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Natalophobie : “Il y a un décalage entre l’image fantasmée de Noël et ce que c’est vraiment”

Certaines personnes ressentent beaucoup d'angoisses et d'anxiété à l’approche des fêtes de Noël, c’est la “natalophobie”. Décryptage de ce trouble psychologique et conseils avec le psychologue Sébastien Garnero.

Natalophobie : “Il y a un décalage entre l’image fantasmée de Noël et ce que c’est vraiment” AaronAmat/Istock




Décorations lumineuses, chocolats, repas festifs… La magie de Noël ne fait pas rêver tous les Français. Pire, certains deviennent même très anxieux à l’approche des fêtes de fin d’année. Avec le psychologue Sébastien Garnero, on vous décrypte ce trouble et on vous donne quelques conseils pour affronter cette période.

Qu’est-ce-que la natalophobie ?

La natalophobie, ou phobie de Noël, est considérée comme une “phobie simple” car elle se cristallise sur un objet très spécifique (la peur des fourmis ou des araignées, par exemple). Cela se traduit par une crainte, de la peur, de l’anxiété face à la survenue de Noël. Cela peut également se produire avec le jour de l’an qui symbolise aussi quelque chose qui se termine.

Insomnies, migraines… Des symptômes classiques des troubles anxieux

À l’approche des fêtes, que provoque ce trouble anxieux ?

Cela entraîne une peur irrationnelle et incontrôlable, avec tous les symboles en lien avec cet état. Ils peuvent être plus ou moins importants au contact des symboles de Noël comme le sapin de Noël, les chants de Noël, les illuminations, les boutiques qui se transforment… Toutes ces choses deviennent des épreuves plutôt que des moments de joie. Cela peut également être l’angoisse de préparer un dîner pour la famille ou bien la peur de se retrouver seul le jour J.
Alors concrètement, cela peut se traduire par des difficultés à respirer, de la tachycardie, des troubles digestifs, de l’irritabilité chez certains, des insomnies, des migraines… C’est-à-dire tout le cortège de symptômes classiques liés aux troubles anxieux. Mais ce qu’il faut noter, c’est que la natalophobie est une forme d’anxiété anticipatoire, car elle survient bien avant les fêtes.

Comment expliquer ce phénomène ?

C’est polyfactoriel et différents types de personnalités peuvent être touchés.
D’une façon générale, l'anticipation anxieuse des fêtes est liée à cette anticipation dans les médias (TV, réseaux sociaux, etc), où tout amène à Noël. Sauf que c’est moins le caractère sacré d’antan qui est évoqué, mais plus une image fantasmée des fêtes. Il suffit de regarder les séries et films autour de Noël où l’on retrouve l’image de la famille parfaite et heureuse, avec une profusion de cadeaux et de bonnes choses à manger. Mais en réalité, il y a toujours des hics : on peut avoir des problèmes financiers, des tensions familiales avec une peur que cela s’amplifie, etc. En fait, il y a une forme de décalage, de dissociation cognitive ou affective entre l’image fantasmée de Noël et ce que c’est vraiment. On peut comparer ce décalage émotionnel avec le blues partum, où l’on devrait être heureux d’avoir un enfant alors que la réalité des contraintes peut rendre cette période très difficile.
Autre chose, il y a également le fait que Noël représente quelque chose de l’histoire familiale : on l’a fêté depuis qu’on est enfant et cela peut représenter quelque chose de très fort pour certains. Il peut y avoir de la nostalgie de ces anciens moments mais cela peut aussi faire remonter des traumatismes liés à cette époque (parents divorcés, décès, etc). Les retrouvailles familiales peuvent être le terrain de rivalités fraternelles, la peur des conflits familiaux à savoir qui inviter, comment dresser la table, etc.
Il y a également ceux qui ont peur de ne pas être à la hauteur ou qui se sentent coupables de ne pas faire le Noël qu’ils voudraient à cause des problèmes financiers par exemple, surtout à cette époque où on nous dit beaucoup que l’hiver va être difficile avec l’inflation, les coupures d’électricité…

Certaines personnes sont-elles plus susceptibles de ressentir cette angoisse ?

D’abord, cela ne touche pas forcément plus les femmes que les hommes, c’est surtout une question d’isolement social et de conflits intrafamiliaux. Ici, tous les facteurs de solitudes vont jouer, c’est donc généralement plus compliqué pour les personnes âgées isolées, notamment d’un point de vue géographique. Cela peut également l’être pour les personnes qui vivent loin de leur famille, de leurs racines, etc.

Angoisse des fêtes : “Il faut relativiser et arrêter d’idéaliser Noël”

Que conseillez-vous aux natalophobes pour surmonter cette période de fêtes ?

Pour commencer, il faut relativiser et arrêter d’idéaliser Noël, en se disant que c’est surtout un moment de retrouvailles, de rencontres, qui doit être une période de fête. Il ne faut donc pas se fixer des contraintes ou des objectifs à remplir afin que cela ne se transforme pas en moment anxieux.
Les personnes qui savent que, tous les ans à la même période, elles ressentent cette anxiété, peuvent rencontrer un spécialiste pour travailler sur cette problématique et à ce qu'elle renvoie afin de s’en libérer.
Il y a également de nombreux outils thérapeutiques pour gérer ces angoisses (comme avec les autres phobies), à savoir les exercices de respiration, de visualisation, la relativisation de la problématique, l’idée est de relâcher la pression… Bref, se préparer à faire face à ce stress ! Et enfin, quand on est le jour J, il faut vivre l’instant présent en essayant de fuir la nostalgie et l’anticipation.

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