées à leur utilisation. Ils ont remarqué un décalage entre la théorie et la réalité sur le terrain. “Les tests en laboratoire peuvent fournir des informations sur la pénétration et la perméation des pesticides à travers le tissu, mais seuls les tests sur le terrain dans des conditions d'exposition réalistes peuvent déterminer l'efficacité globale de la conception et sa capacité à réduire la pénétration.” 

Plusieurs paramètres comme la formation et la sensibilisation aux risques, les pesticides utilisés ou encore la qualité de l'équipement varient également d'un agriculteur à l'autre et sont à prendre en compte. “Il ne faut pas se satisfaire des résultats d’efficacité issus de laboratoire. C’est sur le terrain, dans la complexité des situations, que l’on évalue la qualité de la protection.” 

Impossible de se protéger de tous les pesticides

En disposant 11 patchs sur le corps des agriculteurs, invités à travailler comme à leur habitude, les chercheurs ont pu observer la nature des substances qui se déposent dessus en fonction de l'équipement porté et de l’activité réalisée. “Le nettoyage au jet à haute pression des machines est un moment à haut risque de contamination, car il remet en suspension les particules de pesticide”, précise Alain Garrigou, professeur universitaire en ergonomie et principal auteur de l'étude.

Malgré leurs efforts, les chercheurs doutent tout de même de pouvoir réaliser des tests sur le terrain dans les conditions réelles d'utilisation au vu du nombre de situations possibles. “Étant donné le nombre de formulations disponibles dans le commerce, le fait que l'exposition peut combiner plusieurs produits, la variété des conditions de travail et la faible standardisation des pratiques agricoles, on peut s'interroger sur la faisabilité d'une telle entreprise pour tous les scénarios d'utilisation des EPI dans tous les types d'agriculture”. Néanmoins, “il n’existe pas de combinaison générique qui protège contre tous les pesticides”, estime Alain Garrigou. 

Leur conclusion est alarmante : “les personnes travaillant dans l'agriculture peuvent être exposées à plus de dangers liés aux produits chimiques qu'on ne le pensait auparavant” et “ces dangers ne peuvent être attribués uniquement à la négligence des travailleurs.”

La publication de cette étude intervient alors que le Conseil d'orientation et de suivi du plan de réduction de l'utilisation des pesticides vient d'annoncer que, malgré plusieurs plans gouvernementaux, la consommation de ces produits dans l'agriculture avait fortement augmenté en France (+ 21%) en 2018.

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