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Psychologie

Les médecins, plus névrosés et moins ouverts que les patients ?

Les médecins sont plus extravertis, aimables et consciencieux, mais aussi plus névrosés et moins ouverts que leurs patients, selon une nouvelle étude australienne : des différences de personnalité qui pourraient avoir des effets sur la relation médecin-malade.

Les médecins, plus névrosés et moins ouverts que les patients ? demaerre/iStock




L'ESSENTIEL
  • La rude sélection lors des études et la formation des médecins peuvent accentuer certains caractéristiques de personnalité qui diffèrent de leurs patients, selon les chercheurs.
  • Ces différences peuvent créer un décalage entre la façon dont les médecins fournissent l'information et la façon dont les patients la reçoivent.
  • Par rapport aux hommes, les femmes médecins semblaient différer plus fortement des autres groupes.

Les médecins sont plus extravertis, aimables et consciencieux, mais aussi plus névrosés et moins ouverts que leurs patients. Telles sont les conclusions de l'analyse de deux enquêtes australiennes représentatives au niveau national, publiée en ligne dans la revue en libre accès BMJ Open. Ces différences de traits de caractère pourraient avoir des implications cliniques pour la relation médecin-patient, suggèrent les chercheurs.

La dure formation des médecins à l'origine de ces différences de personnalité ?

La rude sélection lors des études et la formation des médecins peuvent accentuer certains caractéristiques de personnalité qui diffèrent de leurs patients, selon les chercheurs, ajoutant qu'à leur tour, ces différences peuvent créer un décalage entre la façon dont les médecins fournissent l'information et la façon dont les patients la reçoivent.

Les chercheurs se sont appuyés sur deux enquêtes australiennes représentatives au niveau national, dans lesquelles les répondants ont été invités à évaluer leurs propres traits de personnalité. La première enquête, intitulée “Dynamique des ménages, des revenus et du travail en Australie” (HILDA) comprenait 18.705 patients et 5.814 soignants professionnels. La seconde enquête “Médecine en Australie : Équilibrer l'emploi et la vie” (MABEL) comprenait 19.351 médecins dont 5.844 médecins généralistes, 1.776 spécialistes axés sur le patient et 3.245 spécialistes axés sur la technique.

Le "Big Five" : les 5 principaux traits de personnalités

Les auteurs de l’étude se sont ensuite concentrés sur le “Big Five”, un modèle descriptif de la personnalité en cinq traits de personnalité centraux utilisé en psychologie, parfois également appelé “modèle OCEAN”, acronyme du nom de ses différentes dimensions. Ces cinq traits sont :

  • L’ouverture : elle englobe la créativité, la curiosité, l’imagination, l’appréciation de l'art, de l'émotion, de l'aventure, de la complexité, des idées peu communes ou des idées nouvelles.
  • La conscienciosité : elle comprend l'autodiscipline, le respect des obligations, l’organisation plutôt que la spontanéité, l’efficacité, la prudence et la volonté de toujours s’orienter vers des buts.
  • L’extraversion : les extravertis sont bavards, confiants, bruyants, audacieux et vifs et ont à chercher la stimulation et la compagnie des autres.
  • L'amabilité (ou l’agréabilité) : elle inclut l'empathie, la gentillesse, la capacité de coopération et le caractère chaleureux.
  • Névrosisme (ou neuroticisme) : les névrosés se décrivent comme envieux, lunatique, susceptible, jaloux, capricieux et agité.

Sans surprise, les médecins étaient plus agréables et extravertis que tous les autres groupes, mais ils étaient aussi plus névrosés. Les médecins et les professionnels soignants étaient plus agréables que les patients. Mais les médecins étaient nettement plus agréables que les professionnels soignants. De plus, les différences entre les médecins selon les spécialités médicales étaient, dans l'ensemble, plus faibles que celles entre les médecins et les patients.

Les femmes médecins semblaient différer plus fortement des autres groupes par rapport aux hommes, suggèrent les réponses à l'enquête. Cela était particulièrement visible pour le névrosisme, les femmes médecins obtenant des scores significativement plus élevés sur ce trait que les femmes du grand public.

Quels effets ces différences ont-elles sur la relation médecin-patient ?

Cependant, les chercheurs reconnaissent certaines limites à leurs conclusions. Bien que basées sur des instruments bien connus et validés, les échelles utilisées pour évaluer les traits de personnalité étaient auto-évaluées. Et la définition des "big 5" différaient légèrement entre les deux enquêtes. Néanmoins, les chercheurs suggèrent que ces différences de personnalité pourraient avoir des implications sur la relation médecin-patient et, indirectement, sur le succès des traitements.

“Par exemple, être plus consciencieux a des implications sur l'observance du traitement, car les médecins consciencieux peuvent surestimer la capacité de leurs patients à suivre les recommandations”, écrivent-ils. "En tenant compte de ces différences, les médecins peuvent mieux calibrer leurs jugements sur les patients et mieux comprendre les facteurs qui influencent leurs interactions avec les patients", suggèrent-ils.

Une gamme de personnalités différentes est également susceptible d'être meilleure pour les performances de l'équipe clinique, ajoutent-ils : "Le manque de différence de personnalité que nous avons constaté entre les spécialités des médecins suggère que l'ajout de plus de médecins à une équipe n'augmentera pas la diversité de personnalités”. “Cependant, les différences constatées entre les médecins et ceux d'autres professions soignantes suggèrent que l'inclusion de professionnels soignants non médecins dans les équipes cliniques augmentera la diversité de la personnalité, et donc la performance de l'équipe”, concluent-il.

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