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QUESTION D'ACTU

Mucoviscidose, épidermolyse bulleuse,...

Un «super génome» protège contre des maladies graves

13 personnes portent des mutations génétiques. Elles auraient dû développer les symptômes d'une maladie grave, mais elles n'en présentent aucun signe.

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Mutation génétique n’est pas forcément synonyme de maladie. Des chercheurs de l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai (New York, Etats-Unis) ont découvert 13 personnes littéralement exceptionnelles. Alors qu’elles sont porteuses de mutations qui auraient dû causer des maladies génétiques graves, elles n’en ont jamais développé les symptômes. Une particularité qui devrait être précieuse pour la recherche de traitements préventifs. Pour trouver ces 13 « exceptions », cette équipe a effectué un travail qui s’apparente à la recherche d’une aiguille dans une botte de foin. En effet, il a fallu analyser le génome de quelques 590 000 personnes. Les résultats de cet examen titanesque sont publiés dans Nature Biotechnology.

Chercher les personnes saines

Au cœur de ces travaux, pas moins de 873 gènes capables de porter une mutation qui provoquera une maladie. Dans certaines d’entre elles, un seul parent peut transmettre la pathologie. C’est notamment le cas de la mucoviscidose et de l’épidermolyse bulleuse simple ; elle se caractérise par une fragilité de la peau qui produit des bulles et des vésicules lors de traumatismes minimes. Dans la quasi-totalité des cas, les porteurs des mutations génétiques développent les symptômes de la maladie. Aucun traitement préventif n’existe, et les symptômes sont gérés difficilement.

Cette difficulté à mettre au point des médicaments a poussé le Dr Stephen Friend et son équipe à lancer cette analyse très large. « Au cours des deux ou trois dernières décennies, un brillant travail a consisté à identifier les causes des maladies mendéliennes », a-t-il expliqué en conférence de presse. Mais ces recherches n’ont pas fait avancer les cliniciens. « Si vous voulez trouver des pistes sur la prévention, mieux vaut chercher les personnes qui auraient dû tomber malades », résume Stephen Friend.

Seul problème : le travail est colossal. 589 000 personnes ont permis que leurs données cliniques soient utilisées à des fins de recherches. Seules 13 étaient porteuses de mutations génétiques et malgré tout en bonne santé. Une goutte d’eau dans l’océan.

Identifier les causes

Cette découverte pourrait bien constituer une avancée dans la recherche autour de ce qu’on appelle aussi les maladies Mendéliennes. « C’est un point de départ pour rechercher d’autres modifications du génome qui nous donneraient des clés dans le développement de traitements », estime Stephen Friend. Pour cela, il faudra d’abord identifier davantage de personnes qui portent les gènes de la pathologie sans en présenter les symptômes. Car cette publication n’a pas permis d’identifier les raisons biologiques de cette résilience. Et pour cause : dans la majorité des cas, les données génétiques étaient incomplètes et les participants n’avaient pas rempli de formulaire autorisant les chercheurs à les recontacter. « Nous avons été freinés par cela, déplore le Dr Friend. Il aurait été merveilleux d’observer le reste du génome de ces 13 personnes, mais ça n’était pas possible. »

Pour résoudre cet écueil de taille, l’équipe a d’ores et déjà prévu une étude, prospective cette fois. L’objectif serait d’identifier des facteurs génétiques ou environnementaux de résilience. Un site internet devrait permettre de recruter des patients, une fois les autorisations obtenues.

Un problème d'éthique

Le Dr France Leturcq, du Service de génétique et biologie moléculaires de l'hôpital Cochin (Paris) se montre circonspecte vis-à-vis de ces travaux. Contactée par Pourquoidocteur, elle souligne que « l'idée d'un gène modificateur est connue depuis longtemps. » En effet, certaines mutations génétiques peuvent être associées à ce qu'on appelle des polymorphismes, qui protègent contre certains symptômes ou en atténuent la nuisance.

De plus, aux yeux de cette spécialiste, l'utilisation de multiples bases de données aux méthodes variables pose problème. « La cohorte n'est pas du tout homogène, souligne-t-elle. Il est possible que ces individus aient été mal examinés au niveau clinique. Des signes d'appel ont pu ne pas être repérés. » Ces signes d'appel sont des symptômes évocateurs d'une maladie génétique.

Par ailleurs, dépister des personnes en bonne santé n'est pas nécessairement une bonne idée. L'annonce de mutations pourrait être générateur d'anxiété. « Nous ne disposons d'aucun recul pour expliquer pourquoi ils ne sont pas malades, explique le Dr Leturcq. C'est pourquoi il faut beaucoup encadrer cela. En génétique, on ne travaille que sur des signes d'appel objectifs. On ne teste pas quelqu'un qui n'a aucun signe clinique, ce n'est pas éthique. » 

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