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QUESTION D'ACTU

Malgré la prise en charge à 100%

1 diabétique sur 5 renonce à des soins pour raisons financières

L'Assurance maladie dépense près de 15 milliards pour la prise en charge des diabétiques. Pourtant, 20% déclarent renoncer à des soins pour raison économique et seulement un sur deux est en équilibre glycémique.

1 diabétique sur 5 renonce à des soins pour raisons financières David Proeber/AP/SIPA




Le diabète, qu’il soit de type 1 ou 2, est une maladie chronique qui pose un défi thérapeutique mais aussi économique ! Cette maladie affecte évidemment la santé mais elle pèse sur le porte-monnaie des malades. 54% des patients ont déclaré rencontrer des difficultés financières, d’après l’étude Entred 2007 (Échantillon national témoin représentatif des personnes diabétiques), dont les résultats sont publiés ce 12 novembre dans le le Bulletin épidémiologique hebdomadaire.


Cette étude comportait un recueil des données de consommation médicale et une enquête complémentaire réalisée par autoquestionnaire auprès des malades. Leur reste à charge, au sens de l’assurance maladie obligatoire, s’élevait en moyenne à 660 euros (médiane : 434 euros), soit 12% des dépenses présentées au remboursement dans le diabète de type 2 et 6,3% dans le type 1.

Pourtant, plus de 90% bénéficiaient d’une inscription en affection de longue durée (ALD) -qui permet une prise en charge à 100%- et 88% d’une couverture complémentaire. « Trois postes étaient surtout concernés : médicaments, dispositifs et soins dentaires », notent les auteurs de l’enquête sur le reste à charge des malades parue dans le dernier Bulletin epidémiologique hebdomadaire consacré au diabète. Ils ont aussi observé d’autres formes de reste à charge, dues à des consultations de diététique, des soins chez le podologue, le psychologue, ainsi que des dispositifs non remboursés.

Dentaire, podologie, diététique, les 3 renoncements aux soins

Les chercheurs ont aussi constaté que les malades déclaraient renoncer à des soins. D’après les données de l’étude Entred 2007, 23% des patients diabétiques de type 1 et 17% des patients diabétiques de type 2 déclaraient avoir renoncé à au moins un service de santé à cause de son prix sur l’année écoulée. Les renoncements concernaient plus fréquemment les soins de pédicurie ou de podologie, les soins dentaires et plus particulièrement les traitements prothétiques, et enfin les consultations diététiques.

« La couverture maladie des patients diabétiques, bien qu’apparemment très complète, reste imparfaite en France, souligne le Dr Bruno Detournay, co-auteur de l’étude et co-directeur de Cemka-Eval, une société spécialisée en économie de la santé. Ces renoncements aux soins s’expliquent à la fois par des raisons financières (certains pans de la prise en charge des patients diabétiques restant non remboursés) et, sans doute, par des raisons non financières (complexité des dispositifs de protection sociale, choix assurantiels par exemple). »
Il faut noter cependant que depuis le 24 mai 2013, les séances de podologie sont prises en charge par l’assurance maladie. Elles peuvent être prescrites par tout médecin et réalisées au domicile des patients.

Plus d'hospitalisations à cause des contraintes économiques

La maladie pèse sur les finances des malades. Malheureusement, la situation économique et sociale du malade a aussi un impact sur le développement de la maladie... Ainsi, une autre étude publiée dans le BEH, consacrée aux hospitalisations des diabétiques, rapporte que les adultes malades ayant des difficultés financières font des séjours à l’hôpital plus fréquents et de durées plus longues... Pour l’expliquer, les auteurs avancent plusieurs hypothèses : une mise sous insuline plus difficile, des difficultés sociales empêchant le retour à domicile, une éducation thérapeutique plus compliquée et des bilans plus longs. Ces personnes présentent plus de complications que les autres : plaie au pied plus grave, atteintes cardiaques dont la prise en charge nécessite le plus souvent de longs séjours en milieu hospitalier.

Cette inégalité est aussi retrouvée chez les enfants. Les enfants diabétiques sous le régime de la CMU sont plus souvent hospitalisés pour complications aiguës du diabète que les autres enfants diabétiques. Ce fait pourrait résulter à la fois d’une demande d’accès aux soins tardive, de la nécessité d’une prise en charge globale à l’hôpital des patients lorsque les conditions de vie peuvent menacer l’efficacité des soins prescrits, ou de raisons liées au coût des soins.

L'ALD des diabétiques remise en cause ?

Comment sortir de ce cercle économique vicieux ? « Compte tenu de la volonté de diminuer les dépenses de l’Assurance maladie, le risque existe, que les décideurs soient tentés de réviser l’allocation des moyens en remettant en cause l’accès à l’ALD pour tous les patients diabétiques », redoute le Pr André Grimaldi diabétologue à la Pitié Salpétrière, qui rappelle que l’Assurance maladie consacre près de 15 milliards d’euros aux diabétiques en 2013. « La suppression de l’ALD pour les hypertendus sévères servirait, à l’occasion, d’argument. Le droit à l’ALD pourrait à l’avenir être réservé aux patients les plus pauvres et aux patients ayant un diabète qualifié de grave en raison d’un traitement par l’insuline et/ou en raison de l’existence de complications justifiant un traitement spécifique. »


Mais le professeur rappelle que l’essentiel du traitement repose sur la prévention et que la prise en charge en ALD est significativement corrélée à un meilleur suivi et à de meilleurs résultats thérapeutiques, même s' ils restent insuffisants. Seulement 50 % des diabétiques de type 2 et 37 % des diabétiques de type 1 seraient en équilibre glycémique… Est-il possible de faire mieux sur le plan thérapeutique sans dépenser plus ? Pour André Grimaldi, c’est envisageable à condition de réviser le contenu du « panier de soins » pris en charge à 100%, que les médecins français cessent de trop prescrire les nouvelles molécules, que les modes de financement des soins soient réformés et enfin que soit mise en place une éducation thérapeutique ambulatoire, en ville et à l’hôpital, adaptée aux besoins réels des patients.

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