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Suites du rapport de l’Igas

Essai de Rennes : Biotrial a un mois pour rendre un plan d’action

Les promoteurs de l’essai clinique de Rennes sont mis en cause dans les complications survenues chez 5 volontaires. Biotrial a un mois pour remettre un plan d’action correctif.

Essai de Rennes : Biotrial a un mois pour rendre un plan d’action WITT/SIPA




Le verdict est sévère pour les laboratoires Biotrial et Bial, qui ont mené l’essai clinique de Rennes (Ille-et-Vilaine). Le rapport final de l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas) sur les effets indésirables et la gestion de crise a été remis à la ministre de la Santé, qui en présente le contenu ce 23 mai.

Outre les trois manquements graves déjà mis en avant, le document suggère 5 axes de réforme. Au total, 19 recommandations sont émises. « J’ai décidé de prendre en compte l’intégralité » de ces suggestions, a déclaré en conférence de presse Marisol Touraine.

L’escalade des doses en cause

Le protocole de l’essai, qui a entraîné le décès d’un volontaire et l’hospitalisation de cinq autres, était réglementaire. Mais l’Igas met en cause la mauvaise évaluation des risques par Biotrial et Bial. Ce dernier « n’a pas jugé nécessaire, compte-tenu du niveau de risque qu’il anticipait, de prévoir de précaution particulière pour limiter l’exposition simultanée de plusieurs volontaires au produit », tranche le rapport.

Lors de la conférence de presse, Marisol Touraine a pointé un manque de réactivité plus inquiétant : alors même que l’essai était suspendu, Biotrial n’a pas mis en place de suivi adapté auprès des cinq volontaires.

En dépit d’un cadre conforme à la réglementation, les conditions n’étaient pas réunies pour protéger les participants, estiment en outre les experts de l’Igas. Là encore, l’escalade des doses est pointée du doigt : la molécule était trop méconnue pour prendre un tel risque. D’ailleurs, l’Igas s’interroge sur l’intérêt même de cet essai clinique.

Déclaration systématique

Le rapport conclut de nouveau en soulignant trois manquements graves de la part des deux laboratoires. Ils ont mal défini leurs rôles, ne se sont pas tenus informés de l’état du premier participant hospitalisé, et ont donc poursuivi l’essai – le tout sans avertir les volontaires ou les autorités sanitaires de la complication survenue chez une personne.

« Cet accident aurait dû être déclaré sans délai à l’ANSM », a rappelé la ministre de la Santé. Cela n’a été fait qu’avec quatre jours de retard. Désormais, les promoteurs d’essai cliniques et les centres investigateurs devront déclarer tout événement provoquant une hospitalisation et suspendre l’étude jusqu’à ce que la sécurité des volontaires soit assurée.
« Je constate que ces nouvelles directives ont été appliquées à la lettre s’agissant d’un effet indésirable grave survenu il y a peu dans le cadre de l’essai EBOVAC », a salué Marisol Touraine.

L’Agence nationale de sécurité du médicament, elle, est mise hors de cause. Rien dans le protocole qu’elle a autorisé n’allait à l’encontre des recommandations. Les compléments d’information qu’elle a réclamés, et reçus, étaient pertinents, juge l’Igas. Ses experts estiment tout de même qu’elle a manqué de vigilance lors du déroulement de l’essai.

Une unité dédiée aux essais précoces

C’est au vu de tous ces éléments que l’Igas suggère cinq axes de réforme, tous orientés autour de la sécurité des volontaires et approuvés par Marisol Touraine. « Conformément à la recommandation de l’IGAS, j’exige que Biotrial fournisse un plan d’action garantissant que les manquements majeurs observés ne pourront pas se reproduire », a-t-elle déclaré. Elle donne un mois au laboratoire pour remplir cette exigence.
Biotrial a déploré dans un communiqué la mauvaise gestion de l’enquête par l’Igas et le non-respect de la procédure contradictoire. Le laboratoire a ajouté qu'il avait déjà mis en place un tel plan d'action.

La ministre de la Santé souhaite aussi une expertise indépendante sur les 90 dossiers des volontaires de l’essai clinique de Rennes et un renforcement des conditions d’autorisation. Pour cela, elle a annoncé la création d’une cellule dédiée aux essais précoces au sein de l’ANSM et la poursuite des travaux d’harmonisation des pratiques à l’échelle européenne. L’Agence de sécurité du médicament devra aussi transmettre, tous les mois, les effets indésirables graves et inattendus signalés dans le cadre d’un essai clinique de phase I ou II.

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