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Obésité

Les personnes obèses fortement discriminées chez le médecin, selon une étude

Une étude montre que certaines personnes obèses évitent les rendez-vous médicaux parce qu'elles se sentent humiliées et discriminées par le personnel.

Les personnes obèses fortement discriminées chez le médecin, selon une étude sunabesyou/iStock




L'ESSENTIEL
  • L’OMS estime que le nombre d’adultes obèses s’élève à plus de 650 millions et 1,9 milliard sont en surpoids.
  • L’essor de la téléconsultation pendant l’épidémie de Covid-19 a eu le mérite de réduire ce sentiment de crainte d’être jugé chez les personnes en surpoids.

Un certain nombre de professionnels de la santé pensent que leurs patients obèses et en surpoids sont “paresseux, qu'ils manquent de maîtrise de soi, qu'ils font des excès, qu'ils sont hostiles, malhonnêtes, qu'ils ont une mauvaise hygiène et qu'ils ne suivent pas les conseils”… Voici le constat plus qu'alarmant fait par des chercheurs de l’University College London dans leur étude publiée dans la revue Obesity.

Stigmatisation du poids

Ainsi, il apparaît que les soins de santé, y compris la médecine générale, sont l'un des contextes les plus courants de stigmatisation du poids. Or l’impact sur les personnes en surpoids est particulièrement néfaste. En effet, non seulement cela les détourne du corps médical et les démotive à être suivis médicalement, ce qui est pourtant indispensable, mais il entraîne même une prise de poids chez ces patients qui, honteux, développent de l'anxiété, réduisent leur activité physique et adoptent de mauvais comportements alimentaires. Comme le soulignent les auteurs, la stigmatisation du poids augmente le risque de développer l'obésité et peut réduire l'espérance de vie, car elle est associée à un risque de mortalité supérieur de près de 60 %.

Nombreuses preuves

Le Dr Anastasia Kalea et ses collègues de l'University College London ( UCL) ont analysé 25 études antérieures sur la "stigmatisation du poids", menées dans différents pays et impliquant 3 554 professionnels de la santé. Ils ont trouvé "de nombreuses preuves de ce fort préjugé à l'égard du poids" parmi un large éventail de personnels de santé, notamment des médecins, des infirmières, des diététiciens, des psychologues et même des spécialistes de l'obésité.

Par exemple, rapporte The Guardian, un médecin généraliste montrera inconsciemment qu'il ne croit pas que le patient respecte le régime "manger moins, faire plus d'exercice" qu'on lui a demandé de suivre, car il ne perd pas de poids. Ou une infirmière qui manque de patience lorsqu'il faut utiliser une autre balance pour peser le patient.

"Le résultat est que les patients ne reviennent pas ou retardent leurs rendez-vous de suivi, ils évitent les services de prévention des soins de santé ou annulent leurs rendez-vous par crainte d'être stigmatisés en raison de leur poids" confirme Mme Kalea, professeur associé à la division de médecine de l'UCL.

Plus de sensibilité

Le fait que les médecins et les infirmières fassent honte à leurs patients est tellement répandu que les professionnels de la santé doivent apprendre dès l'école que l'excès de poids est presque garanti dans la société moderne et qu'il n'est pas la faute des individus.

L’étude souligne l’importance de traiter les gens avec plus de sensibilité, selon les auteurs, et cela passe par l’utilisation d’un vocabulaire plus neutre par le corps médical. Ainsi, on parlera d’"un patient en situation d’obésité" et non pas "un patient obèse". On peut parler "d’une personne qui gère son poids", et non qui "a des difficultés avec son poids"

Tam Fry, président du National Obesity Forum, un organisme indépendant qui fait de la sensibilisation au sujet de l’obésité, rappelle dans The Guardian que "l’obésité n’a jamais été un problème personnel". "Les professionnels de santé doivent comprendre que beaucoup de personnes en situation de surpoids sont désemparées face à l’environnement favorable à l'obésité dans lequel elles vivent. Par exemple, ils doivent faire face aux aliments ultra-transformés que la pub et le marketing les poussent à manger", précise-t-il.

Et ce, d'autant plus que les personnes en surpoids sont souvent en situation de précarité économique et dépendent de cette nourriture bon marché mais malsaine.

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