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Leucocytes

Le système immunitaire peut être affaibli par les voyages dans l'espace

Les voyages spatiaux entraîneraient une modification de l'expression génétique des globules blancs.

Le système immunitaire peut être affaibli par les voyages dans l'espace lexaarts/iStock




L'ESSENTIEL
  • Dans l’espace, de nombreux gènes dans les globules blancs ont diminué, ce qui a augmenté le risque de maladies infectieuses.
  • La plupart des gènes liés à l’immunité sont revenus à leur niveau d’expression d’origine dans les semaines ou l’année qui a suivi le retour sur Terre.
  • Les modifications de l’expression génétique des leucocytes seraient déclenchées par le déplacement des fluides corporels.

Lorsque les astronautes sont dans l’espace, ils semblent être plus sensibles aux infections. Plusieurs chercheurs ont ainsi suggéré que les voyages spatiaux pouvaient affaiblir le système immunitaire. Mais quel est le phénomène qui peut provoquer ce déficit ? C’est la question à laquelle ont voulu répondre des scientifiques de l’université d’Ottawa dans une étude.

Dans le cadre des travaux, ils ont prélevé des échantillons de sang auprès de 14 astronautes, ayant séjourné à bord de la Station spatiale internationale entre 4,5 et 6,5 mois entre 2015 et 2019, avant le vol, quatre fois durant le voyage et cinq fois lors de leur retour sur Terre. À partir de 4 millilitres de sang prélevés, ils ont isolé les leucocytes, à savoir les globules blancs, qui jouent un rôle essentiel dans la réponse immunitaire.

247 gènes liés à l'immunité ont rapidement diminué dans l'espace

Selon les recherches, publiées dans Frontiers in Immunology, 276 gènes, dont l'expression a changé tout au long de la période étudiée, ont été identifiés. Dans le détail, 247 gènes ont été réduits lors de l'arrivée dans l'espace et ont augmenté lors du retour sur Terre. Pour les 29 autres gènes, le schéma inverse a été observé. "Leur fonction prédominante était liée à l'immunité pour les gènes du premier groupe, et aux structures et fonctions cellulaires pour le second", ont précisé les chercheurs dans un communiqué. Face à ces résultats, l’équipe a suggéré que ces changements dans l'expression des gènes entraînaient une diminution rapide de la force de son système immunitaire.

"Une immunité affaiblie augmente le risque de maladies infectieuses, ce qui limite la capacité des astronautes à accomplir leurs missions exigeantes dans l'espace. Si une infection ou un trouble immunitaire devait évoluer vers un état grave nécessitant des soins médicaux, les astronautes n'auraient qu'un accès limité aux soins, aux médicaments ou à l'évacuation pendant leur séjour dans l'espace", a déclaré le Dr Guy Trudel, auteur des travaux.

Après le retour sur Terre, les gènes sont revenus à leur niveau habituel d'expression

D’après les auteurs, la plupart des gènes sont revenus à leur niveau d'expression d'origine quelques semaines ou dans l'année suivant leur retour sur Terre. En clair, les astronautes de retour sur Terre présenteraient un risque élevé d'infection pendant au moins un mois après leur atterrissage. Cependant, pour l’heure, les chercheurs ne savent pas combien de temps il faut pour que la résistance immunitaire retrouve sa force d'avant le voyage spatial. "La durée de cette période dépend probablement de l'âge, du sexe, des différences génétiques et de l'exposition aux agents pathogènes pendant l'enfance."

Dans les travaux, l’équipe a aussi étudié les mécanismes qui modifient l'expression génétique des leucocytes. Ils supposent que ces changements pourraient être déclenchés par le "déplacement des fluides corporels", où le plasma sanguin est redistribué de la partie inférieure à la partie supérieure du corps, y compris le système lymphatique. Ce phénomène entraîne une réduction du volume de plasma de 10 à 15 % au cours des premiers jours passés dans l'espace. "La prochaine question est de savoir comment appliquer nos résultats pour guider la conception de mesures qui empêcheront la suppression du système immunitaire dans l'espace, en particulier pour les voyages de longue durée", a conclu Odette Laneuville, co-auteure de l’étude.

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