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QUESTION D'ACTU

Addiction aux médicaments

Une nouvelle application capable de détecter les overdoses d'opioïdes

Alors que l'addiction aux opioïdes fait de plus en plus de ravages, une nouvelle application permet aux smartphones des consommateurs de détecter une overdose. 

Une nouvelle application capable de détecter les overdoses d'opioïdes spukkato / istock.




Des chercheurs viennent de mettre au point une application, appelée Second Chance, dont le but est de détecter les éventuelles overdoses d’opioïdes. Concrètement, le téléphone peut surveiller le rythme respiratoire, qui ralentit ou cesse lorsque la dose de médicament ingérée est trop importante. Il utilise pour ce faire un sonar, un appareil doté de propriétés particulières de la propagation du son.

Se connecter à un ami ou aux services d'urgences

Une fois l’anomalie respiratoire détectée, "le smartphone peut se connecter à un ami ou aux services d'urgences afin de fournir la naloxone", qui permet de contrecarrer efficacement une overdose d’opioïdes, détaille Shyam Gollakota, co-directeur de la recherche et professeur à la Paul G. Allen School of Computer Science & Engineering (Ontario). "Nous avons créé un algorithme pour un smartphone capable de détecter les overdoses en surveillant comment la respiration d'une personne change avant et après l'usage d'opioïdes", résume-t-il. Il se déclenche quand le rythme respiratoire est de sept respirations par minute ou moins.

Second Chance surveille également la façon dont les individus se meuvent, une overdose pouvant par exemple entraîner un affaissement durable de la tête. Sur les 94 participants aux phases tests de l'algorithme, 47 avaient un rythme respiratoire de sept respirations par minute ou moins, 49 ont cessé de respirer pendant une période significative et deux personnes ont eu une overdose nécessitant un traitement par oxygène, ventilation et/ou naloxone.

Un véritable problème de santé publique

Les traitements opioïdes, de plus en plus prescrits contre la douleur en France, sont devenus un véritable problème de santé publique. "Aujourd’hui, il y a plus d’overdoses chez les patients avec des douleurs chroniques que chez les consommateurs de drogue", s’alarme dans Le Parisien Nicolas Authier, président de l’Observatoire français des médicaments antalgiques. N’importe qui peut sombrer. "Ce n’est pas une problématique spécifique des usagers de drogue. On parle ici de femmes (60 %) et d’hommes de 40, 50, 60 ans, sans antécédents de prise de drogue. Confrontés à la douleur chronique, avec pour certains des comorbidités psychiatriques, pour d’autres des problèmes familiaux ou au boulot, ils se retrouvent entraînés dans la spirale irréversible de l’addiction", ajoute le spécialiste.  

Chaque année, 12 millions de Français sont traités par des médicaments à base d’opium, dont 1 million par opioïde fort. Entre 2004 et 2007, les prescriptions supplémentaires d’opioïdes forts, comme le l’Oxycodone et le Fentanyl, ont augmenté de 100% (500 000 prescriptions supplémentaires). En conséquence, les hospitalisations pour overdose et le nombre de décès associés ont explosé depuis les années 2000 (+167% et +146%). 

Un problème venu des Etats-Unis

Un problème venu tout droit des Etats-Unis, où 64 000 Américains sont morts en 2017 par overdose d’opiacés, ce qui en fait l'une des causes principales de la diminution de l’espérance de vie depuis quelques années. Conscients des enjeux, les médecins et les décideurs américains appellent d’ailleurs à diminuer ces prescriptions, très en vogue depuis les années 90.

"Il n’est pas question de les interdire mais de mieux maîtriser leur usage. Pour être bonne, une prescription doit être limitée dans le temps, faire l’objet d’une réévaluation systématique et d’une vigilance accrue pour les patients à risque", précise Nicolas Authier. "Les opioïdes forts étaient initialement délivrés pour soulager les douleurs du cancer. Les indications de prescription se sont étendues à d’autres douleurs chroniques, du dos, des articulations… avec probablement dans ces cas-là une promotion pharmaceutique. Résultat : 88 % des prescriptions sont actuellement faites pour des douleurs non-cancéreuses", rappelle-t-il.

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