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Immunothérapie

Cancer incurable : comment un parasite canin suscite l'espoir d'un futur traitement ?

Un parasite du chien, inoffensif pour l’humain, pourrait devenir un traitement potentiel contre les cancers résistants. 

Cancer incurable : comment un parasite canin suscite l'espoir d'un futur traitement ? Meletios Verras/istock




L'ESSENTIEL
  • Selon l’Inserm, l’immunothérapie serait efficace chez 20 à 40 % des patients.
  • Cette technique est aussi utilisée pour stimuler le système immunitaire face à des agents infectieux, comme des virus.

Un décès sur six dans le monde est lié à un cancer, d’après l’Organisation mondiale de la santé. Si la maladie est aujourd’hui mieux connue, et les traitements plus nombreux, certains cas restent difficiles à soigner. À travers le monde, des scientifiques travaillent sur de nouvelles méthodes thérapeutiques, dont l’immunothérapie. "En moins d’une dizaine d’années, l’immunothérapie a révolutionné la prise en charge de certains cancers réputés incurables, rappelle la Fondation pour la recherche médicale. Ces nouveaux médicaments ne détruisent pas eux-mêmes les cellules cancéreuses, mais aident le système immunitaire à faire le travail, de façon efficace et durable." Il s’agit souvent de virus modifiés, qui peuvent entraîner d’importants effets secondaires. À l’université de Tours, une équipe scientifique suit une autre piste : celle d’un micro-organisme non-pathogène pour l’être humain, qui pourrait aider à traiter les cancers incurables. Dans The Conversation, les auteurs, Arthur Battistoni et Françoise Debierre-Grockiego détaillent leur recherche. 

Un parasite canin pour détruire des cellules cancéreuses ?

Appelé Neospora caninum, ce parasite peut être dangereux chez le chien, mais il est totalement inoffensif pour l’humain. Il a intéressé les chercheurs car il peut se multiplier dans les cellules humaines. "À l’instar des virus utilisés en immunothérapie, N. caninum peut détruire les cellules qu’il infecte, expliquent-ils. Il induit une forte réponse immunitaire cellulaire, recherchée pour lutter contre les cancers. Ces deux caractéristiques font donc de lui un candidat pertinent pour une immunothérapie antitumorale." Pour tester son efficacité, les chercheurs l’ont employé dans un essai mené sur des souris, atteintes d’un cancer du thymus (une glande située dans le thorax), une forme bénigne de la maladie. "L’intérêt de ce modèle est d’apporter une preuve de l’efficacité anticancéreuse de N. caninum avant de le tester sur des modèles de cancers réfractaires aux traitements existants", ajoutent les spécialistes. 

Les trois effets de N. caninum sur les cellules cancéreuses 

Dans leur essai, le parasite a montré son intérêt dans le traitement du cancer. D’abord, il a permis de détruire des cellules cancéreuses, car le micro-organisme s’est multiplié à l’intérieur même de celles-ci. "N. caninum a été détecté dans d’autres cellules, mais sans persister ni causer de dommages", précisent les auteurs. Le parasite a aussi engendré une réponse immunitaire des cellules, ce qui a contribué à la destruction d’autres cellules tumorales, non-infectées par le parasite. Enfin, les chercheurs ont observé les effets bénéfiques du parasite sur l’environnement de la tumeur. "Les tumeurs persistent dans l’organisme parce qu’elles sont notamment capables 'd’endormir' le système immunitaire en leur sein, en formant un micro-environnement dit immunosuppressif, qui favorise leur développement", expliquent-ils. En présence de N. caninum, les marqueurs de cet environnement immunosuppressif sont présents en faible quantité. 

De futures études pour tester les effets du parasite sur d’autres cancers 

Après ces premiers résultats concluants, les chercheurs doivent poursuivre leur recherche sur d’autres types de cancer, plus résistants, et observer les effets du parasite sur l’organisme. "N. caninum n’était plus détectable à la fin des expérimentations. Bien que l’être humain ne soit pas sensible à une infection par N. caninum, son élimination par le système immunitaire devra être confirmée avant d’envisager une utilisation thérapeutique", préviennent-ils. Leur espoir est d’utiliser un jour ce traitement dans le cas de cancers incurables comme le glioblastome, une grave tumeur du cerveau.  

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