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Antibiorésistance

Céfiderocol : un antibiotique cheval de Troie capable de vaincre les superbactéries

Le Céfiderecol, un antibiotique capable de contourner les mécanismes de défense des super-bactéries responsables d’infections très difficiles à traiter, vient d'être mis au point par des chercheurs américains. Une bonne nouvelle.

Céfiderocol : un antibiotique cheval de Troie capable de vaincre les superbactéries jarun011/iStock




Retenez bien le nom de ce nouvel antibiotique : le Céfiderecol pourrait constituer le "nouvel espoir" dans la bataille mondiale engagée contre la résistance bactérienne aux médicaments.

C’est en tout cas ainsi que la communauté scientifique le présente depuis la publication dans The Lancet Infectious Disease d’une étude portant sur ses incroyables propriétés. Selon ces nouveaux travaux, ce nouvel antibiotique expérimental se révélerait bien plus efficace que les traitements standards pour éradiquer des agents pathogènes très résistants.

Le Céfiderecol a été testé lors d’un essai randomisé de phase 2 dans le traitement d’infections compliqués des voies urinaires causées par plusieurs bactéries à Gram négatif multi-résistantes telles que Escherichia coli (E. coli), Klebsiella pneumoniae ou Pseudomonas aeruginosa.

Un "cheval de Troie" qui infiltre les bactéries

Si les bactéries à Gram négatif sont si difficiles à éradiquer, c’est à cause de leur structure : dotées de deux membranes externes, elles empêchent les antibiotiques de pénétrer pour les détruire. Elles sont aussi dotées de canaux de porine pouvant s’adapter et se modifier pour bloquer l’entrée des antibiotiques, ainsi que de pompes à efflux qui expulsent les médicaments de sa structure.

Contrairement aux antibiotiques classiques, le Céfiderecol parvient à déjouer les trois mécanismes de résistance des bactéries à Gram négatif. "Le Céfiderocol agit comme un cheval de Troie", explique dans un communiqué le Dr Simon Portsmouth de la société pharmaceutique Shionogi Inc, qui a dirigé la recherche publiée dans la revue Lancet Infectious Disease.

Un cheval de Troie

Comment fonctionne-t-il ? Sa particularité est d’utiliser "un nouveau mécanisme d'entrée cellulaire qui tire parti du besoin en fer de la bactérie de survivre", explique le chercheur. "Lors d'une infection aiguë, l'une de nos réponses immunitaires innées consiste à créer un environnement pauvre en fer.

En réponse, les bactéries augmentent leur apport en fer Le Cefiderocol se lie au fer et est transporté à travers la membrane externe supplémentaire par le système de transport de fer de la bactérie. Ces canaux de fer permettent également au médicament de contourner les canaux de la porine de la bactérie et d’être réintroduit même si la bactérie a développé des pompes à efflux."

Des performances intéressantes

Testé sur 252 patients dans le cadre d’un essai de phase 2 mené sur 448 adultes, le Céfiderocol a surpassé les options de traitement actuelles, notamment l'imipénem-cilastatine, antibiotique largement prescrit en cas d’infection bactérienne. "Le Céfiderocol s'est révélé à la fois sûr et tolérable chez une population de patients âgés très atteints de maladies concomitantes complexes et d'un large éventail d'agents pathogènes multi-résistants. Nos résultats appuient le Céfiderocol en tant que nouvelle approche pouvant être utilisée vaincre la résistance à Gram négatif", s’est réjoui le Dr Simon Portsmouth.

"Les essais cliniques en cours sur la pneumonie, y compris la pneumonie nosocomiale et la pneumonie associée à un ventilateur, ainsi qu'une étude sur des patients atteints d'infections résistantes au carbapénème, fourniront des informations supplémentaires importantes sur le Céfiderocol", précise-t-il.

La résistance aux antibiotiques, véritable menace sanitaire

Identifiée comme l’une des plus grandes menaces pour la santé humaine dans le monde, la résistance aux antibiotiques est responsable chaque année de 25 000 décès en Europe. Aux États-Unis, les centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) estiment que les microorganismes résistants aux antibiotiques sont à l'origine de plus de deux millions d'infections chaque année dans le pays et causent au moins 23 000 décès. Un rapport de 2014 sur la résistance aux anti-microbiens a prédit que d'ici 2050, la mortalité mondiale due à la résistance aux antibiotiques atteindra 10 millions de décès chaque année.

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