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QUESTION D'ACTU

Pr Bertrand Dautzenberg

E-cigarette : «pas de miracle» dans le sevrage tabagique

La cigarette électronique n’améliore pas les résultats du sevrage tabagique selon une étude. « On le savait déjà » affirme le Pr Bertrand Dautzenberg, pour qui l’étude est questionnable.

E-cigarette : \ Frederic Sierakowski/ISOP/SIPA




Nouvelle charge contre la cigarette électronique aux Etats-Unis, ne équipe de l’université de San Francisco-Californie (Etats-Unis) soutient que ce produit n’est pas associé à une meilleure réussite dans l’arrêt ou la réduction de la consommation de tabac. pourquoidocteur a interrogé le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue à la Pitié-Salpêtrière (Paris) et président de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT) sur les résultats de cette étude, parue ce 24 mars dans le JAMA Internal Medicine.

 

Des effectifs « insuffisants »

949 fumeurs ont été suivis pendant un an, dont 88 étaient aussi vapoteurs. Les consommateurs de cigarette électronique étaient en majorité des femmes, des jeunes adultes et des personnes au niveau scolaire peu élevé. Les chercheurs ont interrogé régulièrement leur statut tabagique et leur consommation quotidienne, sans toutefois les vérifier. « On est plus près de l’observation que de l’étude », analyse le Pr Bertrand Dautzenberg. « On ne peut pas en tirer de grandes conclusions : les auteurs reconnaissent eux-mêmes que leur approche n’est pas bonne, et que les effectifs sont insuffisants pour tirer des conclusions. » Les chercheurs reconnaissent aussi le manque de données concernant la consommation d’e-cigarette.

 

Deux profils de vapoteurs

Au terme de l’étude, 13,5% des fumeurs ont cessé le tabac par des méthodes qui ne sont pas précisées. Un vapoteur sur dix est parvenu au même résultat. Les auteurs concluent à une faible efficacité de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique, mais aussi dans la réduction de la consommation. Ils avaient déjà affirmé que le produit ne décourageait pas les jeunes de fumer. « On peut conclure qu’il n’y a pas de miracle, mais on le savait déjà », reconnaît le Pr Dautzenberg, « Si on veut utiliser l’e-cigarette pour en finir avec le tabac, alors il faut organiser cette fin, et non se contenter de l’observer. »

Aux yeux du pneumologue, la variation du contexte relativise aussi les résultats. Dans le cadre de l’étude, les vapoteurs sont plutôt jeunes. Selon le dernier sondage de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), le vapoteur régulier est souvent âgé de 50 à 75 ans alors que les jeunes sont davantage dans l’expérience. « En France, plus les gens sont jeunes, plus ils utilisent l’e-cigarette pour fumer autrement », confirme le Pr Dautzenberg. « Plus ils sont âgés, plus ils l’utilisent pour l’arrêter. » Les résultats de cette étude ne peuvent donc pas être appliqués à la France.

 

Une situation qui varie en France

La situation est d’ailleurs radicalement différente entre la France et les Etats-Unis. Outre-Atlantique, comme le souligne le Dr Mitchell Katz dans une note éditoriale, « l’e-cigarette n’est pas encore régulée. » En France, en revanche, le Parlement Européen a adopté, en octobre dernier, une série de mesures pour limiter l’usage de ces produits. Adoptées officiellement depuis le 26 février, ces mesures classent comme médicament tout dosage supérieur à 20 mg/ml de nicotine. Pour le reste, on s’approche des restrictions des produits du tabac : interdiction de vente aux mineurs, de publicité et restriction des arômes. Les Etats auront jusqu’à 2016 pour les appliquer. Reste à savoir si le plan de lutte contre le tabagisme, prévu pour juin prochain, les intègrera.

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