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QUESTION D'ACTU

Nouvelle piste thérapeutique

Dépression résistante : la kétamine aide les malades à positiver

Des chercheurs français ont observé les effets positifs de la kétamine chez des patients atteints par une dépression résistante aux traitements antidépresseurs. À l'avenir, cette nouvelle piste thérapeutique pourrait être envisagée. 

Dépression résistante : la kétamine aide les malades à positiver Spukkato/Istock




L'ESSENTIEL
  • Une personne sur cinq a souffert ou souffrira de dépression au cours de sa vie, d’après l’Inserm.
  • Environ un tiers des patients sont touchés par une dépression qui ne répond pas aux antidépresseurs. Il s’agit de la dépression résistante au traitement (TRD).

Une personne sur cinq a été atteinte ou sera atteinte par un trouble dépressif au cours de sa vie, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Les épisodes dépressifs peuvent se manifester par différents signes comme une tristesse pathologique, des symptômes cognitifs ou encore une perte de plaisir. 

La kétamine agit sur la dépression résistante 

"Environ un tiers des personnes souffrant de dépression ne répondent pas aux antidépresseurs les plus couramment prescrits, conduisant au diagnostic de dépression résistante au traitement (TRD). Pour ces personnes, la recherche de nouveaux traitements efficaces est une priorité", ont souligné des chercheurs de l’Inserm, du CNRS, de l’Université de la Sorbonne et des médecins de l’AP-HP à l’Institut du cerveau (ICM), dans un communiqué publié le 5 octobre. 

De plus, les traitements antidépresseurs mettent en moyenne trois semaines avant d’agir. Un laps de temps considéré comme trop long pour les chercheurs français. Dans une étude publiée dans la revue JAMA Psychiatry, ces derniers ont examiné les effets de la kétamine, un traitement généralement utilisé comme un anesthésique, chez des 26 patients atteints de dépression résistante d’intensité sévère (TRD) et 30 sujets de contrôle. 

Une sensibilité moindre aux informations négatives quelques heures après la prise de kétamine

Au cours de la recherche, les patients et le groupe témoin ont évalué la probabilité de survenue de 40 événements considérés comme négatifs dans leur vie. Les exemples donnés par les chercheurs étaient variés : avoir un accident de voiture, tomber malade, perdre son porte-feuille. Les auteurs de l’étude ont ensuite informé les participants des risques réels de ces événements dans la population générale avant de les interroger à nouveau pour estimer la probabilité de survenue de ces bouleversements. 

"L’équipe de recherche s’est intéressée à la mise à jour des croyances face aux informations que les participants avaient reçues. Elle a montré que les sujets sains avaient tendance à mettre davantage à jour leurs croyances initiales après avoir reçu des informations factuelles et positives, ce qui n’était pas le cas dans la population de patients déprimés", peut-on lire dans le document. 

Pour les besoins de l’étude, les scientifiques ont ensuite administré trois doses de kétamine à une posologie subanesthésique (0.5 mg/kg en 40 minutes) aux patients TRD en une semaine. "Seulement quatre heures après la première administration, la capacité des patients à mettre à jour leurs croyances face à des informations positives était accrue. Ils devenaient moins sensibles aux informations négatives, et retrouvaient une capacité à mettre à jour leurs connaissances comparable à celle des sujets témoins", ont indiqué les scientifiques. 

La kétamine, nouvelle piste thérapeutique pour les dépressions résistantes

Interrogée par Libération, Liane Schmidt, chercheuse en neurosciences à l’Inserm et co-auteur de l’étude a précisé que "les patients atteints de dépression sont enfermés dans des croyances négatives sur eux-mêmes, l’avenir et le monde. Cette triade cognitive au cœur de la maladie est résistante aux suggestions plus positives qui les contredisent (…) un biais cognitif optimiste est crucial pour bénéficier d’une bonne santé mentale". Les modifications de ce mécanisme cognitif seraient donc liées à l’amélioration clinique des manifestations. "Autrement dit, plus la capacité de mise à jour des croyances des patients était augmentée, plus l’amélioration des symptômes était importante", ont souligné les auteurs de l’étude. 

Pour les chercheurs, ces conclusions permettent d'envisager de potentielles pistes thérapeutiques dans la prise en charge des troubles dépressifs résistants aux antidépresseurs. 

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