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Moustique tigre : pourquoi le chikungunya fait mal aux articulations

Des chercheurs américains viennent d’identifier comment le virus du chikungunya parvient à pénétrer l’intérieur des cellules et à causer de sévères douleurs articulaires. 

Moustique tigre : pourquoi le chikungunya fait mal aux articulations frank600/iStock




Transmis par le moustique tigre, le chikungunya constitue actuellement une menace croissante dans l’Hexagone ainsi que dans d’autres régions du monde. Maladie infectieuse tropicale due à un arbovirus, elle tire son nom de la langue makondé, en Tanzanie, où elle signifie "qui se recourbe, qui se recroqueville". La traduction de chikungunya en français signifie "maladie qui brise les os" ou "maladie de l'homme courbé".

Et pour cause : outre la forte fièvre, les maux de tête et parfois les éruptions cutanées, le chikungunya donne aux personnes infectées de très fortes douleurs articulaires et parfois incapacitantes, notamment autour des poignets, des chevilles et des phalanges.

Jusqu’à présent, les scientifiques peinaient encore à comprendre comment le chikungunya et les virus apparents pouvaient causer des douleurs comparables à celles de l’arthrite. Des chercheurs de l’Université de Washington, à Saint-Louis, ont peut-être trouvé la réponse. Dans un article publié dans la revue Nature, ils expliquent avoir identifié une "poignée" moléculaire que le chikungunya actionne pour pénétrer à l’intérieur des cellules. Leur découverte pourrait conduire à des moyens de prévenir ou de traiter la maladie.

Leurrer le virus pour empêcher sa propagation dans les cellules

Cette "poignée" ou récepteur se situe sur les cellules qui construisent le cartilage, les muscles et os. Elles sont aussi présentes au niveau des articulations, ce qui explique les symptômes douloureux des personnes touchées par le chikungunya.

"Nous savons maintenant comment le chikungunya pénètre dans les cellules, et nous avons peut-être trouvé un moyen de bloquer l'infection. Si le virus ne peut pas entrer dans la cellule, il est incapable de se répliquer et de provoquer une infection et une maladie", explique le Pr Michael S. Diamond, principal auteur de l’étude.

Les chercheurs ont découvert que le virus du chikungunya utilisait une protéine appelée Mxra8 pour envahir les cellules humaines. Il l’utilise comme une "poignée" pour pénétrer à l’intérieur des cellules. Mais ils se sont aussi aperçus qu’il était possible de créer des "poignées leurres" afin que le virus les saisisse et ne pénètre pas dans les cellules, ce qui diminuerait les douleurs arthritiques.

L’expérience a été testée avec succès sur des souris : une journée après l’infection, le niveau de virus dans les chevilles et les mollets des souris était dix fois moins élevé chez les animaux traités avec des protéines Mxra8 ou des anticorps bloquants que ceux ayant reçu un placebo. Trois jours après le traitement, les souris ayant reçu la protéine présentaient beaucoup moins de gonflements au niveau des chevilles que celles recevant le placebo.

Un espoir pour les patients

Pour les chercheurs, cette découverte constitue l’espoir de prévenir ou de réduire l’arthrite chez les personnes touchées par le chikungunya, mais aussi de ralentir la propagation du virus.

D’autres recherches sont cependant nécessaires avant de développer un éventuel traitement. "On ne sait pas grand-chose sur ce que fait Mxra8 dans le corps humain, donc nous avons besoin de plus d'informations avant de développer un médicament qui cible la protéine", explique le Pr Diamond. "Mais nous pourrions développer plus rapidement un médicament ciblant le virus et l'empêchant de s'attacher à cette protéine."

Actuellement, il n’existe pas de traitement spécifique ou de vaccin contre le chikungunya et les virus apparentés. Les médecins recommandent simplement le repos, les liquides et les analgésiques en vente libre comme le paracétamol ou l'ibuprofène.

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