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Maladie de Lyme : les recommandations de la HAS risquent «d'engendrer des errances thérapeutiques»

Un mois après les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur la maladie de Lyme, les médecins sont très inquiets. Selon France Roblot, une spécialiste interrogée par Pourquoi Docteur, elles "risquent d’engendrer des inquiétudes chez beaucoup de patients ainsi que des errances thérapeutiques". 

Maladie de Lyme : les recommandations de la HAS risquent \ andriano_cz/iStock




Les spécialistes toujours furieux contre la Haute Autorité de Santé (HAS). Un mois après les recommandations de la HAS sur la borréliose de Lyme et les autres maladies transmissibles par piqûres de tiques, "l’ensemble des sociétés savantes impliquées dans la prise en charge des maladies transmises par les tiques" a publié un communiqué de presse refusant de "cautionner la recommandation de la bonne pratique élaborée par la HAS".

"Nous lui reprochons le chapitre 4 concernant le SPTT (symptomatologie/syndrome persistant(e) polymorphe après une possible piqûre de tique)", nous explique France Roblot, vice-présidente de la Société de Pathologie infectieuse de langue française (SPILF). "C’est quelque chose dont on ne connaît pas la définition et qui risque d’engendrer des inquiétudes chez beaucoup de patients ainsi que des errances thérapeutiques : des patients qui vont avoir des symptômes peu clairs vont être diagnostiqués comme piqués par des tiques alors qu’ils n’en ont jamais vues et on va passer à côté du bon diagnostic", s’inquiète-elle.  

En effet, dans son chapitre 4, la HAS a décidé de reconnaître que les personnes souffrant de manière récurrente de douleurs et de fatigue sont bien malades mais se refuse à approuver l’existence d’une forme chronique de la maladie de Lyme. A la place, elle a créé la terminologie de SPTT afin d’expliquer la "situation de patients qui ont pu être exposés aux tiques et qui présentent des signes cliniques polymorphes, persistants et non expliqués, pouvant être invalidants".

"On n’a pas réussi à trouver un nom qui soit consensuel. Tous les gens fatigués qui viennent en consultation, on va leur dire qu’ils ont le SPTT ?", s’interroge France Roblot. "Je ne sais pas pourquoi il y a une telle polémique autour de cette maladie", se désole-t-elle, blâmant "quelques médecins qui s’expriment beaucoup dans les médias en disant qu’il faut traiter pendant très très longtemps, mais on n’a jamais eu les preuves d’un tel bénéfice".  

"Si des centaines de médecins sont d’accord, c’est qu’un malaise persiste"

"Les manifestations précoces de la maladie de Lyme, cutanées, articulaires et neurologiques et ses manifestations tardives, on les connaît et on ne les discute pas. Elles sont d’ailleurs très bien décrites par la HAS. On sait qu’il y a des gens piqués par des tiques qui ont une authentique maladie de Lyme et qui montrent encore des signes (troubles de la concentration, insomnie) après avoir été traités par antibiotiques. Si on est certain que quelqu’un souffre de la maladie de Lyme, qu’il en présente des manifestations aiguës, les durées recommandées par la HAS sont parfaitement adaptés. Mais pour le patient qui a juste été exposé aux tiques et qui présente quelques manifestations non systématisées, on va se dire : pourquoi pas le mettre sous antibiotiques ? Ca arrive et c’est ce qu’on appelle un traitement d’épreuve. Dans ces cas là, il faut lui dire qu’il n’y a aucune raison d’aller au-delà de 28 jours : c’est important que ces patients soient informés", détaille-elle avant de trancher : "peut-être que des traitements plus longs auront un intérêt dans le futur mais il faut qu’on le démontre d’abord et que ce soit décidé par des instances internationales".

C’est pourquoi la SPILF et de nombreuses autres instances médicales ont demandé à la HAS la suppression du chapitre 4. En vain, les autorités sont restées sourdes. Aujourd’hui, dans ce communiqué paru le 19 juillet, "tous les spécialistes se sont mis autour de la table. On est tous d’accord donc au bout d’un moment il faut se poser des questions. Si des centaines de médecins sont d’accord, c’est qu’un malaise persiste", interpelle France Roblot, proposant "de continuer de travailler vis à vis de ce fameux SPTT en s’appuyant sur des recommandations internationales, anglaises et allemandes, par exemple, qui viennent de sortir. On veut qu’il y ait une prise en charge homogène cohérente sur l’ensemble du territoire que chacun ait accès à la même démarche". Et de conclure : "Notre souci constant, c’est d’améliorer la prise en charge des patients et de prendre en considération leurs symptômes. On est là pour avoir un accompagnement adapté à leur pathologie, pas pour leur raconter des histoires".

Pour rappel, la borréliose de Lyme, est une maladie vectorielle infectieuse, transmise par la morsure d’une tique - à noter que toutes les tiques ne sont pas porteuses de la bactérie. L’infection peut apparaître dans le mois suivant la piqûre, d’abord sous forme d’une plaque rouge et ronde qui s’étend en cercle à partir de la zone piquée. La lésion de la peau peut s’accompagner de douleurs musculaires et articulaires, ou encore de fièvre. Traitée rapidement, la maladie peut disparaitre en quelques semaines ou mois. Dans le cas contraire, elle peut en revanche entraîner des troubles neurologiques et ou des paralysies faciales.

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