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Hôpital du Cap

L'Afrique du Sud réussit sa 3e greffe de pénis

Un Sud-Africain, qui a bénéficié d'une greffe de pénis, est le troisième patient à profiter de la technique avec succès. 

L'Afrique du Sud réussit sa 3e greffe de pénis Les chirurgiens à l'origine de la greffe (Stellenbosch University)




L’attente a été longue. Pendant 17 ans, un Sud-Africain a vécu sans pénis, amputé à cause des complications d’une circoncision. Le 21 avril, sa vie a repris un cours presque normal. Les chirurgiens de l’hôpital de Tygerberg, au Cap (Afrique du Sud) ont réussi, pour la deuxième fois, à greffer un pénis entier. C’est le premier centre médical à y parvenir.

Après avoir prélevé le pénis d’un donneur décédé, les médecins ont oeuvré pendant plus de neuf heures. L’intervention relève de la microchirurgie : il s'agit de greffer des vaisseaux sanguins très fins, ainsi que des nerfs, l’urètre et les corps caverneux. Tous ces composants sont nécessaires à la bonne fonction urinaire et sexuelle de la verge.

Le pénis tatoué

Le Pr André Van der Merwe, qui a participé à la chirurgie, décrit son patient comme « l’un des plus heureux du service ». Il faut dire que l’intervention a particulièrement bien réussi. Aucun signe de rejet ne se manifeste, et l’ensemble des structures du pénis cicatrise correctement.

Le parcours médical du Sud-Africain ne s’arrête pas là. Il sera régulièrement suivi par les équipes qui l’ont opéré. D’ici 6 mois, il devrait parvenir à uriner sans problème et avoir des rapports sexuels normaux. La situation de son prédécesseur a de quoi encourager. Le premier patient greffé au monde est devenu papa un peu plus d’un an après sa transplantation.

Un tatouage médical permettra aussi d’oublier ce « pénis étranger ». En s’appuyant sur la même technique que les tatouages après l’opération d’un cancer du sein, les soignants permettront aux deux parties du corps d’avoir une couleur similaire.

250 amputations par an

Ce second receveur est un homme de 40 ans dont le pénis a été amputé après une circoncision traditionnelle. Le phénomène n’est pas rare en Afrique du Sud. L’ablation du prépuce est un rite, mais il n’est pas toujours pratiqué dans des conditions d’hygiène satisfaisantes.

On estime que 250 amputations partielles ou totales de la verge auraient lieu chaque année dans le pays. Les conséquences s’étendent bien au-delà des troubles fonctionnels. « Pour ces hommes, le pénis définit la masculinité, et perdre cet organe provoque une détresse émotionnelle et psychologique majeure », explique dans un communiqué le Dr Amir Zarrabi.


La greffe de pénis représente, à ce titre, une solution idéale aux ablations. Mais les donneurs restent difficiles à trouver. Par ailleurs, l’intervention exige le sérieux sans faille de la part du patient. De fortes doses d’immunosuppresseurs sont nécessaires afin d’éviter tout rejet.

« Le pénis est un tissu composite très immunogène, expliquait à Pourquoidocteur l’urologue François Desgrandchamps. Dans l’état actuel des thérapies dont on dispose, cette immunosuppression est vectrice de complications infectieuses voire même tumorales. » C’est une des raisons pour lesquelles la France ne pratique pas ces interventions.

 

Deux précédents réussis

A l’heure actuelle, la reconstruction du pénis est la solution privilégiée après une ablation. Le plus souvent, la peau et les tissus mous du bras sont utilisés afin de reconstruire une verge. Une prothèse peut être ajoutée afin de permettre l’érection et les rapports sexuels. Mais les complications ne sont pas rares après cette intervention.

La greffe de pénis reste peu pratiquée. Un premier échec a été signalé en Chine, en 2005. En 2014, un Sud-Africain a été le premier homme à bénéficier de cette technique. Les équipes de l’hôpital général de Boston, aux Etats-Unis, ont suivi deux ans plus tard. Si Thomas Manning a été l’heureux élu, de nombreux candidats à la greffe existent. De 2001 à 2013, 1 367 militaires déployés en Irak et en Afghanistan ont été blessés aux parties génitales selon le Pentagone.

Les Etats-Unis se penchent aussi sur une alternative moins perturbante pour le receveur et sa compagne : des pénis artificiels. L’essai a été couronné de succès sur des lapins. Les rongeurs ont copulé et quatre ont réussi à procréer.

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