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Cancer : « Il n’y a pas toujours d’arrêt de travail, cela dépend de plusieurs paramètres »

Doit-on s’arrêter de travailler quand on a un cancer ? Comment concilier vie professionnelle et cancer ? Vers qui se tourner ? Autant de questions auxquelles a répondu le Pr Jean-Claude Pairon, chef du service de pathologies professionnelles du Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil.

Cancer : « Il n’y a pas toujours d’arrêt de travail, cela dépend de plusieurs paramètres » SeventyFour/iStock




L'ESSENTIEL
  • Le motif médical « cancer » ne peut pas être un motif de licenciement. Et le médecin du travail ne donnera jamais le diagnostic à l’employeur.
  • La demande de reprise du travail en temps partiel thérapeutique peut être faite par le médecin ou le spécialiste traitant, sur, parfois, le conseil du médecin du travail. C’est le médecin conseil qui l’accordera ou non.
  • La demande de RQTH (Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) se fait auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). N’importe quel médecin traitant ou spécialiste peut activer le dispositif mais avec le médecin du travail il existe un dispositif accéléré.

Pourquoi Docteur : Quand on a un cancer, il semble souvent difficile de continuer à travailler. Qu’en pensez-vous ?

Pr Jean-Claude Pairon : En fait cela dépend de plusieurs paramètres. Le 1er : le type de cancer et les traitements. A la phase initiale, il y a généralement un traitement actif (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, immunothérapie), et de ce fait il y a souvent une fatigue et donc un arrêt des activités professionnelles, mais pas toujours. Le 2ème paramètre est le type de métier qui fait que certains ont des contraintes physiques particulières. Et le 3ème, c’est la volonté du patient, notamment de reprendre plus ou moins vite son activité quand il y a un arrêt. De plus, il y a une amélioration du pronostic de nombreux cancers qui permet une reprise rapide du travail.

Un licenciement est-il possible parce qu’on est atteint d’un cancer ?

Le motif médical « cancer » ne peut pas être un motif de licenciement. L’aptitude médicale, ou l’inaptitude, est prononcée uniquement lors de la reprise du travail et par le médecin du travail.

Si la personne doit s’arrêter de travailler, lui conseillez-vous de rester en contact avec ses collègues et son employeur ?

Là encore, c'est en fonction du choix du patient. C’est difficile de donner des consignes dans ce cadre car cela dépend de son environnement de travail, du lien avec ses collègues, de son ancienneté dans l’entreprise. L’attitude ne peut pas être univoque. C’est vraiment le choix du patient d’expliquer pourquoi il est arrêté. Il n’y a aucune obligation. Il est vrai que cela peut permettre d’avoir (et c’est en général le cas) une certaine compréhension et un accompagnement bienveillant.

Dans quels cas la personne malade peut-elle ou doit-elle contacter le médecin du travail ?

La personne peut toujours contacter le médecin du travail qui est tenu au secret médical. Donc il ne donnera jamais le diagnostic à l’employeur. Le médecin du travail est celui qui va prévoir un aménagement de poste, et si le patient est d’accord, échanger avec le médecin traitant ou le spécialiste pour envisager une reprise à un certain moment. Le médecin du travail pourra prévoir une reprise en temps partiel thérapeutique qu’il pourra d’ailleurs négocier avec l’employeur.

Qu'existe-t-il en termes de prévention de la désinsertion professionnelle et des possibilités de reprise du travail ?

Le rendez-vous de liaison est une possibilité offerte, ce n’est pas une obligation Il se fait à partir de 30 jours d’arrêt. Il est alors possible d’organiser une rencontre entre le salarié et l’employeur. Le médecin du travail peut être présent si le salarié le souhaite. Cela permet de se projeter dans le futur et prévoir un potentiel retour au même poste.

Autre possibilité : l’essai encadré, qui a été mis en place par l’Assurance Maladie, est réalisé lorsque la personne est encore en arrêt de travail, afin d’évaluer la capacité de retour à l’emploi au même poste ou à un poste différent et dans quelles conditions (temps plein ou non) et permettre une reprise d’activité. Cet essai encadré peut durer de 3 à 14 jours, renouvelable une fois.

Qu’est-ce que le médecin du travail peut apporter à une personne atteinte d’un cancer ?

Il a un rôle de conseil dans le cadre de la prévention de la désinsertion professionnelle. Il est le mieux qualifié pour faire des propositions à l’employeur et accompagner une éventuelle demande de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), grâce à un circuit prioritaire, facilitant ainsi le financement de certains aménagements de poste.

Le médecin du travail s’appuie sur son équipe pluridisciplinaire qui existe dans de nombreux services de prévention et santé au travail (ergonomes, psychologues, assistantes sociales…).

Depuis peu, le médecin du travail peut également prévoir une visite de pré-reprise (auparavant c’était uniquement à la demande du salarié ou du médecin conseil de la sécurité sociale), non obligatoire, mais qui permet d’anticiper les difficultés.

Quelles relations entretient le médecin du travail avec le médecin conseil de sécurité sociale ?

Le médecin du travail peut prendre contact avec le médecin conseil de la sécurité sociale qui suit et accorde les arrêts de travail et les temps partiels thérapeutiques, et entre autres attribue les invalidités.

Nous avons parlé de la RQTH, mais comment en bénéficier ?

Auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). N’importe quel médecin traitant ou spécialiste peut activer le dispositif mais avec le médecin du travail il existe un dispositif accéléré. Le salarié peut être accompagné des assistantes sociales de la sécurité sociale ou du service de prévention et santé au travail.

C’est habituellement le médecin ou le spécialiste traitant qui fait la demande de temps partiel thérapeutique.

Que doit faire la personne malade pour bénéficier d’une reprise du travail en temps partiel thérapeutique ?

C’est habituellement le médecin ou le spécialiste traitant qui en fait la demande, avec parfois le conseil du médecin du travail (NDLR, c’est le médecin conseil qui donnera ou non l’accord).

L’accord de l’employeur est nécessaire à la mise en place. Et le médecin du travail peut échanger avec lui à ce sujet. 

Quelle place pour le bilan de compétences ?

Les bilans de compétences ont comme objectif de faire le point sur l’avenir professionnel. C’est la MDPH qui s’en occupe, mais dans certains services de prévention et santé au travail, il est possible d’en réaliser grâce à des psychologues du travail. Cela permet de voir vers quoi le salarié pourrait se diriger s’il ne peut pas reprendre à son poste.

Les travailleurs indépendants peuvent-ils avoir recours au médecin du travail ?

S’ils cotisent volontairement et sont actifs, ils ont le droit aux prestations des services de santé au travail, de la même manière qu’un salarié.

Quels messages souhaiteriez-vous faire passer aux personnes malades ?

Il faut bien préparer la reprise du travail et ne pas reprendre trop tôt.

Il faut retenir que plusieurs dispositifs ont été mis en place et à disposition afin d’aider à une reprise du travail en anticipant certaines difficultés.

Et pour finir, il ne faut pas hésiter à contacter son médecin du travail qui préparera la reprise du travail et l’après-cancer.

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