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QUESTION D'ACTU

Vision

Notre cerveau est-il capable de voir de nouvelles couleurs ?

Pourquoi notre vision se limite-t-elle à la palette de couleurs que l’on connaît ? Notre cerveau pourrait-il percevoir de nouvelles teintes au fil de l’évolution ? Un neuroscientifique livre quelques réponses.

Notre cerveau est-il capable de voir de nouvelles couleurs ? Delpixart / istock




L'ESSENTIEL
  • Contrairement aux humains et autres primates, presque tous les vertébrés modernes - poissons, amphibiens, reptiles et oiseaux - ont conservé la totalité des récepteurs de couleur datant des premières phases de l’évolution il y a des centaines de millions d’années.
  • D’après l’auteur de l’étude, si jamais l'évolution devait nous redonner la vision ancestrale qu'on a perdue (nous permettant de voir les UV, par exemple), cela pourrait nécessiter un compromis, comme un risque accru de cancer.

À l'instar des autres primates, notre vision ne se décline qu'en trois couleurs : bleu, vert et rouge. La plupart des autres mammifères voient généralement en deux (bleu et vert), et les oiseaux voient un mélange de quatre (rouge, vert, bleu et ultraviolet). Si notre cerveau est capable de prendre trois couleurs primaires et les transformer en toutes les couleurs que nous percevons, un peu de travail mental supplémentaire pourrait-il débloquer de nouvelles teintes ? C’est la question que s’est posée le neuroscientifique Tom Baden dans un article publié sur le site CORDIS, une base de données et d’archives gérée par la Commission européenne.

Vision : un système de couleurs hérité de nos ancêtres

Fasciné par l'évolution du système visuel des vertébrés, le chercheur a utilisé des techniques d’imagerie optique et d'analyse informatique, parallèlement au travail sur le terrain avec des caméras et des capteurs spécialisés, pour étudier le poisson zèbre en tant que "modèle de nos premiers ancêtres". "Celui-ci a quatre récepteurs de couleur, connus sous le nom de cellules coniques - rouge, vert, bleu et UV - qui fonctionnent comme des neurones, explique Tom Baden. Tout le traitement de la perception des couleurs se produit au niveau des synapses de sortie des photorécepteurs, dans la rétine elle-même", ce qui rend la tâche de différencier les perceptions de couleurs plus "directe et donc facile".

Notre cerveau a poussé son développement visuel aussi loin que possible

Chez l’Homme, la perception des couleurs a évolué vers quelque chose de moins performant. Notre rétine possède trois récepteurs, chacun sensible à différentes parties du spectre lumineux. Un cône de courte longueur d’onde réagit à la lumière perçue comme bleue, un cône de longueur d’onde moyenne "détecte" le vert, et un cône de grande longueur d’onde, le rouge. Le problème, explique le neuroscientifique, c’est que les cônes dits vert et rouge sont en réalité tous les deux des cônes "rouges" : un original et son double qui répond à une longueur d’onde légèrement différente et détecte le vert.

"Identiques d’un point de vue évolutif et moléculaire, le circuit rétinien ne peut donc pas les différencier et il sous-traite au cerveau. Le fonctionnement de ce processus reste un mystère, mais implique sûrement une sorte d'algorithme qui se crée au cours des premières années du nourrisson [...] Le cerveau a probablement poussé son développement visuel aussi loin que possible et il est maintenant câblé pour fonctionner avec les longueurs d'onde existantes de nos cônes."

Le résultat de tactiques de survie remontant aux dinosaures

D’après Tom Baden, ce défaut d’évolution est la raison pour laquelle nous sommes incapables d’aller au-delà du spectre "visible" et d’étendre notre vision colorimétrique (à l’ultraviolet par exemple). "Loin d'être l'étalon-or de la vision des couleurs, les mammifères - nous y compris - en sont les aberrations, probablement le résultat de tactiques de survie remontant à l'âge des dinosaures. La vraie question n'est pas de savoir comment pourrions-nous en voir plus, mais comment pouvons-nous voir autant que nous le faisons, avec le peu que nous avons ?"

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