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QUESTION D'ACTU

L'interview du week-end

Être plus optimiste : «Il faut apprendre à écrire d’autres récits sur le futur»

Moins de risque de décès prématuré, effet protecteur contre plusieurs maladies dont Alzheimer, meilleur sommeil… De nombreuses études ont mis en lumière les bénéfices de l’optimisme sur la santé. Toutefois, il n’est pas toujours facile de voir le verre à moitié plein. Joran Farnier, psychologue et fondateur de l'Institut de Psychologie Positive Appliquée, nous donne les clés pour devenir plus optimiste cette année.

Être plus optimiste : \ champpixs/istock




Pourquoi Docteur : Pourquoi les pensées négatives semblent avoir plus d’emprise sur nous que les positives ?

Joran Farnier : il y a deux réponses à cela. La première est biologique. Nos émotions négatives sont le système qui nous aide à repérer et à gérer les menaces et les problèmes. Notre priorité étant de survivre, pour notre cerveau, il est préférable de se focaliser sur la menace pour la traiter, plutôt que de continuer à célébrer ce qui fait satisfaction.

La seconde relève du conditionnement. Nous apprenons par observation du fonctionnement des autres. Cela s’applique à la plupart des compétences que nous avons apprises, y compris pour nos schémas de pensées. Il y a ainsi une influence de la culture sociale et familiale sur notre propre fonctionnement. Nous reproduisons ce que nous avons rencontré autour de nous.

"En étant optimiste, vous êtes moins soumis au stress et faites face activement aux problèmes"

Pourtant, l'optimisme est bénéfique pour la santé physique et psychique. Quelles en sont les raisons ?

L’optimisme a, en effet, un impact positif sur la santé physique et mentale. Mais aussi sur la performance scolaire et professionnelle. Ceci ne relève pas de l’opinion individuelle, mais des études scientifiques sur le sujet.

Deux mécanismes expliquent cela. Le premier est la voie directe. Notre vision du futur impacte nos émotions et nos hormones. Quand vous êtes stressé, vous avez une augmentation d’adrénaline et de cortisol, ce qui influence notamment votre système immunitaire et cardiovasculaire. Les personnes qui ont des formes adaptatives d’optimisme sont moins à risque de stress chronique et d’épuisement. C’est donc un facteur protecteur de santé.

Puis, il y a la voie indirecte. En étant optimiste, vous êtes moins soumis au stress et faites face activement aux problèmes. Vous dormez ainsi mieux la nuit, vous grignotez moins, fumez moins et buvez moins. Cela impacte indirectement votre santé à travers vos comportements.

"Un optimiste réaliste, finalement, c'est quelqu’un qui écrit des films d’action"

Quelles sont les clés pour devenir plus optimiste ? 

Nous n’avons pas accès au futur, nous ne pouvons que le simuler dans notre imagination. L’optimisme, c'est une manière de trancher l’incertitude de l'avenir. Ainsi, la première étape est de réaliser que nos scénarios mentaux ne sont pas équivalents à la réalité. Ce que j’imagine n’est pas forcément ce qui va se passer. Cela permet d’ouvrir un espace de questionnement entre les pensées automatiques qui m’envahissent et ce qui se passe réellement dans la réalité.

La seconde étape est de comprendre que nous avons tous un scénariste hollywoodien dans notre tête qui écrit sur le futur. Ce scénariste a son style bien à lui. Certains en ont un qui écrit exclusivement des films d’horreurs, avec toujours des scénarios catastrophes. Cela génère une anxiété omniprésente dans le présent. Pour d’autres, le scénariste préfère les films dramatiques. Il n’y a jamais de fin positive. Cela génère plutôt une tristesse significative.

Cela semble fou de dire cela. Mais un optimiste réaliste, finalement, c'est quelqu’un qui écrit des films d’action. Il sait que des contraintes et des problèmes peuvent survenir, mais que le héros principal a aussi la capacité de composer avec pour se rapprocher de ses objectifs et de ce qui fait sens pour lui.

En réalité, ce n’est pas un problème d’imaginer le pire ou le meilleur. Savoir imaginer le pire pour s’y préparer peut se révéler vital dans certains contextes. Le problème vient plus du fait que notre scénariste ne sait écrire qu’un seul type de scénario. Il y a une sorte de rigidité dans sa manière d’anticiper le futur. Il faut apprendre à écrire d’autres récits sur le futur. C’est une manière de faire des étirements de notre cerveau, pour muscler sa flexibilité, donc son possible optimisme.

Optimisme : "Il faut prendre conscience de nos marges de manœuvre"

Avez-vous un autre conseil pour adopter un mode de pensée plus positif ?

Mon troisième conseil est de prendre conscience des marges de manœuvre à notre disposition. Nous ne choisissons pas toujours les évènements qui nous arrivent, nous avons cependant deux marges de manœuvre sous notre contrôle.

La première : agir sur la réalité extérieure. C’est une sorte d’optimisme par l’action. Il ne faut pas hésiter à trouver des solutions au problème, s’appuyer sur nos ressources et sur l’aide des autres. Utiliser notre pouvoir d’agir et chercher des petites victoires accessibles nous redonnent un sentiment de contrôle et de l’espoir.

L’autre marge de manœuvre est notre action sur notre réalité intérieure, c’est-à-dire notre perception. Si nous ne pouvons changer la réalité extérieure, nous pouvons au moins influencer notre perception de celle-ci. 

Martin Seligman, un célèbre chercheur en psychologie positive, nous indique que ce n’est pas tant les échecs qui génèrent des blocages que la manière dont nous les interprétons. C’est notre tendance à les généraliser plus qu’il ne le faudrait qui condamne le futur dans notre imaginaire. 

Par exemple, si vous avez un 5 sur 20 en math et que vous avez beaucoup travaillé. Vous pouvez interpréter cet échec en vous disant que c’est bien le signe que vous êtes nul.le en math. Cette perception est généralisée à votre identité, à qui vous êtes, et cela va certainement générer un mouvement de résignation.

À l’inverse, si vous percevez cet échec comme le signe que votre stratégie d’apprentissage n’était pas la bonne, et qu'il faut la changer, alors, vous ne condamnez pas le futur avec une interprétation globale. Vous restez spécifique au niveau du comportement.

"Être optimiste n’est ni une bonne chose, ni une mauvaise chose dans l’absolu. Cela dépend toujours du contexte"

Et, peut-on être trop optimiste ? 

Imaginez le contexte suivant. Vous avez trop bu, et vous souhaitez prendre le volant en pensant que tout se passera bien. C’est un contexte, où il est sûrement préférable d’être pessimiste.

Être optimiste n’est ni une bonne chose, ni une mauvaise chose dans l’absolu. Cela dépend toujours du contexte.

Dans les moments où se sentir bien est prioritaire, il est préférable d’adopter une perspective optimiste. À l’inverse, dans les situations où l'erreur est grave, il est préférable d’adopter une perspective prudente, voire pessimiste.

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