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Immunité

Cerveau : comment contrôle-t-il la façon dont on tombe malade et se rétablit ?

D’après des chercheurs, notre état mental et notre cerveau peuvent avoir un impact profond sur notre rapport à la maladie, en influençant notre santé et notre guérison.

Cerveau : comment contrôle-t-il la façon dont on tombe malade et se rétablit ? gorodenkoff/iStock




L'ESSENTIEL
  • Selon les chercheurs, l'état psychologique et certaines zones du cerveau d'une personne contribuent à sa santé physique.
  • Comprendre et exploiter le pouvoir de l’esprit sur le corps pourraient notamment aider à renforcer l’effet placebo, à détruire les cancers ou encore améliorer les réponses à la vaccination.
  • Cette découverte pourrait également permettre de réévaluer des maladies qui, pendant des siècles, ont été rejetées comme étant psychosomatiques.

Encore une preuve du pouvoir de l'esprit sur le corps. Depuis des décennies, les scientifiques essayent de décrypter la façon dont le cerveau chorégraphie les réponses immunitaires aux maladies, dans l'espoir de trouver des traitements pour toute une série de troubles.

Et le constat des dernières recherches en date est sans appel d'après les scientifiques, qui expliquent dans un article paru dans Nature, que le cerveau pourrait contrôler notre état de santé et notre guérison. En effet, les états mentaux peuvent influencer la réponse immunitaire de l'organisme à une maladie et l'impact de cette maladie sur le corps.

Les effets d'un état d'esprit positif sont visibles sur les organes

L’expérience d’Hedva Haykin, doctorante au Technion (Institut israélien de technologie) de Haïfa, va en effet dans le sens de cette découverte puisque d’après ses travaux, la stimulation d'une région du cerveau impliquée dans les émotions positives et la motivation a pu influencer la guérison du cœur en cas de crise cardiaque.

En étudiant de minuscules tranches de cœur provenant de souris ayant subi une crise cardiaque, au microscope, elle a en effet découvert que certains des échantillons étaient clairement marqués par les cicatrices laissées par l'infarctus. D'autres ne présentaient que des taches de dommages visibles parmi des bandes de cellules saines colorées en rouge. "La différence d'apparence des cœurs provient du cerveau”, explique Hedva Haykin.

Les échantillons d'apparence plus saine provenaient de souris qui avaient reçu une stimulation d'une zone du cerveau impliquée dans les émotions positives et la motivation. Ceux qui présentaient des cicatrices provenaient de souris non stimulées, indique la scientifique. "Au début, nous étions persuadés que c'était trop beau pour être vrai", explique Hedva Haykin. Ce n'est qu'après avoir répété l'expérience plusieurs fois, ajoute-t-elle, qu'elle a pu accepter que l'effet était réel.

Sur la base des expériences menées jusqu'à présent, qui n'ont pas encore été publiées, l'activation de ce centre de récompense du cerveau - appelé aire tegmentale ventrale (ATV) - semble déclencher des changements immunitaires qui contribuent à la réduction du tissu cicatriciel.

La connexion cerveau-immunité joue un rôle réel dans les maladies "psychosomatiques"

Les mécanismes exacts ne sont pas encore connus et feront l’objet de recherches ultérieures, mais les chercheurs commencent de plus en plus à décrypter la biologie en jeu derrière ce phénomène. C’est notamment le cas de la neuroscientifique franco-américaine Catherine Dulac et son équipe de l’Université Harvard qui ont par exemple identifié des neurones, dans une zone du cerveau appelée l’hypothalamus, qui contrôlent les symptômes, notamment la fièvre et la perte d’appétit, en réponse à une infection.

"La plupart des gens supposent probablement que lorsque vous vous sentez malade, c’est parce que les bactéries ou les virus attaquent votre corps", dit-elle. Mais son équipe a démontré que l’activation de ces neurones pouvait générer des symptômes de maladie même en l’absence d’agent pathogène.

Arriver à comprendre et exploiter ces données aurait des répercussions importantes non seulement concrètement sur la recherche médicale mais également sur la vision que l’on peut avoir de certaines maladies.

"Je pense que nous sommes prêts à dire que les troubles psychosomatiques peuvent être traités différemment", affirme Asya Rolls la neuro-immunologiste qui supervise les travaux de l’équipe israélienne. "Il est temps que les chercheurs et les cliniciens prennent au sérieux le lien entre la psychologie et la physiologie", conclut la scientifique. "Même le simple fait de dire aux gens qu’il existe une connexion cerveau-immunité responsable de leurs symptômes peut faire une énorme différence".

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