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Recherche médicale

Autisme : un chercheur récompensé pour ses recherches sur les altérations sensorielles

Le chercheur Andreas Frick a reçu mardi 3 décembre le prix Marcel Dassault pour ses recherches visant à identifier un marqueur objectif de mesure des altérations sensorielles dans les troubles du spectre de l'autisme (TSA). 

Autisme : un chercheur récompensé pour ses recherches sur les altérations sensorielles globalmoments/iStock




Environ une naissance sur cent est touchée par le trouble des spectres de l’autisme (TSA) dans le monde. Cette maladie se caractérise traditionnellement par un trouble de la communication, des difficultés à avoir des interactions sociales et des anomalies comportementales. Depuis 2013, les altérations sensorielles font également partie des critères de définition officiels des TSA. Des études suggèrent d’ailleurs qu’elles pourraient fortement influencer les autres symptômes de l’autisme. Ainsi, mieux comprendre les circuits impliqués dans ces altérations pourrait aider à améliorer la qualité de vie des malades. C’est pourquoi, mardi 3 décembre, le Dr Andreas Frick, directeur de recherche au Neurocentre Magendie de Bordeaux, a reçu le prix Marcel Dassault (300 000 €) pour ses recherches visant à identifier un marqueur objectif de mesure des altérations sensorielles dans les TSA. Le but ultime étant de compléter les évaluations psychologiques et comportementale actuelle et de pouvoir évaluer de façon quantifiable le succès d’une intervention thérapeutique.

“Quasiment la totalité des personnes souffrant d'autisme ont des domaines sensoriels dans lequel elles sont hypersensibles — le bruit, le toucher, la lumière —, et d’autres où elles sont hyposensibles, comme la douleur et la température. Ces troubles sensoriels sont très fréquents, handicapants, douloureux, et rajoutent un handicap social puisque les autistes ne supportent pas qu’on les touche ou vont être extrêmement gênés dans un environnement où il y aura trop de bruit et trop de lumière. Tout cela est donc un facteur très important sur le plan des conséquences de cette pathologie”, explique à Pourquoi Docteur Marion Leboyer, professeur de psychiatrie à l’université Paris Est Créteil, responsable du DMU Impact à l’APHP au groupe hospitalier Henri Mondor et directrice de la fondation FondaMental qui soutient le chercheur.

Fondation de coopération scientifique créée par l’Etat en 2007, FondaMental s’est donnée quatre missions. “Tout d’abord, il s’agit d’innover dans le domaine du soin. Pour cela on a créé 42 centres experts en France, dont un réseau pour les personnes autistes. Ces centres sont là pour servir de plateformes de diagnostic et mettre en place des projets de recherche. Deuxièmement, on essaye de soutenir la recherche et c’est dans ce cadre-là qu’on a organisé ce prix et qu’on a obtenu, depuis huit ans, le soutien du groupe Dassault. On a peu d’argent pour faire de la recherche en psychiatrie. On tente donc de trouver des moyens de la stimuler. On essaye également de faire de la formation et, pour finir, de communiquer sur les découvertes faites au sein de la fondation. Que ce soit auprès des décideurs que des particuliers et des professionnels”, détaille Marion Leboyer. 

L’étude pré-clinique devrait durer trois ans

En s’appuyant sur des découvertes antérieures de son équipe, Andreas Frick souhaite mieux caractériser les altérations sensorielles ainsi que les mécanismes neurobiologiques en jeu. “Notre projet répond à ce défi en proposant une stratégie très innovante qui explore les changements de la perception tactile sensorielle chez la souris en utilisant des paramètres et des tâches pouvant être facilement traduits dans des études chez l’Homme” explique le chercheur dans un communiqué de presse.

Concrètement, ses travaux comprendront trois étapes majeures. “Pour commencer, on va utiliser des souris pour mesurer leur activité neuronale et générer une tâche tactile”, détaille-t-il à Pourquoi Docteur. Puis, grâce à des enregistrements à multi-électrodes et microscopie par imagerie calcique, “nous mesurerons l’activité neuronale pour identifier le mécanisme sous-jacent des altérations sensorielles et pour développer un biomarqueur. Et enfin, nous testerons des traitements thérapeutiques après avoir caractérisé des mécanismes et des cycles. Le projet pré-clinque (étude animale) est prévu pour durer trois ans et on verra ce qu’on peut faire derrière”, avance-t-il.

Se donner les moyens de la recherche en psychiatrie

“Sur le plan du diagnostic, il est relativement facile de poser des questions. On a pour cela des échelles spécifiques sur les difficultés sensorielles des patients autistes qui ont un retard normal. En revanche, il est difficile de pouvoir évaluer ceux qui ont un retard mental très important sans évaluation objective de leurs difficultés sensorielles. Ce prix est donc très important parce qu’il s’intéresse à un domaine très peu exploré de la clinique et de la recherche dans le domaine de l’autisme”, explique Marion Leboyer.

“On a besoin de toutes une série de biomarqueurs, objectifs, quantifiables, qui permettent de prédire le pronostic et d’ensuite faire des études pré-cliniques pour comprendre le mécanisme bio-pathologique. C’est ce qu’il manque aujourd’hui et c’est pour ça que le soutien du groupe Dassault avec la fondation FondaMental est vraiment très important pour qu’on puisse avoir les moyens de faire de la recherche correctement”, insiste-elle.

Car, alors que les maladies psychiatriques touchent une personne sur cinq en France, “le financement de la recherche en psychiatrie en France correspond à 2 à 4 % du budget de la recherche biomédicale”, déplore le médecin. D’après elle, en 2020, les troubles psychiatriques seront “la première cause mondiale de handicap, la première cause de dépense de santé mondiale chronique et la première cause d’années de vie perdues à cause d’une maladie, bien devant les maladies neurologiques, cardiovasculaires ou même le cancer”. “C’est vraiment un enjeu majeur et il a été démontré à maintes reprises qu’en investissant dans l’innovation on pourrait améliorer la prise en charge des patients”, rappelle-t-elle. “Mais pour cela, encore faudrait-il en avoir les moyens”. 

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